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Gabon : BGFIBank et les 26 milliards des Fêtes tournantes

Alors que le président Ali Bongo vient d’annoncer que «la lumière sera faite sur la gestion des fêtes tournantes» en vue de sanctionner les auteurs des malversations y relatives et qu’un rapport d’audit a récemment été commandé à la Direction générale du contrôle financier, on découvre qu’un audit réalisé du 27 octobre 2009 au 15 avril 2010, et dont les conclusions sont disponibles, font état d’un flou de 26 milliards dans les transactions entre le Trésor public et la BGFIBank. Pourquoi donc ce rapport d’audit n’est-il pas pris en compte ?

Face aux populations de Lambaréné (Moyen-Ogooué), le président Ali Bongo a promis, le 27 juin dernier, que «la lumière sera faite sur la gestion des fêtes tournantes» et que «s’il y a eu des malversations, les auteurs en répondront devant les tribunaux. Tant pis pour ceux qui vont se faire prendre à l’issue de l’enquête».

Une source digne de foi indique, à cet effet, qu’un audit a été commandé au directeur général du contrôle financier, lequel aurait engagé le cabinet de l’un de ses amis, Franck Sima Mba, connu comme Expert-comptable, commissaire aux comptes, délégué général de l’Union des Experts Comptables du Gabon (UECG) et Associé gérant du cabinet d’expertise comptable, d’audit et conseil Baker Tilly Gabon.

Cependant, on se demande pourquoi un nouvel audit du financement des fêtes tournantes a été commandé et pourquoi le directeur du contrôle financier a donné son onction, alors que cette enquête a déjà été réalisée et ses conclusions sont connues de bon nombre de fonctionnaires de la Direction générale des marchés publics.

Épais de 174 feuillets de format A4, ledit rapport s’intitule «Audit des projets d’investissements Fêtes Tournantes – Editions 2005, 2006, 2007 et 2008». Il porte sur une mission effectuée, du 27 octobre 2009 au 15 avril 2010, par le groupement audit & conseil 2AC/Hentou. Le document comporte un rapport comptable et financier et un rapport technique des réalisations.

Outre la conformité et la qualité des travaux réalisés, le document examine chaque projet et vérifie la cohérence entre les décomptes et/ou les factures approuvées, les quantités des travaux réalisées et les sommes réellement perçues par l’entreprise, le fournisseur ou le prestataire de service et s’assure qu’il n’y a ni double emploi ni payement de travaux ou fournitures non exécutées ou non livrées. Le consultant a obtenu du Trésor un fichier de tous les paiements relatifs aux Fêtes Tournantes de la période 2005 à 2008, précise le rapport.

De nombreuses pistes permettant de déceler des malversations et d’en soupçonner les éventuels auteurs sont donc contenus dans le rapport. Pour exemple, on y note en page 14 «des opérations non définies, des bénéficiaires non identifiées, correspondant à des transferts du Trésor vers la BGFI» et en page 21, qu’un cas «flagrant est constitué par les virements à la BGFI pour un total de 26 milliards sans que l’auditeur n’ait pu, à ce stade de l’audit, y associer le nom des entreprises bénéficiaires et des marchés / opérations correspondantes.» Le cabinet d’audit a ainsi du mal à «conclure quant à la bonne utilisation de ces transferts financiers» et il souligne, en page 22, que «des travaux complémentaires devraient être menés pour associer les paiements faits par la BGFI à partir de ces ressources et les décomptes et marchés correspondants.» Si ce n’est une piste, c’est un boulevard.

En page 43, dans la section intitulée « Analyse des opérations recensées à partir des données du Trésor », on peut lire que les tableaux présentés sont «directement issus de ces données et ne reflètent que ce qui est connu du Trésor. Ces tableaux présentent successivement des synthèses sous les aspects suivants : – Paiements effectifs toutes provinces confondues ; – Situation des arriérés de paiement ; – Données des paiements effectués par province et selon la nature des dépenses payées.» Autant de pistes pour la police judiciaire. Mais, celle-ci a-t-elle les compétences pour mener les enquêtes nécessaires sans se faire rouler par quelques comptables ?

Des questions essentielles demeurent, pourquoi vraisemblablement l’existence de ce rapport n’est-elle pas signifiée au président de la République ? Pourquoi le président continue-t-il d’annoncer la foudre alors qu’un audit a déjà été effectué ? Celui-ci n’était-il pas concluant ? Sinon, pourquoi un autre audit ? Ne joue-t-on pas à faire peur ?

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