Premier président d’Afrique francophone invité à la Maison Blanche sous Obama, « ABO » ne boude pas son plaisir. Pourtant, les relations entre les deux hommes étaient parties du mauvais pied.
Le 9 juin en fin d’après-midi, Ali Bongo Ondimba (« ABO ») est devenu le premier chef d’État d’Afrique francophone à être reçu dans le Bureau ovale sous la présidence de Barack Obama. Présent à New York pour assister aux travaux du Conseil de sécurité de l’ONU – que préside son pays pour le mois de juin –, le président gabonais a eu droit au carton d’invitation convoité en vain par tant d’autres chefs d’État africains en quête d’une légitimation internationale… Un traitement de faveur refusé aux dirigeants les plus critiqués par les défenseurs des droits de l’homme ou les militants anticorruption : Barack Obama préfère les rencontrer plus furtivement – notamment dans les coulisses de sommets –, plutôt que de les inviter en grande pompe à la Maison Blanche.
Exigences
En contrepartie, « le président Obama a exhorté le président Bongo Ondimba à prendre des positions fortes pour poursuivre la lutte anti-corruption, réformer le système judiciaire et toutes les autres institutions clés afin d’assurer la protection des droits de l’homme », a déclaré l’administration américaine dans un communiqué. Obama et Bongo Ondimba ont également évoqué les questions de sécurité et de gouvernance dans la région du golfe de Guinée.
Plombées dès le départ par des câbles diplomatiques très réservés sur les conditions de l’élection du fils d’Omar Bongo Ondimba à la présidence du pays, en 2009, les relations entre les deux hommes étaient parties du mauvais pied. Mais « Ali » a néanmoins bénéficié du soutien ferme de Washington après la prestation de serment de son rival André Mba Obame, en janvier dernier : « Les États-Unis reconnaissent Ali Bongo Ondimba comme étant le président du Gabon », avait précisé le 28 janvier un communiqué du Département d’État.
Un allié fiable
Le multilatéralisme de l’administration Obama et le penchant pragmatique de l’actuel locataire de la Maison Blanche ont fait bouger les lignes et favorisé la naissance d’une relation, en avril dernier, lorsque l’Américain a téléphoné à son homologue gabonais pour discuter des possibilités de sortie de crise face à la tournure des événements en Côte d’Ivoire. Il faut dire qu’au sein du Conseil de sécurité le Gabonais s’est révélé un allié fiable et non moins réaliste : en dépit d’une longue amitié, il a « lâché » Laurent Gbagbo en votant sans hésiter, fin mars, la résolution 1975 présentée par la France et le Nigeria pour imposer « des sanctions ciblées » contre l’ancien président ivoirien et ses proches.
Le Gabonais, qui a brièvement vécu aux États-Unis dans les années 1980 et parle bien l’anglais, proclame souvent sa volonté de diversifier les partenaires de son pays pour mettre fin au tête-à-tête avec la France. Bref, il ne boude pas son plaisir. En affichant sa proximité avec Obama, il compte bien engranger des bénéfices en matière de politique intérieure et conforter une image d’homme d’État et une légitimité contestées par ses opposants les plus radicaux.
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