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Gabon : Micmac pour la suspension de l’émission « Pluriel »

La tonitruante émission « Pluriel » a de nouveau été suspendue. Le Directeur général de la RTG qui en a pris la décision, a été vraisemblablement bluffé par un puissant maître d’œuvre au sujet d’un reportage réalisé par le trio sur un don de la Première dame Sylvia Bongo. Dans l’interview ci-après, Dieu Donné Koumba, l’un des animateurs de l’émission, livre les faits du point de vue des « trois mousquetaires ». Chronique d’une suspension, tant fantasmée par les détracteurs de l’émission la plus controversée du paysage médiatique gabonais.

Votre émission n’a pas été vue sur les antennes de Radiodiffusion télévision gabonaise (RTG) depuis quelques temps. De quand donc cela date-t-il ?

Je devrais regarder un calendrier pour être plus précis. Mais, on peut dire depuis trois semaines déjà.

Est-ce la direction de la RTG qui vous demandé de suspendre l’émission ?

C’est le Directeur général qui nous fait un reproche. Je m’en vais vous expliquer les choses par le menu. Au départ, nous avions un rendez-vous avec M. Marcel Abéké (Administrateur directeur général de la Comilog – ndlr) à Moanda, une ville qui enregistre un certain nombre de problèmes. Notamment, le conflit qui oppose la compagnie minière au député de la localité, Jean-Valentin Léyama, au sujet de la pollution aux émanations de manganèse. Nous voulions faire la lumière sur ce conflit. Toute l’équipe de « Pluriel » devait donc se rendre dans cette ville où nous devions tourner deux numéros de l’émission. Les présentateurs ont devancé l’équipe tandis que l’équipe technique devait suivre par train. A notre grande surprise, une fois à Moanda, la direction générale nous laisse entendre que le matériel de tournage est kaput. Ce même matériel que nous avons utilisé à Makokou à l’occasion du conseil des ministres délocalisé. L’équipe n’est donc pas arrivée. Nous nous sommes débrouillés, comme à notre habitude, pour réaliser nos reportages.

Autre surprise : les rediffusions des émissions du samedi et du dimanche devant passer le jeudi et le vendredi n’ont pas été programmées. Celle du jeudi est passée durant une 30 mn avant d’être coupée. Joint au téléphone, l’agent chargé de la rediffusion nous a signifié que l’ordre venait d’en haut. Ayant également joint le Directeur général pour nous enquérir, celui-ci nous a signifié que la bande vidéo s’est coupée. Nous n’avons rien trouvé à redire. A notre grand étonnement la deuxième rediffusion n’a pas été effectuée. Appelant le DG pour en savoir plus, il nous a fait comprendre que nous devions rentrer sur Libreville pour discuter.

A ce qu’il semble, nous avons fait un reportage sur la maison que la Première dame a offert à une vieille maman au quartier Kinguélé de Libreville. Le maître d’œuvre chargé de la construction de cette maison serait allé faire une pression sur le Directeur général de la RTG 1 parce qu’il n’était d’accord sur le fait qu’on diffuse ce reportage. Pris de peur et de panique, le DG n’a pas trouvé mieux que de suspendre l’émission.

Y avait-il donc de graves manquements à relever sur ce chantier ou cette maison ?

Oui, la maison a été livrée sans être achevée et elle n’était pas du tout meublée. Celui qui s’est occupé des travaux a fait tout un raffut autour de notre reportage. Pour la suite, nous devions assister à une réunion à Libreville convoquée par le DG le lundi. Du fait d’un retard du train, nous n’avons pas pu assister à cette réunion tenue à 10 h alors que notre train est arrivé à 13 h. Cette réunion avait donc débouché sur la décision de suspendre l’émission. Gabin Atiga a été ensuite convoqué par le DG pour s’entendre dire : «Je te conseille d’aller demander pardon à la Première dame.

Nous nous rendons donc au cabinet de la Première dame où nous remplissons les formulaires de demande d’audience. A la suite de quoi, la Première dame nous signifie au téléphone qu’elle n’a rien à nous reprocher et que ce n’est pas à cause d’elle que l’émission a été suspendue. Sur ces entrefaites, elle demande à son directeur de cabinet de joindre le DG, David Ella Mintsa. Celui-ci est injoignable du fait qu’il se trouve actuellement à Paris. Le directeur de cabinet joint donc Mathieu Koumba qui soutient qu’il ne sait pas ce qui se passe. On ne peut donc rien entreprendre à ce sujet si le DG n’est pas là.

Mais, la RTG est une administration sous tutelle du ministère de la Communication. Celle-ci ne s’est-elle donc pas prononcée en l’absence du DG ?

Effectivement, le ministre en a été informé. En l’absence du DG, il a appelé Mathieu Koumba, son adjoint. Celui-ci aurait laissé entendre qu’il n’est pas informé mais qu’il croit que notre suspension est consécutive à des fautes techniques. Quels sont donc ces fautes techniques que nous aurions commises ? Avant son envol pour la France, David Ella Mintsa aurait adressé un e-mail au ministre dans lequel il explique que la Première dame est fâchée contre l’émission parce que nous avons critiqué la maison de Kinguélé. Nous avons été convoqués au cabinet du ministre, le 19 avril dernier. Le directeur de cabinet a été chargé de tirer l’affaire au clair et de faire en sorte que l’émission reprenne le plus vite possible.

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