Le président gabonais Ali Bongo Ondimba va saisir la Cour constitutionnelle pour demander un report des élections législatives de 2011 à 2012 afin de pouvoir y introduire la biométrie sur les cartes électorales, selon un communiqué publié lundi.
« J’ai écouté les différentes déclarations des représentants des partis; je vais saisir la Cour constitutionnelle dans les meilleurs délais afin qu’elle statue sur la position consensuelle qui plaide en faveur du report des élections législatives », a déclaré M. Bongo après une concertation avec l’opposition et la société civile.
« Il y a un inconvénient important au regard de la légalité que je ne peux mettre de côté. (…) Je vais saisir la Cour constitutionnelle. (…) J’espère qu’elle pourra nous éclairer rapidement sur la marche à suivre, sans préjuger de sa réponse car la légalité est importante et ne peut être prise à la légère », a poursuivi le chef de l’Etat.
La Constitution gabonaise prévoit que des élections ne peuvent être reportées qu’en cas de « force majeure ».
Fin avril, le président gabonais avait réuni société civile et opposition sur ce thème, présentant deux scénarios: l’un permettant de mettre en place des cartes électorales biométriques avant fin 2011 pour 90 millions d’euros et un autre, « d’une durée d’un an environ », pour obtenir « des informations qui serviront par la suite pour réaliser d’autres sortes de titres » et économisant près de 30 millions d’euros.
L’opposition, qui a contesté les résultats de la présidentielle de 2009, a à maintes reprises réclamé des cartes biométriques pour les prochains scrutins afin de lutter contre la fraude.
Fidèle Waura, secrétaire général de l’Union du peuple gabonais (UPG, une des deux principales formations d’opposition) s’est déclaré favorable au report, critiquant notamment André Mba Obame, ancien ministre de l’Intérieur passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009: « Nous avons toujours demandé la biométrie depuis 5 ans. Le président Omar Bongo y était favorable mais le ministre de l’Intérieur de l’époque, aujourd’hui opposant (…), s’y était opposé ».
« Nous sommes favorables au report. Si on veut faire la biométrie, il faut la faire correctement », a ajouté à l’AFP M. Waura précisant que le report permettrait de faire des économies et de traiter les données au Gabon. Il a ajouté qu’organiser des législatives en fin d’année 2011 auraient posé un problème par rapport à la Coupe d’Afrique des nations que le Gabon organise en janvier-février 2010: « On risquait de se retrouver à la CAN avec des discussions et réclamations post-électorales ».
L’Union nationale (UN) dissoute par le pouvoir en janvier dernier après son autoproclamation comme président d’André Mba Obame n’était pas invitée à la réunion.
Samedi, un collectif d’une vingtaine d’ONG et associations de la société civile gabonaise réunies au sein du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) s’était prononcé en faveur du report « afin de permettre au pays de se doter d’un système biométrique et de mettre en place toutes les réformes électorales et institutionnelles destinées à rendre transparentes et fiables nos élections ».