Chokri Ghanem, président de la compagnie pétrolière libyenne NOC.AFP/FETHI BELAID
Le régime du colonel Mouammar Kadhafi a enregistré une nouvelle défection avec le départ de Chokri Ghanem, 68 ans. Ce dernier était jusqu’à présent président de la compagnie nationale pétrolière libyenne (NOC). Confirmée par les autorités de Tunisie, où M. Ghanem s’est tout d’abord réfugié, sa défection avait été annoncée initialement par Doha Ali Tarhouni, chargé du pétrole et des finances au sein du Conseil national de transition (CNT) mis en place par la rébellion.
Du fait de ses fonctions à la direction de la NOC, où il avait été nommé en 2006, Chokri Ghanem représentait la Libye aux réunions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Il avait auparavant occupé les fonctions de premier ministre en 2003, à l’époque où le régime libyen négociait son rapprochement avec les pays occidentaux. M. Ghanem avait alors été chargé d’ouvrir et de moderniser une économie basée sur la rente pétrolière et qui avait longtemps subi les effets du régime de sanctions internationales décrété par les Nations unies après l’attentat de Lockerbie.
Cette défection intervient après celle de Moussa Koussa, ministre des affaires étrangères et ancien pilier des services de sécurité libyens. Elle témoigne d’un effritement du cercle de pouvoir mis en place par le colonel Kadhafi, qui tranche avec l’immobilisme sur le front militaire.
Deux mois après le début des frappes aériennes en Libye, le 19 mars, l’opération de la coalition internationale mise sur pied par la France et la Grande-Bretagne montre ses limites. Le ministre français de la défense, Gérard Longuet, en avait convenu il y a une semaine. « Que ce soit en Cyrénaïque, à Misrata ou dans le massif du Djebel Nefoussa, autour de Zintan, la situation n’évolue plus, ni dans un sens, ni dans l’autre », a constaté M.Longuet, lors de son auditionau Sénat, le 11 mai.
C’est en fait dans l’ouest du pays que la situation est la plus volatile. Le gouvernement tunisien a ainsi indiqué qu’il pourrait saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour des « actions ennemies » de la part de la Libye, a rapporté mardi la télévision nationale. Tunis considère les tirs de roquettes sur son sol comme des « actions ennemies », a ajouté, sur la foi d’un communiqué officiel, la télévision sans plus de précisions.
Lire l’enquête sur « la poudrière de la frontière tuniso-libyenne », dans l’édition Abonnés du site et dans Le Monde daté du 19 mai 2011 et disponible dans les kiosques ce mercredi à partir de 14 heures.
Gilles Paris