A Misrata, l’accès au port préoccupait mardi les habitants qui risquent d’être privés de tout ravitaillement. Un ultimatum, lancé par le régime libyen aux rebelles pour qu’ils se rendent, arrivait à expiration, alors que les insurgés demandent un prêt aux Occidentaux et qu’Ankara appelle au départ de Mouammar Kadhafi.
Dans les rues de Misrata, l’ambiance est lourde. « Je ne suis pas inquiet. Kadhafi ne fera rien, il ment comme d’habitude. Inchallah, il ne fera rien », veut croire Abd Albari, 20 ans. Vendredi, le régime libyen avait offert une amnistie aux rebelles de cette ville clé s’ils cessaient les combats et précisé que cette proposition tenait jusqu’à mardi.
Abd Albari est en revanche « très inquiet » concernant le port. « S’il est bloqué, les bateaux qui nous aident ne viendront plus et nous aurons de très gros problèmes », murmure-t-il.
Mouammar Kadhafi avait menacé de frapper les navires entrant dans le port et avait effectivement lâché trois mines dans les eaux au large de Misrata. L’OTAN a indiqué lundi n’avoir détruit pour l’instant que deux de ces trois mines.
La nourriture se fait rare
Le port est essentiel pour l’approvisionnement de la cité d’un demi-million d’habitants sous perfusion humanitaire. Le pain est de plus en plus rare, comme la viande d’ailleurs, les fruits et légumes frais quasi inexistants. Les fermes approvisionnant la ville sont soit au milieu du champ de bataille, soit sous le contrôle des pro-Kadhafi.
Le port est également la seule issue pour réfugiés espérant fuir les combats. Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l’OTAN pour accoster.
Les rebelles libyens ont prévenu mardi que leur économie risquait de s’effondrer d’ici juin si la France, l’Italie et les Etats-Unis ne leur accordaient pas un crédit de 3 milliards de dollars garanti par les fonds gelés du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Changement sur le plan diplomatique: la Turquie, qui jusqu’alors ménageait le régime libyen, a changé de ton. M. Erdogan a demandé à Mouammar Kadhafi de quitter « immédiatement » le pouvoir et la Libye pour mettre un terme à l’effusion de sang dans son pays, « aux larmes et à la destruction », a-t-il déclaré.