L’un des temps forts de la visite (5 – 10 juin 2011 ) du chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, aux Etats-Unis , aura été, de toute évidence, l’entretien avec son homologue Barack Obama, pour la première fois à la Maison Blanche et singulièrement dans le bureau ovale, avec à la clé l’adhésion du patron de l’Exécutif américain à la vision de son hôte de faire du Gabon un pays émergent.
Les lignes de force du tête-tête Ali Bongo Ondimba/Barack Obama ont été ainsi livrées, samedi soir, par le numéro gabonais, lui-même, à travers une Déclaration de presse, dès son retour à Libreville.
REFORMES MULTIFORMES ET MULTISECTORIELLES
Dans son compte-rendu, il a informé que Barack Obama » nous a félicité pour les réformes multiformes et multisectorielles que nous avons engagées au cours de ces dernières années ».
Dans la foulée, M. A. Bongo Ondimba a précisé que le chef de la première puissance mondiale » a aussi salué et apporté son ferme soutien à notre volonté de renforcer la démocratie et l’Etat de droit, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’assainissement de l’environnement des affaires ». Tout un programme.
A l’opinion, le président de la République gabonaise a semblé dire que les réformes entreprises et celles à venir ne sauraient être un catalogue de bonnes intentions ou de simples annonces destinées à séduire de potentiels investisseurs, encore moins pour obtenir le très convoité »statut de bon élève de la démocratie », vue de Washington.
D’où les termes choisis et pesés dans la Déclaration de presse pour illustrer la » lune de miel » entre le Gabon et les Etats-Unis d’Amérique.
On y retient : » adhéré, salué, ferme soutien ».
Libreville se réjouit que l’adhésion de Washington à la vision du président Ali Bongo Ondimba vient battre en brèche les différentes sorties médiatiques et autres campagnes visant à jeter le discrédit sur les réformes aussi bien politiques, économiques que sociales – parfois impopulaires – mais incontournables pour tirer le Gabon vers le haut.
Le nettoyage du fichier de la Fonction Publique a permis de débusquer nombre d’agents de l’Etat fantômes, de relever des incohérences et des faux diplômes lors du recrutement, d’avoir la maitrise de la masse salariale, et une visibilité grâce à l’introduction de la biométrie dans la gestion des ressources humaines…
Les nouvelles orientations données à la désormais Agence des Bourses et Stages participent de l’ambition de former la jeunesse en tenant compte des préoccupations du secteur public / privé. Ce d’autant plus qu’une passerelle existe dorénavant. Les chefs d’entreprise – par l’entremise de la Chambre de Commerce, d’Agriculture, des Mines et de l’Industrie – prennent part aux sessions d’attribution et de renouvellement des bourses où ils peuvent directement exprimer leurs besoins et accorder toute l’importance à la »fameuse » adéquation formation / emploi.
Dans le domaine de l’habitat et du cadastre, le »coup de balai » intervenu au Ministère en charge de ce dossier »sensible » traduit la volonté des plus hautes autorités à restaurer l’état de droit et, par conséquent, d’améliorer l’environnement des affaires.
Des opérateurs économiques mêmes les plus intrépides avaient, selon le chef de l’Etat, fini par renoncer à investir au Gabon faute de titre foncier. Le précieux sésame s’obtenait, pour les »chanceux », au bout de cinq (5) ans, doublées de »120 signatures » sur fond de pratiques à la limite mafieuses.
D’autres compartiments (les Ministères dit sociaux) seraient dans la ligne de mire du président de la République, a-t-on murmuré.
Le signal avait été donné en 2010 par l’interdiction d’exporter le bois en grumes à l’effet de favoriser la transformation locale de cette matière stratégique -plus d’un siècle après l’exportation de la première bille d’Okoumé- et créer une valeur ajoutée, des emplois voire de nouveaux métiers autour de cette richesse forestière, véritable « mine d’or » ».
AUTRE TEMPS, AUTRES MOEURS
Cette mesure avait suscité une levée de boucliers. La fièvre a baissé. Les opérateurs de la filière bois ont été rassurés par les pouvoirs publics. Le courant passe à nouveau. Autre temps, autres mesures.
Le renforcement de la démocratie salué par le président Obama s’est caractérisé, l’autre jour au palais de la Présidence Gabonaise, par des concertations politiques consacrées, tout d’abord à la question de l’Ile Mbanié ( différend frontalier entre le Gabon et la Guinée Equatoriale) puis à l’introduction de la biométrie dans le système électoral gabonais d’autant plus que pointent à l’horizon, les législatives.
A ce rendez-vous du bord de mer, Ali Bongo Ondimba y avait convié les leaders de la Majorité républicaine, ses adversaires de l’opposition, les anciens premiers-ministres et ex-VPM. En somme, l’essentiel de la classe politique avait honoré de sa présence à cette réunion.
Invitées, certaines figures de proue de l’opposition qui se trouvaient à l’étranger et qui voulaient y prendre part se sont » excusées » par courrier.
Une attitude » républicaines » très appréciée au Palais tout comme les contributions au débat de plusieurs anciens candidats à la présidentielle du 30 août 2009, remportée par Ali Bongo Ondimba, a-t-on confié.
Mais, le satisfécit et le soutien de Barack Obama ne sauraient s’apparenter à une prime, les autorités gabonaises en sont conscientes.
ACCELERATION DES MESURES ET LEUR MISE EN OEUVRE
Il suffit de jeter un coup d’œil sur la Déclaration de presse lorsque le président A. B. Ondima a souligné : » A l’instar de toute la communauté internationale, le président Obama, à son tour, a vivement encouragé à maintenir le train des mesures et à accélérer leur mise en œuvre ».
Des esprits auraient souhaité que le Gabon fusse placé sous » haute surveillance » par la première démocratie du monde pour »déni de démocratie, violation des droits de l’homme…’’.
Une abondante correspondance adressée à la Maison Blanche, par des adversaires du régime et des membres de la société civile, avant et pendant le séjour américain du chef de l’Etat gabonais, l’en témoignait.
Au final, Ali Bongo Ondimba a assuré qu’à Washington, il a » eu un entretien fructueux avec le Président Obama » qui a » indiqué que son pays apporterait un appui institutionnel pour une plus grande présence américaine au Gabon (…) notamment dans le secteur économique).
De son coté, il s’est employé – dans le cadre de la diversification des partenaires – à faire la promotion de la destination Gabon devant des hommes d’affaires rencontrés au Corporate Council on Africa, organe qui œuvre à la promotion des échanges économiques et commerciaux entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Afrique ainsi qu’à l’Atlantic Council, structure de réflexion chargée d’orienter la politique américaine en direction de l’Afrique.
L’ATTENTE DES RETOMBEES
Attendues, les retombées de l’ »important déplacement » effectué par le président gabonais au pays de Barack Obama…dont le discours » historique » d’Accra (Ghana)…mentionnait : « personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption ».
Deux ans plus tard, ces propos demeurent actuels et s’adressent aux gouvernants et gouvernés afin que chacun joue sa partition.