Deux semaines après l’arrestation du président sortant, la situation est toujours tendue à Abidjan
par Victor Guilbert
Des tirs à l’arme lourde ont été entendus toute la journée de lundi dans le quartier de Yopougon, à l’ouest d’Abidjan. Ils contrarient les projets du nouveau président ivoirien, Alassane Ouattara, qui s’est engagé sur les chantiers de la relance économique et de la réconciliation.
Le nouveau pouvoir d’Alassane Ouattara n’est toujours pas parvenu à faire taire les armes à Abidjan. C’est pourtant la priorité affichée de toutes parts par le président ivoirien et les généraux. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus lundi dans le quartier de Yopougon, à l’ouest d’Abidjan. Il s’agit là du bastion des miliciens pro-Gbagbo qui rejettent toujours l’appel à déposer les armes lancé vendredi par le président Alassane Ouattara. Depuis lundi dernier, le Premier ministre Guillaume Soro tente pourtant de mettre en place un processus de négociation pour obtenir la reddition des derniers combattants pro-Gbagbo. Les appels répétés des généraux ralliés au camp Ouattara à l’égard des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS) n’ont pas suffi. Ils leurs demandaient de rejoindre les casernes ou de déposer les armes, mais les affrontement sporadiques continuent. Malgré l’échec des pourparlers, le porte-parole du ministère de la Défense s’est exprimé à son tour samedi matin sur la Télévision Côte d’Ivoire. Il a affirmer que « le Premier ministre mettra bientôt fin au désordre ».
La force pour désarmer
Alassane Ouattara a donc été contraint d’utiliser la méthode forte vendredi en menaçant les derniers miliciens « d’utiliser la force pour les désarmer ». Le président ivoirien montre ainsi des signes d’impatience. Pour pouvoir exercer pleinement le pouvoir, il doit d’abord ramener le calme dans la capitale économique du pays. Les premiers signes laissaient penser que la stratégie de la menace avait fonctionné puisque plusieurs leaders des forces pro-Gbagbo avaient accepté de déposer les armes en échange d’une protection. Les ex-FDS craignent effectivement des actes de vengeances de la part des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, fidèles à Alassane Ouattara depuis le début du conflit post-électoral. Les miliciens refusent donc de rejoindre les casernes où les soldats de Ouattara sont désormais installés ; Mais le pas en avant a été finalement vite retiré. Aucun chef de milices ne s’est rendu et un climat de tension régnait encore mercredi dans le quartier de Yopougon.
Mais le président Ouattara doit aussi faire face à d’autres actes de rébellion, ainsi les habitants du secteur « Toits rouges » évoque « des détonations fortes depuis plusieurs jours », attribués à « de jeunes combattants ». Il pourrait s’agir des Jeunes Patriotes dont le leader Charles Blé Goudé, en fuite, n’a toujours pas appelé à déposer les armes.
Pro-Ouattara incontrôlables
Occupé à désarmer les derniers bastions pro-Gbagbo, Alassane Ouattara et ses chefs d’état-major ne parviennent pas à imposer une discipline exemplaire dans les rangs des Forces républicaines, essentiellement composées d’anciens rebelles des Forces Nouvelles. Plusieurs actes de pillages leurs sont attribués depuis le début de la semaine dernière.
Autre épine dans le pied du Chef de l’État ivoirien, Le « Commando Invisbible » d’Ibrahim Coulibaly, dit IB. Le groupe de combattants était un allié du camp Ouattara dans la bataille d’Abidjan au début du mois. Ibrahim Coulibaly lui a fait allégeance mardi 19 avril. Seulement, Alassane Ouattara s’est fixé comme objectif de faire disparaître les milices armées et leur a donc simplement demandé de déposer les armes.
Le suicide de Gbagbo ?
Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien ivoirien Le Nouveau Réveil, proche du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) annonce que le président déchu Laurent Gbagbo aurait tenté de se suicider samedi matin. Information ou rumeur ? Les proches de l’ancien président se sont empressés de démentir rapidement. Toussaint Alain, conseiller de Laurent Gbagbo en Europe, déclare dans un communiqué, qu’Alassane Ouattara « tente maladroitement de déguiser un projet d’assassinat du Président Gbagbo en tentative de suicide ». Selon le quotidien ivoirien Le Patriote Laurent Gbagbo serait toujours en résidence surveillée à Korhogo, dans le nord du pays sans que l’on dispose d’information fiables sur son état de santé physique et psychologique.