De Pauline FROISSART — Sur le marché de Sarcelles, l’ex-fief de Dominique Strauss-Kahn, les habitants étaient stupéfaits dimanche, les responsables socialistes du Val-d’Oise parlant d’une affaire « surréaliste », voire d’une « manipulation », après l’inculpation du patron du FMI.
« Quand j’ai vu ça à la télé ce matin, j’ai été tellement étonné ! Je me suis dit : +Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? », s’exclame Benito William, 43 ans, vendeur de sacs à main. Ce grand gaillard au verbe haut en est persuadé : « C’est un coup politique! ».
Comme lui, beaucoup de Sarcellois rencontrés par l’AFP sur ce marché populaire du Val-d’Oise, disent leur « surprise » et sont nombreux à dénoncer un « piège », des « magouilles » ou un « coup monté » dont sezrait victime le probable candidat à la primaire socialiste.
« Pour moi, il a été piégé. C’est quand même un grand homme, je ne le vois pas faire quelque chose comme ça », estime Huguette Nkoua, 41 ans.
« Entre l’affaire de la Porsche, le prix de ses costumes et maintenant ça, c’est de l’acharnement ! », renchérit Carole Gomez, 25 ans. « Juste avant qu’il se présente aux primaires socialistes, c’est quand même suspect », considère cette jeune diplômée de 25 ans qui se dit « à gauche », mais pas partisane de M. Strauss-Kahn.
Joint au téléphone, François Pupponi, député-maire PS de Sarcelles et successeur de DSK, qualifie même l’histoire de « surréaliste ». « Il faut rester extrêmement prudent, en savoir un peu plus. Le Dominique Strauss-Kahn qu’on décrit dans les journaux n’est pas celui que je connais depuis plus de 25 ans », a-t-il réagi auprès de l’AFP.
« Nous qui connaissons bien Dominique Strauss-Kahn dans le Val-d’Oise, ça ne lui ressemble pas. Il n’a jamais eu de comportement violent », abonde le secrétaire fédéral du PS, Dominique Lefebvre, également contacté par téléphone. « Dans le département, ce qui domine c’est le sentiment d’incompréhension et l’impression d’une manipulation », explique-t-il, confiant que « la nouvelle stupéfait tout le monde ».
M. Lefebvre espère que « si c’est une manipulation, qu’elle soit démentie le plus rapidement possible ». Entre les étals de vêtements, de chaussures et de sacs à main, des Sarcellois croisés sur le marché expriment aussi leur « soutien » à l’ancien député-maire devenu directeur général du FMI, et vantent son bilan.
« Ca fait 30 ans que j’habite à Sarcelles, je l’ai déjà vu plusieurs fois, je n’y crois pas », tempête Nicole, 50 ans, qui ne souhaite pas donner son patronyme. « C’est quelqu’un de très humain, j’apprécie ce qu’il a fait pour Sarcelles », ajoute-t-elle.
Le vendeur, Biembé Yaucat-Guendi, 32 ans, se dit « choqué »: « C’est impossible qu’il ait pu se retrouver dans cette situation là. Et pourquoi l’apprend-on aujourd’hui ? Tout ça c’est des magouilles », lance-t-il, remuant la tête de droite à gauche en signe de déni. Le jeune homme, crâne rasé et bouc au menton, l’assure : « Dominique Strauss-Kahn a un large soutien de Sarcelles et des banlieues. On sera là pour le soutenir ».