Sur décision du président de la République lors du conseil des ministres du 1er juin à Koulamoutou, les responsables et le personnel du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme ont été révoqués et remis à la disposition de la Fonction Publique. Ali Bongo entend ainsi démanteler la lourdeur administrative et l’institution du bakchich pour l’attribution des titres de propriété qui freinent la politique du logement pour laquelle 58 milliards de francs CFA ont été débloqués en 2010.
En vue de remettre de l’ordre au ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme, de l’Ecologie et du Développement durable qui devait matérialiser la promesse de 5000 logements par an, faite aux populations par le président de la République, celui-ci a décidé de vider, littéralement, tous les fonctionnaires véreux des départements Habitat et Urbanisme de ce ministère. L’annonce a été rendue publique lors de la conférence de presse ayant suivi, le 1er juin 2011, le conseil des ministres délocalisé de Koulamoutou.
«J’ai signé ce jour le décret qui limoge tous les responsables du ministère», a déclaré Ali Bongo, visiblement irrité, dans son propos liminaire de la conférence de presse sus citée. Il entend ainsi démanteler «les mauvaises pratiques accumulées de plusieurs années et les réseaux de corruption.»
Dans cette situation inédite pour le moins, les affaires courantes seront traitées par Daniel Tchibinda, jusqu’ici directeur de cabinet du ministre de l’Habitat, qui va assurer les fonctions de secrétaire général de ce ministère supervisé par Blaise Louembè dont les départements de l’Ecologie et du Développement durable ont été épargnés de la lessive en ressources humaines décidée par le président de la République. Le nouveau secrétaire général se voit assigner le «choix de l’ensemble de ses collaborateurs, rigoureux et compétents et non des responsables de blocages», selon les indications formulées par Ali Bongo Ondimba.
Tous les cadres sont donc provisoirement reversés au ministère de la Fonction publique, en attendant les résultats d’une enquête visant à déterminer les responsabilités sur les détournements de fonds, les lourdeurs administratives et le non démarrage des chantiers de construction de logements sociaux promis aux populations lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2009. Seules «les personnes qui seront blanchies à l’issue de cette enquête pourront regagner leur ministère», a indiqué le président de la République qui s’étonne de ce qu’aucun chantier dans le domaine de l’Habitat n’a été démarré.
Les déterminismes de cette situation tiennent notamment de la difficulté pour les services du cadastre de dégager des terrains pour les projets ou même d’en trouver aux particuliers qui en recherchent. On note que l’obtention d’un titre foncier est assujettie à 107 signatures des services de l’Habitat et de l’Urbanisme. Toutes choses qui découragent bien d’investisseurs étrangers intéressés par les opportunités qu’offre le Gabon en matière de logement social. «Il faut au minimum cinq ans pour avoir un titre foncier (…) Il existe des terrains pour certains et pas pour d’autres (…) Ça suffit », a martelé le président de la République.
Le 25 mai dernier, au cours d’une séance de travail, le Premier ministre Paul Biyoghé Mba avait déjà fait savoir à son ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Blaise Louembè, son mécontentement face à la situation de retard enregistré dans l’exécution du projet de construction des 5 000 logements sociaux par an annoncé par le président de la République. Dix huit mois se sont écoulés depuis l’allocation d’une ligne budgétaire en investissement portée définitivement en 2010 à 58 milliards de francs CFA. «Qu’est-ce qui se passe dans votre ministère ? Est-ce un problème d’homme, d’expertise ou administratif ?», a demandé Biyoghé Mba au ministre de l’Habitat à qui six mois ont alors été donnés pour que les travaux débutent et pour produire des résultats.
La nouvelle équipe devant être mise en place au ministère de l’Habitat a donc pour mission de construire 5.000 logements par an et de toiletter tous les textes relatifs à l’attribution des titres de propriété.
La décision de l’exécutif lors du conseil des ministres de Koulamoutou devrait donner un nouvel élan à la construction des logements sur l’étendue du territoire national, et notamment à Libreville où on estime le déficit à près de 160 000 logements. Non seulement la capitale gabonaise souffre de l’absence d’un plan de développement urbain cohérent et durable, mais de nombreuses parcelles attribuées par l’Etat à des particuliers et des promoteurs immobiliers sont toujours en friche ou illégalement occupées.