Après avoir enregistré une diminution de sa production, suite à la volatilité des prix du baril apparue en 2008, le secteur pétrolier gabonais commence à montrer des signes de reprise en 2011, même si les mouvements syndicaux pourraient enrayer la croissance.
D’après de récentes prévisions, la production combinée de pétrole et de gaz au cours des dix années à venir culminera en 2012, pour atteindre 255 000 barils par jour (bpj). À titre de comparaison, entre 2003 et 2009, le Gabon a produit en moyenne 234 000 bpj de pétrole, et atteint son niveau le plus faible en 2009, avec 229 000 bpj.
Quelques-uns des grands producteurs de pétrole du pays ont annoncé une amélioration de leurs états financiers au premier trimestre 2011. Total Gabon, premier producteur de pétrole, a affiché un revenu net de 57.38 millions d’euros au premier trimestre, soit une hausse de 100 % par rapport au résultat du premier trimestre 2010 (28.69 millions d’euros). La société a essentiellement attribué cette progression à des prix de vente plus élevés, ainsi qu’à des prévisions de dépréciation et d’amortissement en glissement annuel revues à la baisse.
Cependant, si les prix du baril ont augmenté – les prix des qualités de pétrole brut Mandji et Rabi light commercialisées par Total Gabon s’établissaient en moyenne à 103 dollars le baril au premier trimestre 2011, contre 72 dollars au premier trimestre 2010 –, la production a, quant à elle, affiché un recul, d’après les états financiers de la société au premier trimestre 2011. Total Gabon a enregistré une production moyenne de 48 400 bpj au cours de cette période, contre 56 800 barils en 2010 au même trimestre. Selon la société, cette baisse s’explique par des « événements non récurrents », notamment un arrêt sur le champ de Torpille, nécessaire à la mise en place d’une plateforme pétrolière jack-up, et des incidents sur deux oléoducs sous-marins qui ont limité la production des champs de Barbier et Baudroie.
Le chiffre d’affaires de Maurel & Prom généré par la production gabonaise a atteint 93.7 millions d’euros au premier trimestre 2011, soit une hausse de 180 % par rapport aux 33.5 millions d’euros enregistrés au premier trimestre 2010. La production de la société dans les champs pétrolifères gabonais s’est établie à 17 338 bpj au premier trimestre 2011, et le prix de vente moyen sur cette période a été coté à 102.40 dollars le baril.
Toutefois, si la plupart des indicateurs mettent en lumière un début d’exercice favorable, un mouvement national de grève de quatre jours, lancé le 31 mars par l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP), a provoqué un ralentissement considérable de la production. Le syndicat, qui souhaitait protester contre l’inertie du gouvernement pour mettre en œuvre l’accord conclu en octobre 2010, a appelé à un arrêt immédiat des opérations à l’échelle nationale.
En vertu des dispositions de cet accord, le pourcentage de travailleurs étrangers dans le secteur pétrolier doit être réduit de 10 %, et toutes les fonctions exécutives confiées à des Gabonais. Cependant, les négociations entre le gouvernement et les représentants syndicaux se sont poursuivies depuis, et étalées sur le calendrier qui avait été défini pour la mise en œuvre de la nouvelle législation, le gouvernement souhaitant adopter un rythme plus progressif.
Les effets de la grève se sont rapidement fait ressentir. D’après Reuters, la moitié des champs pétrolifères gabonais ont été fermés dans un délai de 24 heures. Total Gabon a annoncé l’arrêt de la production de pétrole à peine quelques heures après le lancement de la grève, tandis que Shell, second acteur majeur du secteur, a suspendu ses opérations au cours des 48 heures qui ont suivi.
La grève a pris fin le 4 avril, au terme de négociations entre l’ONEP et le gouvernement. La production a retrouvé son niveau normal en quelques jours; Guy Aurat Réteno, secrétaire général de l’ONEP, a cependant estimé les pertes collectives à 15 milliards de francs CFA (22.87 millions d’euros) par jour pendant la grève.
L’accord le plus récent prévoit l’expulsion des travailleurs étrangers en situation irrégulière dans un délai de huit jours, et la création de l’Inspection spéciale du travail chargée du secteur pétrolier. Aucune expulsion n’a encore été rapportée ; toutefois, au début du mois de mai, l’ONEP a dénombré 1 300 travailleurs étrangers en situation irrégulière à partir des données de recensement des employeurs.
L’ONEP représente environ 4 000 des 5 000 employés des compagnies pétrolières du pays. Les conditions de travail et la dépendance vis-à-vis de la main-d’œuvre étrangère continuent de poser des difficultés, et les grèves de 2004, 2006, 2007, 2008 et 2010 ont eu des répercussions sur la productivité du secteur.
La production de pétrole ayant atteint un pic de 370 000 bpj en 1997, le pays s’efforce de diversifier son économie à l’aide de stratégies telles que « Le Gabon émergent », qui visent à accroître la part d’autres secteurs secondaires et tertiaires dans le PIB. Les revenus issus de la production énergétique restent cependant un composant majeur du budget : les revenus générés par le secteur pétrolier ont en effet représenté quelque 60 % des recettes publiques en 2008.
Par conséquent, même si le secteur a bénéficié de l’augmentation des prix de l’or noir et de la production locale au début de l’année, le ralentissement de la production et les grèves ont un réel effet multiplicateur hors du secteur énergétique. Toutefois, si les réformes du travail peuvent être mises en œuvre de façon efficace, les producteurs de pétrole du Gabon seront bien placés pour tirer parti de conditions propices à la croissance.
Source et auteur: Business Oxford Group (OBG)