Depuis mercredi dernier, après la réunion convoquée par le premier ministre Paul Biyoghé Mba où il a « tancé » son ministre de l’Habitat à propos de la non application de la politique du logement définie dans la Déclaration de politique générale du gouvernement et priorité du chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, le sujet fait déjà couler beaucoup d’encre et de salive.
Si le sujet est désormais abordé par le Gabonais de la rue avec beaucoup d’ironie, le quotidien L’Union, lui, a commis un article en page 2 dans la rubrique « La Semaine de… Ondouba Ntsibah », intitulé ‘’Diversion !’’.
Dans ce journal comme chez le Gabonais qui apprécie l’évolution des choses dans ce secteur, depuis notamment l’arrivée aux affaires d’Ali Bongo Ondimba qui a promis, dans son programme de société, 5000 logements par an, le constat renvoie globalement à l’atonie.
Dès lors, cette situation qui parait avoir finalement été perçue par le chef du gouvernement, qui conduit la politique du président de la République depuis plus d’un an, l’a amené à interpeller le ministre Blaise Louembé et son staff. Devant les caméras des télévisions, Paul Biyoghé Mba n’est pas allé du dos de la cuillère. Le mot ‘’Tancé’’ est largement utilisé par la télévision nationale comme par l’Union qui estime que le chef du gouvernement a un peu fait dans la « diversion » d’ autant que d’autres tribunes lui étaient offertes pour s’adresser à son ministre.
Cependant, des questions posées par le premier ministre restent d’actualité: « que se passe –t-il dans ce ministère ?», « Est-ce un problème d’hommes, d’expertise ou d’administration ? ».
Dans ce ministère en effet, l’on relève la non visibilité de l’action menée alors que les Gabonais qui se chiffrent à moins d’un millions cinq cent milles (1. 500.000) habitants, pour une superficie de 267 667 Km2, n’ont pas accès au logement alors que des moyens ont régulièrement été dégagés.
Pour la seule année 2010, l’Union souligne que 58 milliards de Francs CFA ont été mis à contribution dans ce secteur.
Et l’Union de préciser encore que « selon certaines indiscrétions, sur les 58 milliards inscrits au budget en 2010, seulement 200 millions ont été décaissés ». « Vrai ou faux ?», s’interroge encore le journal qui rappelle que qu’ils n’ont pas pu vérifier cette information ».
A ce niveau, l’on sait que de nombreux ministres se sont succédé à la tête de ce ministère sans plus. Par conséquent, sans chercher à blanchir le ministre actuel, l’Union comme le Gabon de la rue pense qu’il ne peut être responsable de ce qui pourrait être qualifié de « détournement » et de laxisme.
« Il ne faut pas qu’on ne commence à se poser des questions qu’à partir de la prise de fonction du ministre actuel. Il y a eu des gens qui se sont succédé à la tête de ce ministère et on a tous remarqué que rien n’y a vraiment évolué. Il faut donc que ceux-là aussi rendent des comptes », a déclaré un agent de l’administration publique.
Reconnaissant ainsi que Paul Biyoghé Mba et d’autres barrons du régime sont investis dans le foncier, on se demande finalement si le premier ministre n’a pas simplement voulu faire diversion. Car, qu’est-ce qui empêche réellement de diligenter des enquêtes pour trouver la direction qu’ont pris les fonds budgétisés à cet effet.
« En cas de détournement pourquoi les auteurs ne sont-ils jamais sanctionnés, alors que l’on sait l’importance que le président accorde à ce dossier ? », s’interroge l’Union.
Quoi qu’il en soit, le pavé a été jeté dans la marre et le président de la République devrait très certainement se saisir de ce dossier pour donner un coup de pied à la fourmilière.