Reçu le 9 juin comme un hôte de marque à la Maison Blanche, Ali Bongo Ondimba n’ a pas chômé pendant sa visite aux États-Unis. Entre travaux au Conseil de sécurité de l’ONU et rencontres diplomatiques, ABO s’est penché sur plusieurs sujets d’intérêt majeur pour le Gabon et l’Afrique.
Une primeur pas banale pour ABO. Le 9 juin dernier en fin d’après-midi, Ali Bongo Ondimba (ABO), est devenu le premier dirigeant d’Afrique francophone à être reçu au Bureau ovale sous la présidence de Barack Obama. Les deux hommes ont évoqué les questions de sécurité et de gouvernance dans la région du Golfe de Guinée. Ils ont également discuté de la situation en Libye, réaffirmant leur soutien à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que leur désir d’y voir émerger une transition démocratique…
Par ailleurs, l’Américain en a profité pour féliciter Ali Bongo Ondimba pour la mise en place de réformes depuis son ascension au pouvoir en octobre 2009 et sa quête d’une bonne gouvernance. Entre les deux chefs d’États, la relation n’est pas forcément partie sous les meilleures auspices après les télégrammes révélés par WikiLeaks relatifs au déroulement de la présidentielle gabonaise du 30 août 2009. Mais le dégel est arrivé lorsqu’en avril dernier, l’Américain a téléphoné à son homologue gabonais, qui a vécu aux États-Unis dans les années 1980 et parle couramment anglais, pour discuter des possibilités de sortie de crise face à la tournure des événements en Côte d’Ivoire.
Un hôte de marque à la Blair House
En visite à New York, où le Gabon présidait le Conseil de sécurité des Nations unies pour le mois de juin en tant que membre non permanent, ABO a reçu le carton d’invitation tant convoité de la Maison Blanche avec, fait rarissime, un séjour à la Blair House de Washington, la résidence dédiée aux hôtes de marque des présidents américains. Sans doute, Obama entendait-il récompenser un allié fiable, qui a soutenu les positions de la communauté internationale dans la résolution des crises en Côte d’Ivoire, Libye et Syrie, notamment. Barack Obama a également soutenu l’initiative gabonaise de faire adopter par le Conseil de sécurité la résolution 1983 sur le VIH/sida.
L’enjeu était de réexaminer l’impact du VIH/sida sur la paix et la sécurité internationales depuis la résolution 1308 adoptée il y a une dizaine d’années à l’initiative des États-Unis. Le chef de la délégation gabonaise a par ailleurs invité les institutions financières internationales en coopération avec les États, à mobiliser davantage de ressources pour améliorer l’efficacité des systèmes de santé nationaux dans l’objectif d’obtenir une meilleure prise en charge des personnes infectées ou affectées par le VIH/sida. Également soutenu par la France, le texte a été voté à l’unanimité le 7 juin dernier par les quinze États du Conseil de sécurité.
Engagement global contre le VIH/sida
Le chef de l’État gabonais a également présidé un débat public sur « l’impact du VIH/sida sur la paix et la sécurité internationales ». Pour matérialiser ses promesses dans la lutte contre cette pandémie, le Gabon a annoncé la construction en 2013 d’un Centre hospitalier universitaire (CHU) Albert Schweitzer à Lambaréné (Moyen-Ogooué, dans le centre). Cet établissement hospitalier aura pour mission de « suivre et d’évaluer les problèmes de santé primaire de la région, en prenant en compte les maladies telles que la tuberculose, le VIH/sida, le paludisme et la santé de la reproduction, ainsi que l’amélioration des soins infirmiers, la recherche scientifique et épidémiologique », a expliqué ABO.
Plus de 500 millions de F CFA de financement sont déjà disponibles en attendant une contribution des donateurs internationaux dont des privés américains, a déclaré le chef de l’Etat gabonais le 7 juin, à l’issue d’une rencontre avec des représentants de la fondation Albert Schweitzer et de la prestigieuse université américaine d’Harvard.
Avec son épouse, Sylvia, il a offert un dîner en partenariat avec l’ONU et l’Onusida, auquel ont pris part le président nigérian, Goodluck Jonathan, et le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Le lendemain, ABO a participé à une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU sur le thème : « Responsabilité partagée – un nouvel engagement global contre le VIH/ sida ». L’objectif de cette rencontre était d’examiner les progrès accomplis depuis la découverte du virus du sida il y a en trente ans et de définir les orientations de la riposte mondiale.
En marge des travaux tenus au sein des Nations unies, ABO s’est entretenu avec des représentants de pays membres permanents du Conseil de sécurité dont Susan Rice (États-Unis) et d’Alain Juppé (France). Une entrevue a également eu lieu avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon avec qui, ABO a discuté des grandes questions internationales, notamment le cas de la Libye et de la Syrie.
« Partenariat gagnant-gagnant »
L’autre temps fort de la visite d’ « Ali » aux États-Unis a été son discours prononcé le 6 juin à l’invitation de l’Atlantic Council à Washington. Le président gabonais a exposé son projet de développement pour son pays, évoqué la « transition historique » qui est en train de s’opérer en Afrique – où « de nombreux pays prennent leur destin en main » – parlé de la nécessité pour les Africains de nouer de véritables partenariats susceptibles de les accompagner et les aider à repenser leur modèle de développement. « Nous voulons nous diriger vers un partenariat gagnant-gagnant. Et ce message est le même, que vous soyez Chinois, Français, Américains ou qui ce soit d’autre […] Nous ne voulons plus être simplement des spectateurs qui vendent leurs matières premières […] Nous souhaitons que les investissements réalisés au Gabon servent réellement notre développement. » Poursuivant sur sa lancée, il a prévenu : « Le Gabon ne souhaite plus d’aide, mais de vrais partenariats […] L’Afrique d’aujourd’hui est différente de celle d’hier. Nous sommes aussi des citoyens du monde, nous savons ce qui se passe. »
Des propos similaires ont également meublé le déjeuner que la délégation gabonaise a partagé avec des membres du Corporate Council on Africa (CCA), une association d’hommes d’affaires américains qui aide à renforcer et à faciliter les relations commerciales entre les États-Unis et l’Afrique. Parmi les convives, Exxon Mobil, GE Healthcare, Caterpilar, Tetra Tech… Vingt-cinq groupes intéressés par les opportunités d’investissement au Gabon étaient représentés.
La délégation gabonaise a enfin profité de son séjour américain pour montrer son effort de préservation de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. Elle a surtout fait la promotion du projet Gabon vert, notamment en proposant la visite virtuelle des parcs nationaux du Gabon à travers un film en 3D interactif.
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