Libreville, le 29 Juin 2011
Monsieur le représentant de l’ambassadeur des Etats Unis au Gabon ;
Monsieur le représentant de l’ambassadeur de France au Gabon ;
Messieurs et Mesdames, les membres des partis politiques ;
Messieurs et mesdames, les membres de la société civile ;
Mesdames et messieurs ;
Chers compatriotes.
Depuis plus de cinq (5) mois, la Société Civile Gabonaise s’est engagée dans un processus d’information, d’explication et de plaidoyer afin de permettre à notre pays de se doter des instruments , des textes et des institutions susceptibles de faire du Gabon un pays démocratique et respectueux des Droits de l’Homme.
Notre action trouve son fondement sur les six (6) faits suivants :
» Le premier fait concerne la nécessité réelle de traduire dans les actes l’article 21 alinéa 3 de la Charte Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que : » C’est la volonté du peuple, exprimée par le biais des élections libres, crédibles et transparente qui constitue la base de l’autorité gouvernementale « . La République gabonaise semble adhérer pleinement à l’esprit de cette disposition , puisque l’un de ses principes fondateur , ainsi que l’indique sa Constitution en son article 2 fait reposer le régime politique sur le principe » Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » et affirme en son article 3 que » La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce directement ou indirectement par le referendum ou par élection, selon le principe de la démocratie pluraliste… » ;
» Le deuxième fait repose sur la possibilité et la volonté des gouvernants à organiser les élections libres, crédibles et transparentes dans notre pays. En effet, l’histoire récente de notre pays nous enseigne que depuis 1990, aucune élection n’a été libre, crédible et transparente. Elles ont été toutes suivies par des scènes de vives protestations, des violences, des pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables. A plusieurs reprises le pays est passé à coté du chaos. Les dernières élections législatives partielles organisées par l’actuel gouvernement n’ont pas échappé à cette règle : manipulation de la liste électorale, transfert d’électeurs, corruption, fabrication et utilisation des fausses pièces d’état civil, utilisation frauduleuse des moyens de l’Etat , confiscation de la presse d’état par le parti au pouvoir , rejets quasi-systématique des recours de l’opposition par la Cour Constitutionnelle…
» Le troisième fait concerne notre Constitution , qui , de modifications en modifications s’est vidée de toute sa substance démocratique fruit du consensus politique de la Conférence Nationale pour ne devenir qu’un outils » légal » de domination , de conservation de pouvoir , de pérennisation au pouvoir , de redistribution des prébendes entre copains et coquins et d’exclusion du plus grand nombre des gabonais dans la gestion de l’Etat et du partage des richesse du pays ;
» Le quatrième fait concerne la volonté du peuple gabonais à se réapproprier son destin par des voies démocratiques. Cette volonté, les gabonais l’ont clairement exprimée lors de la dernière élection présidentielle par un retour massif aux urnes. Par ailleurs, les différentes études menées par la Société Civile nous le confirment clairement ;
» Le cinquième fait concerne rôle des forces de défense et de sécurité dans notre Démocratie. En effet depuis 1990, les forces de défense et de sécurité ne sont perçues que comme des » outils de domination et de terreur » au service du pouvoir exécutif. Cette impression s’est davantage renforcée depuis le décès du Président Omar Bongo Ondimba. Plusieurs mesures prises par le nouveau pouvoir accentuent le clivage entre le peuple et ses forces de défenses et de sécurité : augmentation des salaires des agents de sécurité et de défense, instauration d’une retraite complémentaire aux agents de sécurité et de défense, recrutements massifs dans l’armée et la police au détriment des secteurs sensibles comme l’éducation et la santé, création d’une trésorerie spéciale des armées ;
» Le sixième fait concerne le jugement que la communauté internationale fait de notre démocratie. Dans son dernier rapport, le Haut-commissariat aux Réfugiés des Nations Unies donne une note de 6 sur 7 au Gabon, le qualifiant de » pays sans libertés « . Ce rapport indique clairement que » le Gabon n’est pas une démocratie électorale « . En effet, sur l’échelle de 1 à 7, un pays ayant un score de 1 est considéré comme ayant un standard de liberté, alors qu’un pays affichant une note de 7 représente un pays avec un manque flagrant de liberté. Pour appuyer son classement du Gabon, le Haut Commissariat cite plusieurs exemples de violation des droits humains et des libertés au Gabon. Parmi ces exemples , on peut noter le musellement des partis politiques de l’opposition ( Cas de l’Union Nationale ) , la persécution de certains leaders politiques et d’opinion ( suspension des salaires des responsables syndicaux ), le contrôle de la presse et des médias , l’emprisonnement abusif des journalistes, la corruption , le blanchiment d’argent ,les pouvoirs démesurés du Président de la République , le manque d’indépendance du système judiciaire etc.…
Mesdames et Messieurs comme vous pouvez le constater, notre démarche est républicaine, elle vise à remettre le peuple gabonais au centre de la vie politique, économique et sociale de son pays.
Elle n’est nullement partisane : nous n’avons ni l’intérêt, ni l’ambition de jouer un rôle politique. Nous sommes simplement déterminés à faire avancer la Démocratie, le respect de des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales et la pratique de la Bonne Gouvernance dans notre pays. Voici le sens de notre Combat.
Mesdames et Messieurs, nous savons qu’en face de nous se dresse un gouvernement qui souhaite garder le statut quo, qui est sourd, qui réfute le dialogue, qui fait fi du respect des droits de l’homme, qui s’est très bien armé pour supprimer les voix discordantes et qui ne se préoccupe que de sa longévité.
A ce gouvernement , nous voulons simplement rappeler cette déclaration faite par la Secrétaire d’Etat américaine au siège de l’Union Africaine le 13 juin dernier, je cite : » Pour ces chefs qui s’accrochent au pouvoir à tout prix, qui suppriment les voix discordantes, qui s’enrichissent eux et leurs partisans, au détriment du peuple , le » printemps arabe » a une signification bien particulière : Changez s’il est encore temps ou vous serez changés ou le temps se chargera de vous démontrer que vous êtes du mauvais coté de l’histoire « .
Mesdames et Messieurs, les prochaines élections législatives constituent un tournant essentiel dans la vie de notre pays, il est vital que toutes les précautions soient prises en amont pour qu’elles soient libres, crédibles et transparentes.
Outre l’introduction de la biométrie et la réforme de la Cénap, l’établissement de la liste électorale, la révision de la loi électorale, le redécoupage électoral de façon collégiale par une commission tripartite (Majorité, opposition et la Société Civile) constituent aussi des éléments primordiaux et non négociables de notre démarche.
Comme vous pouvez le constater la Société Civile dit » NON » à l’organisation des prochaines élections sans les garantis réels de transparence… Elle réfute aussi toute idée de boycotte.
Nous encourageons le Président de la République à poursuivre la démarche entreprise pour l’aboutissement du projet sur l’utilisation des données biométriques sur le fichier électoral et de prendre ses responsabilités vis-à-vis du gouvernement qui ne cesse de tâtonner et de ramer à contre courant de l’histoire !
Mesdames et Messieurs, la Société Civile a toujours privilégié le Dialogue et la Concertation dans sa démarche, c’est pour cela que nous avons invité toutes les forces démocratiques qui partagent nos objectifs à se joindre à nous pour faire éclore, ensemble , une Démocratie Véritable dans notre pays.
Je précise que nous avons appelé tout le monde la majorité, l’opposition et toutes les autres forces et que nous restons ouverts à la discussion et au dialogue.
Je voudrai, avant de terminer, remercier tous ceux qui nous soutiennent dans cette démarche et tous ceux qui ont accepté d’ouvrir un dialogue avec nous ou de faire chemin avec nous : les représentations diplomatiques, les institutions internationales, les institutions nationales (l’assemblée nationale et le CNC), les partis politiques, les confessions religieuses, les citoyens, etc.…
Mesdames et Messieurs, peuple gabonais, amis démocrates, l’heure de la Démocratie a sonné, le monde ne s’accommode plus des pouvoirs autocratiques, dictatoriaux, totalitaires et répressifs…le temps des monarchies et des dynasties est révolu … le printemps est là ! À nous de transformer l’essai.
Je vous remercie.
Dieudonné MINLAMA MINTOGO
Président de l’Observatoire National de la Démocratie
Contact : Tél 00 24107949719