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Gabon : Les enjeux de la conservation et de la lutte contre le braconnage

Donnant suite à la prolifération sans précédent du braconnage au Gabon, la direction des Eaux et Forêts, sous la houlette de Paul Koumba Zaou son DG, a organisé le 21 juin dernier à Kango, l’atelier inaugural d’une stratégie de lutte contre le braconnage. Des experts, des ONG, des autorités locales et représentants des populations autochtones ont pris part à ces travaux portant sur la vulgarisation de la loi faunique et placé sous le thème des « Enjeux de la conservation et de lutte contre le braconnage au Gabon ».

La ville de pour Kango, à 100 km de Libreville sur la route nationale 1, qui dispose d’un axe routier et d’une voie fluviale menant à la capitale gabonaise où convergent toutes les transactions relatives au trafic des produits de la faune sauvage, a été le lieu d’un atelier de vulgarisation de la loi faunique organisé, le 21 juin dernier, par le ministère des Eaux et Forêts, sous le thème des « Enjeux de la conservation et de la lutte contre le braconnage au Gabon ».

Outre les experts du ministère des Eaux et Forêts et ceux des ONG Wildlife conservation society (WCS) et Conservation Justice (CJ), des chefs de cantons, chefs de villages, notables et représentants des populations autochtones vivants autour des forêts, prenaient part à ces assises.

Supervisé par le directeur général des Eaux et Forets, Paul Koumba Zaou, cet atelier visait à : améliorer la compréhension des autorités locales sur les bonnes pratiques de gestion de la faune sauvage ; solliciter l’appui des populations rurales dans l’effort global de la conservation de la faune sauvage et trouver des stratégies permettant de renforcer le contrôle des produits de la faune à ce point stratégique.

Ces travaux sont intervenus dans un contexte marqué par l’évacuation, le 1er juin dernier, des braconniers et orpailleurs de la zone de Minkébé (Ogooué-Ivindo) et, en janvier, de la découverte dans la réserve de faune de Wonga-Wongué de 30 carcasses fraîches d’éléphants tués uniquement pour leur ivoire. Ce qui a poussé Paul Koumba Zaou à rappeler dans son allocution d’ouverture de l’atelier que «le commerce et trafic illicite des produits de la faune sauvage ont un impact négatif à la fois sur la préservation de la biodiversité et sur l’économie du pays qui n’en tire aucun revenu.»

Freins à l’application de la loi et préconisations

L’atelier de Kango a permis d’identifier les causes qui constituent un frein à l’application de la loi sur la faune sauvage. Notamment, le manque de coordination entre les différents services administratifs impliqués dans la gestion du conflit homme-faune ; l’implication de certaines hautes autorités administratives, politiques et militaires comme commanditaires du braconnage ; l’insuffisance des moyens humains et matériels affectés à l’application de la loi sur la faune. Il a donc été préconisé d’explorer les méthodes traditionnellement utilisées par les populations pour lutter contre la dévastation des cultures afin d’évaluer leur pertinence et leur actualisation ; clarifier et faciliter l’effectivité de la procédure de battue administrative entre les Eaux et Forêt, l’Intérieur et l’Agriculture ; renforcer les moyens matériels et humains affectés à la lutte contre le braconnage ; mettre en place un cadre de collaboration impliquant les autorités locales ; renforcer les campagnes de vulgarisation de la loi faunique y compris auprès des populations et des autorités locales et renforcer la présence des agents patrouilleurs sur le terrain afin d’appliquer efficacement la loi.

INTERVIEW EXPRESS

«C’est dans les villages, le monde rural que sévit le fléau du braconnage»

A l’occasion d’une pause café de l’atelier, quelques questions ont été posées à Paul Koumba Zaou, directeur général des Eaux et Forets :

Quel est le prétexte ou l’opportunité d’organiser cet atelier ?

Cet atelier vient à la suite de l’interpellation de monsieur le président de la République à Koula-Moutou, suite au braconnage qui sévit à travers le Gabon. Il y a quelques mois des massacres d’éléphants ont été relevés à Wonga-Wongé et le chef de l’Etat, relayé par le gouvernement, a demandé à notre ministère d’élaborer un plan de lutte contre le braconnage. Nous inaugurons ici à Kango, la première réunion d’une série de rencontres avec les autorités locales, administratives et les populations, les auxiliaires de l’Etat, sur la sensibilisation de ces entités en matière de lutte contre le braconnage. Cet atelier est tout à fait opportun, puisque nous voulons lutter contre ce fléau qui mine l’image de notre pays et ruine notre patrimoine. Vous savez que, dans le cadre de sa politique « Gabon vert » – « Gabon des services », le président Ali Bongo Ondimba voudrait positionner le Gabon en tant que pays qui peut offrir au monde entier un certain nombre de services environnementaux. Notamment la conservation de l’environnement, de la faune et de la flore.

Les premiers travaux de cet atelier se sont beaucoup appuyés sur des textes tels que le code forestier. Est-ce à dire que ces textes existent depuis et qu’ils n’ont jamais été appliqués ?

Ces textes existent et ils sont appliqués mais ils demandent d’être davantage expliqués. C’est un travail quotidien, un travail sans relâche que doit faire l’administration. Ces textes sont l’instrument, le cadre de la politique forestière au Gabon.

On a aussi remarqué que cet atelier s’adressait particulièrement aux chefs de village, aux autorités locales et aux populations autochtones autour des forêts. Est-ce que la stratégie ne consiste qu’à sensibiliser ceux-là ou va-t-elle s’étendre à d’autres entités telles que les éco-gardes et autres agents des Eaux et Forêts.

Nous avons préféré commencer par les autorités locales pour passer ensuite aux populations. Parce que c’est dans les villages, le monde rural que sévit le fléau du braconnage. Il est entendu que des formations sont actuellement menées avec l’appui des partenaires au développement, au niveau, par exemple, des douaniers, des agents du ministère de la Justice et à l’Ecole des Eaux et Forêts. Ce sont des actions tous azimuts, parce qu’on ne peut pas se cloisonner sur un seul volet, une seule direction ; il faut voir le problème dans son entièreté. Nous allons aborder tous les sujets, tous les aspects. Mais, ce matin nous avons d’abord rappelé le cadre règlementaire existant et à ce niveau, nous avons vu que les populations réagissent, surtout par rapport aux dégâts causés par les éléphants aux cultures vivrières. Ce qui nous a permis d’échanger de manière franche pour que des pistes de solutions soient proposées.

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