Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a invité, jeudi à Libreville, la classe politique à opérer un choix entre l’organisation des prochaines élections législatives avec ou sans la biométrie, dans le meilleur des cas, envisager le report du scrutin, à l’issue d’une concertation avec les forces vives de la nation.
‘’Faut-il aller aux élections sans la biométrie pour satisfaire les délais légaux ? Faut-il intégrer la biométrie dans l’organisation des prochaines législatives quitte à hypothéquer certains projets en cours ? Ou doit-on simplement amener la Cour constitutionnelle à constater un cas de force majeur conduisant à un report des législatives au-delà des délais prescrits par le code électoral ?’’, a interrogé le chef de l’Etat.
Il a invité la classe politique à poursuivre la réflexion, en attendant le nouveau rendez-vous prévu en mai prochain pour débattre de la question de l’organisation des élections législatives qui devaient initialement se dérouler avant la fin de l’année 2011.
‘’Il est impérieux pour nous tous de disposer da la même information’’, a-t-il dit, appelant les représentants du groupe Morpho-SAFRAN, leader mondial des technologies biométriques de reconnaissances d’empreintes digitales, à présenter à l’assistance la faisabilité de l’utilisation de la biométrie lors des prochaines législatives.
Le Directeur des programmes zone Afrique-Asie du Morpho-SAFRAN a évoqué deux scénarios possibles, dont un premier dit express consiste à réaliser une partie de opérations, notamment l’enrôlement des électeurs, alors que le traitement des données et la personnalisation des documents se ferait en Europe.
Cette procédure nécessite la mobilisation de 2200 agents de l’entreprise Morpho, 4000 agents publics, 2000 valises comprenant le kit nécessaire (un ordinateur, un webcam ou appareil photo et un scanner) pour une durée totale des opérations de 5 mois.
Par contre, le scénario standard nécessite, quant à lui, la mobilisation d’à peine 800 personnes, 200 valises pour les opérations d’enrôlement sur une durée de 13 mois, avec l’installation à Libreville d’un site central pour le traitement des données et la personnalisation des documents, a ajouté le directeur des programmes zone Afrique de Morpho.
Pour sa part le ministre de l’Intérieur Jean François Ndongou a mis l’accent sur les contraintes financières et logistiques du scénario dit express.
Selon lui, ce scénario exige une enveloppe de 30 milliards de FCFA pour couvrir les dépenses relatives à la mobilisation des moyens humain0s et logistiques (véhicules tout-terrain, hors-bord, groupes électrogènes…).
Ajouté au 24 milliards de prestations du groupe Morpho-SAFRAN, le processus coûterait la bagatelle de 54 milliards de FCFA pour l’usage de la biométrie dans le processus électoral prochain, a indiqué le ministre de l’Intérieur.
Le président Ali Bongo Ondimba a estimé que la somme était trop élevée. Une telle dépense n’est pas prévue dans la loi des finances 2011, a indiqué le chef de l’Etat, ajoutant qu’il n’avait pas de position tranchée.
Initiée par l’opposant Pierre Mamboundou, l’introduction des données biométriques sur les listes électorales a été acceptée par l’ensemble de la classe politique gabonaise (pouvoir et opposition), mais son application achoppe actuellement sur les délais et son coût.