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Gabon : Les cinq maux de l’Education nationale selon la Conasysed

De la tentative de musèlement de l’action syndicale à l’organisation depuis deux ans des séminaires dits multidimensionnels, en passant par les fraudes aux examens de fin d’années, tels sont trois des cinq maux responsables, selon la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Consysed), du «délabrement avancé du système éducatif gabonais». Dans sa déclaration du 9 août dernier, publiée in extenso, la confédération syndicale invite «les plus hautes autorités du pays (…) à apporter des solutions concrètes et durables aux problèmes évoqués ci-dessus pendant les vacances scolaires et syndicales afin de permettre, pour une fois, une rentrée scolaire 2011-2012 sans perturbations».

Déclaration de la Conasysed

L’année scolaire 2010-2011 vient de s’achever tristement comme la précédente. En effet, depuis deux ans, le délabrement du système éducatif gabonais a atteint son paroxysme malgré les prétendues réformes, en réalité imaginaires du ministre de l’Education nationale.

Ce délabrement avancé de notre système éducatif est le fruit des problèmes incessants multiformes dont les solutions sont toujours attendues de la part du gouvernement qui n’arrive pas à honorer ses engagements. Entre autres on peut noter :

1- La violation incessante de l’inexécution des accords gouvernement Conasysed de 2009. Cette situation est l’origine des différentes grèves qui ont jalonnées l’année scolaire et qui obèrent le niveau scolaire des enfants par le non achèvement des programmes.

2- La tentative de musèlement de l’action syndicale caractérisé par la prise des textes liberticides, la suspension arbitraire et illégale des salaires des leaders syndicaux et leur traduction tout aussi arbitraire et illégale devant une parodie de conseil de discipline. Toutes ces sanctions arbitraires ont été prises pendant que les leaders syndicaux étaient bel et bien présents à leur poste de travail.

Mais la saisine du Conseil d’Etat au sujet de cette suspension des salaires le 15 février 2011 n’a pas permis de rétablir lesdits salaires sept mois après.

Le 2 août 2011 en effet, le Conseil d’Etat a rejeté les recours en prétextant qu’ils étaient mal fondés. Aussi invite-t-il comme par hasard les requérants à se pourvoir au principal alors que la requête au fond avait bien été déposée depuis le 31 mars 2011 sur demande du même Conseil d’Etat. Le paradoxe ici est que cette décision du Conseil d’Etat contraste curieusement avec celle de la volonté de l’Etat de rétablir lesdits salaires dans les meilleurs délais ainsi que l’a d’ailleurs exprimé l’avocat de l’Etat, Maitre Nkéa, dans ses conclusions déposées le 26 avril 2011 devant ladite juridiction. Fort de cet imbroglio juridique, au dessein inavoué, la Conasysed s’est vue l’obligation de saisir la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples le 3 août 2011, cour basée à Arusha en Tanzanie.

Par ailleurs, si d’ici le 25 août 2011, lesdits salaires ne sont pas rétablis avec rappel des mois impayés y compris la Prime d’incitation à la fonction enseignante (PIIFE), les neuf leaders se réservent le droit d’entrer en grève de la faim illimitée dès le 26 août 2011. Ainsi par cet acte, le ministre de l’Education nationale en particulier et le gouvernement en général, porteront la responsabilité de l’élimination physique des leaders tant souhaitée par eux pour une paix durable au Gabon.

3- Sur l’organisation des examens 2011, la Consysed réitère que le BEPC et la BAC ont été émaillés de fraudes massives n’en déplaise au ministre de l’Education nationale qui se gargarise des résultats frauduleux.

En effet, pour avoir décidé de faire dans le social en décernant par tous les moyens y compris ceux frauduleux le BEPC et le BAC à tous les candidats, le gouvernement a laissé fuir les sujets au BAC et a autorisé la manipulation informatique des résultats du BEPC par la direction générale des examens et concours alors que selon le décret 632, l’organisation et la proclamation des examens sont des tâches qui incombent aux directions d’académie provinciales.

Une fois de plus, la Conasysed demande au gouvernement de diligenter une enquête à ce sujet à moins que son silence soit un signe de culpabilité. Pour sa part, la Conasysed qui n’entend pas cautionner ladite fraude a déjà saisi l’UNESCO.

4- Enfin et pour ce qui est de l’organisation depuis deux ans des séminaires dits multidimensionnels et autres rencontres, la Conasysed estime qu’ils constituent des moyens légaux de détournements des deniers publics. Ces séminaires sont contre productifs pour les enseignants et privatifs de leurs vacances scolaires, avantage assimilable aux vacances judiciaires pour les magistrats ou pour les parlementaires en intersession parlementaire. De plus, malgré les moyens colossaux déployés à cet effet, les enseignants ne sont pas pris en charge. Au contraire les enseignants s’en trouvent paupérisés au sortir de ces séminaires en ayant au préalable dépensé de l’argent pour le transport, la photocopie des documents…

Sur les affirmations du ministre de l’Education nationale, selon lesquelles tous les syndicats étaient présents à la réunion du 24 juillet 2011 au ministère, la Conasysed dément formellement avoir pris part à celle-ci et informe qu’elle ne prend part à la tournée actuelle du ministre.

5- Sur la décision du ministre de l’Education nationale de ne plus exclure les élèves malgré plusieurs échecs répétés dans une même classe et d’organiser le concours de recrutement des élèves de la classe de 5e jusqu’en terminale, la Conasysed pense qu’il se pose un réel problème lié au déficit en enseignants.

A ce sujet, la Conasysed demande au gouvernement de surseoir à ces mesures pour se consacrer plutôt à une construction rationnelle des bâtiments scolaires qui tardent malheureusement à voir le jour depuis l’arrivée de l’actuel ministre de l’Education nationale. A cette exigence, s’ajoute le devoir de formation et de recrutement massif des enseignants pour un ratio de 30 élèves par classe et par enseignant selon les normes internationales.

Comme on peut le constater, le tableau du système éducatif gabonais est sombre. En conséquence, la Conasysed invite les plus hautes autorités du pays notamment le président de la République et le Premier ministre à apporter des solutions concrètes et durables aux problèmes évoqués ci-dessus pendant les vacances scolaires et syndicales afin de permettre, pour une fois, une rentrée scolaire 2011-2012 sans perturbations.

Fait à Libreville le 9 août 2011

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