Le président du Gabon, Ali Bongo, était en visite vendredi à la Maison Blanche, où son homologue américain Barack Obama l’a invité à protéger les droits de l’Homme et à mettre en place des actions contre la corruption dans son pays.
Barack Obama qui a reçu jeudi son homologue Ali Bongo à la Maison Blanche a pressé le président Gabonais de « prendre des mesures audacieuses pour éradiquer la corruption » dans son pays et de « réformer le système judiciaire afin d’assurer la protection des droits de l’homme ».
« Le président Obama a pressé le président Bongo de prendre d’audacieuses mesures pour éradiquer la corruption et de réformer le système judiciaire et de toutes les institutions clés afin d’assurer la protection des droits de l’homme », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.
Le président Obama, qui a reçu M. Bongo dans le Bureau ovale jeudi après-midi, a toutefois « salué les réformes prises sous (sa) présidence qui ont apporté plus de transparence et de responsabilité au gouvernement ».
Plus tôt dans la journée, le porte-parole de la présidence avait déclaré que la situation des droits de l’homme au Gabon était « en amélioration ».
« Nous continuerons à demander, que ce soit l’administration ou le président (Obama) lui-même, davantage de progrès sur ces questions », avait promis Jay Carney.
La Maison Blanche, qui avait fermé cette réunion à la presse écrite, a affirmé que les deux dirigeants, qui n’ont fait aucune déclaration, se sont entretenus au sujet d' »un large éventail de problématiques régionales et multilatérales comme la sécurité, l’économie ou encore la protection environnementale ».
M. Carney a défendu jeudi pour la deuxième journée consécutive l’accueil réservé à M. Bongo, qui a succédé à son père Omar Bongo, mort en juin 2009 après 41 ans au pouvoir.
« Il serait un peu naïf de penser que le président des Etats-Unis ne devrait pas rencontrer des dirigeants qui ne répondent pas à tous les critères qui seraient les nôtres pour une gouvernance parfaite », a-t-il dit lors de son point de presse quotidien.
Les Etats-Unis et le Gabon, qui assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, entretiennent des « relations importantes », a ajouté M. Carney.
« Le Gabon a effectué des votes très importants aux Nations unies (…) sur l’Iran, la Libye, la Côte d’Ivoire, dont sur des questions liées aux droits de l’homme », a une nouvelle fois souligné le porte-parole, en notant que « le président Bongo a effectué de nombreuses réformes au Gabon, et le Gabon joue un rôle de plus en plus important au niveau régional et mondial ».
L’annonce de cette rencontre, qualifiée par le pouvoir gabonais de « signe fort », a créé le malaise chez des militants de la société civile gabonaise et des ONG, qui dénoncent un régime « dictatorial » et corrompu.
Selon Zacharie Myboto, le président de l’Union nationale, principal parti d’opposition, cette rencontre « sera un événement si le président Obama est en mesure de dire à Ali Bongo que le Gabon est un pays qui dans sa constitution doit respecter les principes d’une démocratie pluraliste ».
Riche en pétrole mais fournisseur mineur des Etats-Unis (0,4% des importations de brut en 2010), le Gabon figure à la 110e place sur 178 au classement 2010 du degré de perception de corruption établi par Transparency International (TI) et à la 93e place sur 169 au classement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
En février 2010, un rapport du Congrès américain, portant sur le blanchiment d’argent, avait mis en lumière des opérations financières douteuses qui auraient été menées aux Etats-Unis en 2006 par Omar Bongo et des membres de sa famille, dont son fils Ali.
TI et une autre ONG, Sherpa, ont déposé des plaintes en France visant plusieurs chefs d’Etats africains dont Omar Bongo et portant sur « les conditions dans lesquelles un très important patrimoine immobilier et mobilier a été acquis en France ». Une instruction a été ouverte fin 2010.
M. Bongo est le deuxième dirigeant africain reçu en deux jours à la Maison Blanche, après le président nigérian Goodluck Jonathan mercredi. La présidence américaine a affirmé jeudi que M. Obama avait demandé à ce dernier de « faire du combat contre la corruption une priorité nationale ».