A Monsieur François Charles Armand FILLON,
Premier Ministre de la république Française après son discours à Libreville au Gabon.
Monsieur le Premier Ministre,
Dit-on souvent qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Et il nous semble constater que vous restez fidèle à ce dicton en vous voyant persister à être aux côtés de votre mentor Nicolas Sarkozy, Président de la République Française.
Nous, Gabonais de France, qui aimons la France au delà de ses dirigeants très souvent maladroits à l’égard d’une communauté ô que trop silencieuse et docile, voudrions interpeler votre intelligence.
Mais Monsieur le PM, que doit-on alors faire d’une équipe qui perd et qui perd depuis 44 ans si ce n’est l’exclure tout simplement du jeu ?
On vous reconnaît ce pragmatisme politique et peut-être même une clairvoyance qui, malgré moult pression et dédain subis et venant de la part de celui qui est potentiellement votre « rival », vous avez encaissé et vous avez tenu le coup, bravo !
Cependant Monsieur le PM, avec cette pugnacité qui est la vôtre, vous n’êtes pas sans dérapage on ne peut plus paradoxal par rapport à l’éthique qui transparaît en vous et ce d’autant plus que lorsque vous êtes interpelé pour des questions qui demandent à faire profiter d’autres peuples que le vôtre des bienfaits de la démocratie et de l’Etat de droit, vous manifestez une autre forme d’intelligence, celle de l’indifférence et de l’autisme malgré les gémissements agonisants d’un peuple qui ne veut que ses droits les plus universels, droits fondamentaux édictés, pourtant, dans une charte promulguée sur le sol d’un pays où vous êtes la deuxième personnalité de l’Etat ; la France des droits de l’homme.
On ne connaît de dirigeants que, soit comme bons, soit comme très mauvais. Certains sont des prodiges glorieux, d’autres des monstres détestables de la démocratie.
Certains sont des échelons ascendants pour leur peuple, d’autres décadents pour faire choir l’espérance.
Les premiers (ceux du peuple) sont des rois d’honneur, les autres (les bongo) sont des rois d’horreur (crimes), de scandale (sans pudeur) et d’infamie (prostitution des institutions de l’État et animalisation de leur peuple).
S’il est très difficile à un homme de se connaître lui-même, qu’en est-il donc d’un roitelet ?
Alors donc, Monsieur le PM, que vous a-t-il pris pour effectuer un voyage aussi impromptu et condescendant pour les Gabonais dans une période où ce pays et son peuple ont besoin de se retrouver pour venir à bout d’une maltraitance qui n’a duré que 44ans ?
Nous rappelons au demeurant que lorsque ce régime s’installait au Gabon, en 1967, vous, Monsieur Fillon, aviez à peine 13 ans d’âge, vous n’étiez qu’au collège dans la belle petite ville de Parigné-le-Pôlin d’où vous étiez exclu provisoirement pour indiscipline.
Nous vous disons à travers cette lettre, Monsieur le PM, que vous serez exclu à nouveau temporairement par les Gabonais pour indifférence à leur légitimité et aux abus du régime criminel des Bongo que vous n’avez cesse de soutenir ; une exclusion peut-être définitive par les Français car votre politique qui ne cesse de développer le sentiment anti-français dans plusieurs pays expose d’innocents citoyens français aux violences gratuites.
Monsieur le PM, vous connaissez le droit parce que vous en avez la culture et très certainement le respect de son esprit.
En effectuant ce périple au Gabon vous devez quelques questions aux Gabonais :
Pourquoi la dissolution du principal parti de l’opposition gabonaise (Union Nationale) intervient-elle juste après votre passage à Libreville? Auriez-vous le courage de parler aux Français de démocratie et d’Etat de droit alors que vous vous rendez complice de crimes liberticides qui ne laissent qu’un seul choix aux Gabonais : celui de la REVOLUTION ?
Après votre congratulation de l’héritage du fiston de votre incontestable et défunt serviteur ou plutôt serf, Omar Bongo, devrions-nous rappeler, au représentant des institutions françaises que vous êtes, les devoirs qui sont les vôtres et qui vous soumettent à l’Etat de droit conformément au serment qui vous lie avec le peuple ?
Quand vous dites, je cite « ………..En venant d’Abidjan, on ne peut que saluer la sagesse des dirigeants et du peuple gabonais qui ont su maintenir leur pays dans la paix et aujourd’hui dans le progrès…… », Auriez-vous la cécité de constater l’omniprésence des chars et autres armements lourds dans les différents quartiers de Libreville?
Auriez-vous réalisé que Bongo instaurait le retour du parti unique, le PDG, parti-Etat ?
Autant de fruits de sagesse et de paix à la façon « Fillon »!
Mais Monsieur le PM, nous vous savons exemplaire comme père de famille et que rien au monde ne vaudra pour vous le bien-être de vos enfants, et rien non plus ne vaut, dans votre mission au sein de l’Etat français le bien-être de vos concitoyens, n’est-ce pas !
Qu’entendez-vous par sagesse des dirigeants gabonais quand on sait que le Gabon, dirigé par une seule et même famille, les Bongo, compte 9 citoyens sur 10 avec un niveau de vie parmi les plus pauvres du monde et que dans le même temps ces dirigeants que vous encensez narguent les institutions de leur propre pays en se permettant impunément des bricolages sur mesures de la constitution au grand mépris du droit et en s’offrant des biens à l’échelle Holywoodienne avec des chèques du trésor public Gabonais signé de la main d’un Bongo sans que ce dernier n’ait les prérogatives de la fonction, et ce, pour acquérir des propriétés privées, voitures de luxe…. Mais enfin, Monsieur le PM, auriez-vous perdu le culte de la probité ou le sens de l’éthique républicaine ?
Les mœurs politiques d’un dirigeant français seraient-elles donc les mêmes que celles d’un dirigeant d’une république bananière comme le Gabon ?
Si c’est le cas, Monsieur le PM, dites une bonne fois aux français que la France, le pays des droits de l’homme, Etat démocratique et de surcroit de droit n’est qu’une façade des valeurs nobles que lui reconnaît le monde entier ! Ainsi, Eva Joly aurait-elle eu raison de retrouver en vous les appétits d’un dictateur masqué.
La notion de sagesse pour l’homme d’Etat que vous êtes, aurait-elle une acception variable selon que vous vous adressez aux primates affranchis ou aux caucasiens modernes ?
Pis, dans votre discours vous parlez de « …….progrès au Gabon…… », quelles sont vos références qui vous font conclure cette ineptie outrageante qui est d’un ton condescendant tel un colonialiste qui conte ses berceuses à ses petits nègres qui, eux, ne comprendront jamais rien à l’échiquier du monde.
Non, Monsieur Fillon,
Il n’y a de progrès qui vaille au Gabon que pour des dirigeants capables de comprendre
les trois étapes fondamentales qui organisent la vie d’un citoyen : Apprendre, Travailler, et Transmettre des valeurs nobles à la jeunesse.
Si ces valeurs fondamentales ne sont pas structurées dans l’esprit de ceux qui dirigent un Etat, qui plus est non élu démocratiquement, elles sont galvaudées et il s’ensuit une confusion des repères entre les générations et le chaos systémique comme on le vit au Gabon des Bongo.
En revanche, Monsieur Fillon, le seul progrès qui vaut aujourd’hui au Gabon, c’est de ne plus paralyser ni interférer le moindre changement des dirigeants qui s’annoncera de l’intérieur ou de l’extérieur du Gabon si vous respectez vos enfants et vos concitoyens en respectant les Gabonais.
Ce projet obligatoire de changement d’hommes au Gabon répond d’emblée au principe de « l’innocence innovante », un principe vital à toute société ou civilisation en déclin comme la nation Gabonaise. Un principe qui doit permettre de lutter contre l’entropie d‘une nation qui aurait pu être prospère. Ce principe est donc l’ultime recours pour les Gabonais, un réflex humain de survie.
Par conséquent Monsieur le PM, le seul progrès qui est à valider au Gabon, aujourd’hui, c’est de promouvoir un homme d’Etat qui a le sens, l’éducation et le respecte des institutions de son pays par-delà de la constitution et donc du consensus du peuple.
Pour vous apporter un peu de lumière sur l’actualité du Gabon, un pays que nous vous soupçonnons de regarder de haut et avec dédain, et que vous ne convoitez que pour ses richesses, notez qu’il a une densité près de 18 fois moins que celle du Pays de la Loire, une région d’où vous êtes originaire. Votre région a 3 fois plus d’habitants que le Gabon tout entier, et pourtant le conseil régional de cette région, une simple institution régionale, a permis aux jeunes ligériens de 15 à 25 ans quel que soit leur statut de bénéficier d’une carte de transport qui leur offre 50% de réduction sur tous les voyages dans la région.
Les jeunes Gabonais, eux, n’ont jamais eu ce confort depuis plus de 40ans qu’ils attendent la concrétisation « utopique » des promesses du paradis sous les Bongo.
Pour rappeler le petit exemple de votre ville-mère, Le Mans, le réseau qui dessert l’agglomération dispose de 20 lignes de bus, une ligne de tramway et des lignes urbaines et suburbaines de jour et de nuit……alors que vos « sages dirigeants Gabonais » n’arrivent pas à donner ce minimum de besoins ne fût-ce qu’à la jeunesse de la capitale du Gabon depuis plus de 40ans de pouvoir sans alternance.
Savez-vous, Monsieur le PM qu’une seule ville de votre région native comme Nantes dispose d’infrastructures de communications et transports que tous les Gabonais souhaitent avoir depuis près de 44ans ? Nous parlons de la ville de Nantes, une quelconque ville française de moins de 900.000 hab. presque la population Gabonaise.
Quand vous parler de progrès pour le Gabon, avez-vous par exemple comparé le réseau routier de Libreville, capitale du Gabon, à ceux de Nantes, Le Mans, Angers, Laval ou La Roche-sur-Yon, villes de votre région ?
Les infrastructures routières et sanitaires d’une ville comme Nantes pourraient rendre le Gabon autonome en matière de prise en charge de tous ses malades, jusqu’à éviter les évacuations sanitaires onéreuses et souvent mortelles des propres dirigeants du Gabon depuis près de 44ans de règne sans alternance. Il n’y a qu’un âne qui n’aurait pas compris cette évidence de choix politique.
Monsieur le PM de France, imaginez-vous que le Président Sarkozy et tous ses ministres, vous compris, et autres personnalités de l’Etat Français aillent souvent se faire soigner dans des hôpitaux étrangers, Angleterre, Allemagne, USA, Chine……….et voire même qu’ils décèdent dans ces hôpitaux ; ne serait-ce pas là, Monsieur le PM, un désaveux aux résultats de leur propre choix politique et de leur travail ?
Pire encore, que ces personnalités de l’Etat français aient des comptes bien garnis et des hôtels particuliers dans ces pays alors que la France, elle, souffre du manque de ces infrastructures.
Dans ce cas, reconnaitriez-vous la sagesse aux dirigeants de l’Etat français ?
Vous dites «…..Enfin, le partenariat stratégique que nous avons signé avec le Gabon est évidemment
économique à un moment où le Gabon connaît un essor important et où il définit des
ambitions nouvelles dans des secteurs diversifiés, à travers les programmes lancés par le président BONGO……. » Que de slogans creux et sans vie !
Vous confirmez votre mépris de la souffrance des populations Gabonaises. Voyez-vous Monsieur le PM, c’était Bongo avant que vous ne sortiez de votre région du Pays-de-la-Loire en 1967, et c’est toujours Bongo au Gabon depuis que vous êtes aux affaires en France en 2011… Pouvez-vous illustrer votre propos d’essor important pour le Gabon ?
Vous ajoutez «…avec le Grenelle de l’environnement…..Et j’ai eu l’occasion hier soir de saluer publiquement l’engagement du Président BONGO sur ce terrain….»
Avez-vous des actes concrets dans le Gabon qui correspondent au fameux consensus écologique français et qui seraient passés inaperçus pour les Gabonais ?
Les félicitations à Bongo nous rappellent le Maître donnant des bons points ou les bonbons à son petit chien tout sage et bien docile.
Monsieur le PM, vous exhibez l’illusion de paix aux Gabonais comme le font tous ceux qui cultivent la peur dans l’esprit d’un peuple qui veut briser ses chaînes. Sauf que dans un environnement carcéral, la prison, la paix y existe aussi, mais la liberté n’y est pas, comme quoi la paix « illusoire » ne veut pas dire absence de prison encore moins justice sociale.
Vous occultez donc le sens d’une paix au royaume du mépris des institutions. La paix que vous brandissez n’est autre qu’une paix à la matraque et aux menottes ?
Si vous soutenez la situation sociale actuelle du Gabon, vous reconnaissez être complice des mécanismes qui intimident les Gabonais en semant la confusion dans leur esprit et en ne leur laissant de choix qu’entre paix factice et résignation ou violence et dictature.
Vous entretenez la peur qui les réfrène à se libérer du joug des Bongo. Vous transpirez cette méchanceté par vos propos et par la dissolution de l’Union Nationale après votre visite au Gabon : En quoi l’acte individuel du citoyen Mba Obame (personne physique), qui revendique à juste titre la légitimité du peuple, pourrait-il conduire à la dissolution du premier parti de l’opposition (personne morale) ?
Mesurez-vous les conséquences d’un tel acte sur le plan des valeurs démocratiques, du droit constitutionnel par-delà de la cohésion sociale que vous prétendez vouloir promouvoir dans le monde ?
Nous vous savons chrétiens, Monsieur le PM, même la sainteté se doit d’être civile car elle est doublement édifiante quand elle s’allie à une pieuse urbanité. Qui êtes-vous pour traiter avec dédain et mensonges l’amertume de tout un peuple quand vous reconnaissez des bienfaits illusoires au régime des Bongo ? Cette démagogie indigne vous fera inscrire sur la liste noire des complices des tyrans et dictateurs qui auront fait l’opprobre de l’humanité.
Vous et votre progéniture directe devrez l’assumer cette page de l’histoire du Gabon.
Le sacrifice humain de tout un peuple est obscurci dans ce pays par le fait que les Bongo avec votre complicité marchandez la paix factice contre le sang et la liberté de tout le peuple, ceci dans l’éventualité naturelle où ils devraient quitter le pouvoir. Un pouvoir qui leur aurait été prêté constitutionnellement par ce même peuple (si élections véritables il y eut) pour un temps déjà dépassé (44 ans).
Nous eûmes cru que la honte et l’honneur pouvaient encore vous rappeler à la raison, en vain! Nous vous rappelons, Monsieur le PM, que vous n’arrêterez pas la roue de l’histoire.
Aucune dictature au monde n’est tombée sans révolution, et dans le terme RÉVOLUTION il faut entendre VIOLENCE de quelque forme qu’elle sera mais toujours PROPORTIONNELLE AU MAL SUBI PAR LE PEUPLE.
Monsieur Fillon, vous qui êtes PM de l’Etat français, un Etat démocratique, un Etat de droit qui fait de vous un homme libre, protégé et une autorité respectée ; Cet Etat fit aussi, et surtout, du fils d’un immigré Président de la République : N’est-ce pas là, Monsieur le PM, une merveille que l’alchimie de la démocratie et de l’Etat de droit peut produire entre les citoyens d’une même nation ?
Pourquoi refuseriez-vous aux AUTRES HUMAINS l’accès à cette liberté fondamentale : le refus d’une monarchie présidentielle et l’instauration d’un Etat de droit ?
Monsieur Fillon, la vie n’étant éternelle pour personne, nous rappelions à Omar Bongo, du temps de son règne hautain et « invulnérable », l’adage africain qui, loin des élites de l’Etat, dit que : « Quand un sage a vécu de sa bienveillance, la question du legs de sa clairvoyance ne se posera pas ; le village aura donc préparé naturellement dans la source des nouvelles énergies la relève pour garder et conforter la vie du village, la vie entre les familles, la vie au sein de la nation tout entière ». Mais ce challenge, hélas, aura échappé à Omar Bongo.
Les signataires des accords de coopération entre la France et le Gabon se sont trompés.
Les séquelles de ces abus seront gravées, à jamais, dans l’histoire sombre de nos deux pays respectifs, à la différence qu’au Gabon on connaît un seul coupable, une famille, les Bongo.
Soyez en sûr, Monsieur le PM, on lira FORCÉMENT un jour sur une épitaphe de la république Gabonaise et par ricochet Française :
« Ci-gît la politique de l’incompétence et de la haine, la politique des Bongo » Amen !
Tous les Gabonais souffrant de ce régime depuis près de 44ans vous maudissent.
Vous et votre gouvernement perdrez les prochaines élections présidentielles Françaises de 2012.
Dieu, Celui de toutes les religions des hommes, Omniscient et Omnipotent veillera sur cette malédiction qui s’abat sur vous, dirigeants actuels de la France et qui dédaignez l’humanité au Gabon. Il veillera que cette malédiction, inédite dans l’histoire de France, soit exhaussée pour le bien de l’humanité tout entière et donc des Gabonais aussi.
La France retrouvera peut-être son rayonnement de terre des droits de l’homme qu’elle doit promouvoir humainement au-delà de ses frontières. Malédiction à vous ! Malheur à vous !
Les Gabonais de France qui aiment la France et le Gabon.
Abbé Bruno Ondo et Dr. Bruno Ella-Nguéma