Quelques 4700 orpailleurs clandestins ont été expulsés par l’armée gabonaise la semaine dernière. De l’autre côté de la frontière, au Cameroun, on n’apprécie pas vraiment.
« Pour nous, il n’y a pas de crise avec le Gabon », affirme un diplomate camerounais, qui dément les rumeurs d’une fermeture de la frontière. Il n’en regrette pas moins, en off, que Libreville n’ait pas « associé » son pays à la décision d’expulser manu militari, le 31 mai, quelque 4 700 orpailleurs clandestins qui exploitaient le gisement de Minkébé (Ogooué Ivindo). Situé dans le nord du Gabon, à la confluence des territoires congolais, camerounais et gabonais, ce site était devenu le refuge de braconniers qui écument le parc Tridom, deuxième réserve de singes du monde. Selon l’ONG gabonaise Brainforest, un projet d’extraction de l’or alluvionnaire serait en passe d’être attribué à une société locale, Sised international.
« Une opération conjointe nous aurait évité l’embarras de la situation actuelle », soupire un responsable camerounais proche du dossier. D’ores et déjà, trois clandestins ouest-africains sont morts le 16 juin, au centre de santé de Bitam, des suites du choléra selon les autorités gabonaises, à cause de leurs conditions de détention dans une cellule de la gendarmerie, d’où ils ont été transférés en urgence, selon plusieurs témoins – les deux thèses n’étant d’ailleurs pas incompatibles. La secrétaire générale de la présidence, Laure Gondjout, a promis une enquête et la punition des responsables éventuels, précisant qu’il ne pouvait s’agir en tout état de cause que d’une « regrettable bavure ».
Droits de l’homme. Libreville se défend en effet d’avoir exercé des violences sur les personnes reconduites à la frontière. Le communiqué du Conseil des ministres qui s’est réuni le 14 juin indique que « les ressortissants des pays amis ayant [commis] ces actes qui vont à l’encontre de la sécurité nationale auraient dû faire l’objet de poursuites judiciaires tout comme les nationaux ; [or] ils ont été simplement reconduits aux frontières, dans le respect des droits de l’homme ». Dans les prochains jours, Paul Biya, le président camerounais, devrait envoyer un émissaire auprès d’Ali Bongo Ondimba, son homologue gabonais, pour dissiper les malentendus.