Eramet a réalisé au premier semestre 2011 un résultat net en repli de 23% à 135 millions d’euros, pénalisé par un taux d’imposition effectif plus élevé correspondant notamment à la fiscalité sur les dividendes. Le résultat opérationnel courant est en hausse de 7% à 366 millions tandis que le chiffre d’affaires affiche une progression de 8% à 1,931 milliard. Selon le groupe minier, les perspectives s’annoncent moins favorables au second semestre, notamment en raison de la baisse des prix du minerai et des alliages de manganèse intervenue au cours des derniers mois.
Dans un communiqué, le PDG Patrick Buffet, a assuré qu’Eramet continuait de mettre en oeuvre simultanément les programmes d’amélioration de sa compétitivité ainsi que son projet stratégique.
« A ce titre, l’accord de joint-venture signé avec notre partenaire australien Mineral Deposits Limited pour le développement du projet Grande-Côte au Sénégal permettra de créer un nouvel acteur important sur les marchés des sables minéralisés, à fort potentiel, tout en élargissant les activités du Groupe. Par ailleurs, la montée en puissance des grands projets structurants se poursuit dans des conditions satisfaisantes. Enfin, la signature d’un partenariat avec un grand acteur chinois des aciers rapides, HeYe, conforte la position d’Erasteel », a ajouté le dirigeant.
AOF – EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
– Le groupe occupe des positions fortes sur le plan mondial dans ses trois activités : les alliages et aciers spéciaux à hautes performances, le manganèse et le nickel ;
– La production d’acier, et par ricochet l’activité d’Eramet, bénéficient d’une tendance porteuse à long terme : 50% de la production mondiale d’acier est aujourd’hui chinoise et 50% de la consommation mondiale vient du secteur de la construction, du fait de l’urbanisa tion et de l’industrialisation croissante des pays émergents ;
– Le groupe recèle des gisements prometteurs au Gabon et en Indonésie ;
– Le groupe dispose d’une marge de manoeuvre financière pour procéder à d’éventuelles acquisitions ;
– Eramet a relancé ses investissements de capacité.
Les points faibles de la valeur
– Le groupe n’a pas la taille critique face aux géants miniers ;
– En tant que premier employeur de Nouvelle-Calédonie, Eramet est très impliqué dans le climat social du territoire ;
– Plus généralement, la présence du groupe en Nouvelle-Calédonie mais également au Gabon confère à la valeur une prime de risque élevée en Bourse ;
– Le groupe est confronté à la dégradation de la rentabilité de sa branche nickel sous l’effet de l’évolution du coût de l’énergie, des taux de change, de l’évolution du gisement et surtout d’une dégradation de la productivité de l’entreprise ;
– Les trois activités de groupe sont cycliques, ce qui peut entraîner une certaine volatilité des résultats. La sidérurgie constitue 70% de la clientèle du groupe ;
– Le groupe fait l’objet d’un litige entre l’homme d’affaires franco-polonais Roman Zaleski et la famille Duval, à propos de l’apport de leurs sociétés dans Eramet en 1999. Cette querelle d’actionnaires pèse sur la valeur ;
– Plus généralement, l’Etat bloque l’évolution de l’actionnariat.
Comment suivre la valeur
– A suivre particulièrement, l’évolution des cours du nickel, qui entre dans la composition de l’acier inoxydable, et du manganèse.
– A suivre également la situation politique du Gabon, où Eramet est présent pour le manganèse, et celle de Nouvelle-Calédonie pour le nickel. Le Gabon va entrer au capital d’Eramet à hauteur de 4 à 5%. Une opération qui s’inscrit dans la stratégie de garder d’excellentes relations avec les gouvernements des pays où le groupe est présent. Cela lui permettra également de consolider ses positions dans le manganèse.
– La société souhaite mettre en place un plan d’économies avec pour objectif d’abaisser le coût de production complet de 1 dollar la livre de nickel ;
– L’évolution de la participation d’Areva au capital est à suivre. Elle est normalement vouée à être cédée, tout en restant dans le giron public. La demande du Conseil de Politique Nucléaire à Areva de filialiser son activité minière renforce, selon certains, cette hypothèse de cession. Mais d’autres estiment qu’Eramet pourrait faire partie de cette « grande minière ».
– Le groupe souhaite se développer sur de nouveaux métaux comme le lithium ou le niobium.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base – Métaux
Selon des données de Bloomberg, depuis début 2010, 290 transactions ont eu lieu dans le secteur aurifère, pour un total de 38,4 milliards de dollars. Goldcorp veut fusionner avec le groupe de mines d’or Andean pour 3,6 milliards de dollars canadiens. Cette opération intervient dans un contexte où le cours de l’or a dépassé les plus hauts atteints en juin dernier, au-dessus de 1.300 dollars l’once. Cet été, le canadien Kinross Gold s’est rapproché de Red Back Mining, à travers une opération de plus de 7 milliards de dollars. Auparavant, le rap prochement entre Newcrest Mining et Lihir Gold a donné naissance au cinquième producteur mondial de ce métal précieux. Le secteur minier dans son ensemble est soumis à une vague de fusions-acquistions. Dernier en date, BHP-Billiton cherche à acquérir le producteur canadien d’engrais Potash pour 43 milliards de dollars. Toutefois, les analystes estiment que le temps des OPA géantes est fini car les grandes sociétés minières vont poursuivre leur assainissement financier. Elles pourront ainsi mener des acquisitions de sociétés spécialisées dans un seul minerai et qui n’ont pas les capacités d’en assumer des investissements.
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