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Bruno Ben Moubamba: “Je choisis de m’extraire officiellement de la compétition politique entre André MBA OBAME et Ali BONGO ONDIMBA ”

A la veille de la fête du 17 Août 2011, marquant le 51ème anniversaire de l’indépendance du Gabon, Bruno Ben MOUBAMBA, Vice-président de l’ex Union Nationale a accordé une interview exclusive à notre rédaction après la dissolution de leur parti et le discours de Zacharie MYBOTO. Il est largement revenu sur les maux qui ont conduit l’UN au suicide. La politique nationale et d’autres sujets d’actualité, notamment le débat au Gabon sur « pas de Législatives sans biométrie » ainsi que les conflits ethniques nourris par certains politiques étaient aussi au centre de cet entretien. Sans toute fois oublier « La sorcellerie politique ».

“Je choisis de m’extraire officiellement de la compétition politique entre André MBA OBAME et Ali BONGO ONDIMBA ”, Bruno Ben MOUBAMBA.

Infos Gabon : Un an et sept mois seulement après sa création, l’UN, le parti de Zacharie MYBOTO qui vivait depuis la prononciation de sa dissolution par le Ministre de l’Intérieur, sous « assistance respiratoire », a finalement rendu l’âme. Votre réaction à chaud M. Ben MOUBAMBA ?

Bruno Ben MOUBAMBA (BBM) : J’ai voulu aider modestement mon pays en tant que chrétien engagé dans des actions humanitaires à partir de 1999 et la politique n’a pas été un objet de calcul de ma part mais plutôt un « chemin de croix » pour le Peuple Gabonais. Je suis avant tout un catholique formé par l’Église Catholique. Le Pape Paul VI a dit un jour dans une Lettre Encyclique (Populorum Progressio) parue le 26 mars 1967 : « Être affranchis de la misère, trouver plus sûrement leur subsistance, la santé, un emploi stable, participer davantage aux responsabilités, hors de toute oppression, à l’abri des situations qui offusquent leur dignité d’hommes, être plus instruits ; en un mot, faire, connaître, et avoir plus, pour être plus, telle est l’aspiration des hommes d’aujourd’hui », et « ce désir est légitime ».

C’est donc légitimement que j’ai essayé sincèrement de me mettre au service des Gabonais comme je pouvais en soutenant quelques écoles à l’intérieur du pays. Mais l’arrestation de quelques connaissances et « amis » fin décembre 2008, suivie d’une réaction très dure des « autorités » de l’époque, face à ma Lettre Ouverte au Président Omar BONGO m’a poussé à me lancer dans la bataille politique comme un « pauvre » David contre la puissance de Goliath. Pour défendre des valeurs humaines au Gabon, j’ai été obligé de poser ma candidature comme « indépendant » aux Présidentielles de 2009, « pour l’honneur et pour l’Histoire » du Peuple Gabonais, ainsi que je l’ai précisé par ailleurs.

A la fin des « Présidentielles de 2009 » pendant lesquelles j’estime avoir fait passer un vrai message, je me suis retrouvé avec un certain nombre d’acteurs politiques issus du Parti Démocratique Gabonais (PDG), dans une plate-forme politique d’opposition, pour aider le pays à avancer. Ils ne m’ont pas payé ni rien donné, j’y suis allé comme un Chrétien qui n’est pas en guerre contre les personnes mais contre ce que Jean-Paul 2 a appelé des « structures de péché« . N’est-ce pas normal ?

Nous avons créé l’’Union Nationale en février 2010 mais peut-être que je n’ai pas bien perçu l’objectif de l’UN : Était-ce de créer un parti politique capable de dépasser la « mauvaise concurrence » entre nos provinces qui fait du mal au Gabon et pour que le parti au pouvoir depuis 1968 ait enfin une vraie force en face ? Ou était-ce pour aller soutenir André MBA OBAME, l’un des « grands » candidats du scrutin de 2009, dans son « bras de fer » avec son « frère » Ali BONGO ONDIMBA, pour le fauteuil présidentiel ? Je n’avais jamais été membre d’un parti mais je ne suis pas allé dans l’UN pour tout accepter.

Le parti UN a été interdit au Gabon ? Qu’à cela ne tienne, je respecterai la LOI de mon pays même si je trouve que c’est très dangereux, ce qui a été fait ! Mais bon, je prends acte de la dissolution de l’Union Nationale sans renoncer à mes convictions. Je resterai fidèle aux grands idéaux pour lesquels j’ai co-fondé ce parti, mais je veux être clair avec tous les Gabonais : à partir de maintenant, j’ai repris toute ma liberté, tout en respectant l’ensemble des personnes qui ont porté notre formation politique désormais interdite.

Je choisis de m’extraire officiellement de la compétition politique entre André MBA OBAME et Ali BONGO ONDIMBA parce que je ne suis pas dans leurs problèmes mais je ne trahirai jamais les espoirs du Peuple Gabonais et les idéaux qui m’ont paru être portés par l’UN.

Infos Gabon : Au regard de toutes les intelligences que regroupait ce grand parti de l’opposition et vu ses perspectives politiques, disait-on prometteuses, tout le mystère est de savoir comment, mais surtout pourquoi l’UN est parvenue à se suicider ?

BBM : Le parti UN ne s’est pas suicidé. Tous ceux qui se sont engagés dans cette affaire de l’UN ne sont pas venus les mains vides. Zacharie MYBOTO, le défunt Pierre-Claver Zeng et Gérard ELLA ont apporté leurs partis, Jean EYEGHE-NDONG et Casimir OYE MBA ont apporté leurs expériences en tant qu’anciens Premiers Ministres et moi-même j’ai contribué à donner une certaine image à l’UN avec mon modeste parcours d’Acteur Libre de la société civile.

L’ « explosion en vol » de l’Union Nationale est venue à mon humble avis du fait que certains, comme moi-même, n’avons pas été informés des stratégies de certains chefs de l’UN, que celles-ci soient fondées ou malheureusement erronées. Peut-être à cause de l’éloignement.

Par exemple, je n’étais pas pour que l’opposition gabonaise aille rencontrer le Président Sarkozy en février 2010, que l’on fasse confiance à l’ONU ou à la Communauté internationale à 100%. Mais que pouvais-je faire face à deux anciens Premiers Ministres (OYE MBA et EYEGHE NDONG), un ex-Ministre de l’Intérieur (MBA OBAME) et un quasi « Vice-Président » (MYBOTO) du Gabon pendant de longues années ? En plus, je n’assistais pas aux réunions.

Je crois que « les plus jeunes » de ma génération n’ont pas encore assez devoix au chapitre dans notre beau pays notamment en raison du « respect dû aux ainés ». Peut-être devrions-nous mieux nous faire entendre malgré tout. Même dans nos villages les plus reculés, les jeunes et les non-initiés peuvent s’exprimer dans la « case à palabre ».

Ce n’est pas seulement l’UN qui est « cadavèrè (mort ou à terre) » comme dit une chanson congolaise, l’opposition est « cadavèrè », le Parti au pouvoir aussi est un peu « cadavèrè » et tout le monde est « cadavèrè ». Ne regardez pas seulement l’UNION NATIONALE, regardons-nous chacun personnellement. Si on veut arrêter avec le « on va encore faire comment ? », chacun doit d’abord balayer devant sa maison.

Infos Gabon : En fait, on peut dire d’emblée que l’UN, créée le 10 février 2010 par un conglomérat hétéroclite d’anciens candidats à la présidentielle anticipée du 30 août 2009, répartis entre anciens barons du Parti Démocratique Gabonais (PDG), de la Majorité présidentielle et d’anciens et néo-opposants radicaux, portait déjà en lui les germes de sa propre destruction ?

BBM : Je vois ce que vous voulez dire : André MBA OBAME avec son passé de « dur des durs » du régime d’Omar BONGO n’aurait pas pu s’entendre avec Zacharie MYBOTO, avec qui il avait eu certaines difficultés, notamment autour des Présidentielles controversées de 2005 ? Ben MOUBAMBA ne pouvait pas s’entendre avec André MBA OBAME, à la suite des conflits entre l’ex-Ministre de l’intérieur et une partie de la Société Civile gabonaise ? J’ignore qui sont les artisans du rapprochement entre André MBA OBAME et Zacharie MYBOTO, mais on peut supposer que ceux qui ont milité un temps dans un même parti, ceux qui ont siégé dans les mêmes gouvernements d’Omar BONGO ont des atomes crochus entre eux que les disputes momentanées n’effacent pas définitivement.

Je peux vous dire en tout cas que j’ai senti de l’estime et du respect pour ma « petite personne » de la part de tous les anciens hiérarques du Parti Démocratique Gabonais (PDG) avec qui j’ai fondé l’Union Nationale. Est-ce qu’ils m’ont fait confiance à 100 % ? Je ne sais pas ! C’est à eux de le dire ! Une chose est sûre, personne ne peut dire que Bruno Ben MOUBAMBA n’a pas été loyal envers son parti, puisque j’ai accepté de suivre les stratégies de mes partenaires, mêmes les plus discutables. Je me suis plié par esprit de discipline à toutes les décisions, y compris celle de me nommer « Ministre ».

Je vous assure qu’en tant que chrétien, je ne peux pas être en guerre contre une personne. Je suis en guerre contre les choses qui sont mauvaises au Gabon. Je ne suis même pas en guerre contre Ali BONGO ONDIMBA et André MBA OBAME. Pourquoi serais-je en guerre contre X ou contre Y ? Mes partenaires de l’UN n’étaient-ils pas auparavant avec le Président Omar BONGO ONDIMBA ? Et pourtant, nous avons créé l’UN ensemble. Donc cela veut dire que tout le monde peut changer et espérons le, même les BONGO ONDIMBA. Et pourquoi pas ? En tous cas, le Chrétien ne cultive pas la haine contre les gens, même pour ceux qui veulent le tuer sans raison valable. Ce contre quoi je me bats c’est le système mis en place par Omar Bongo et toute la fameuse « Sorcellerie Politique ».

Ma formation par l’Église Catholique au Collège Bessieux m’a donné une VISION je crois intéressante pour le Gabon où les gens ont tendance à trop se détester pour rien. Dans le développement matériel auquel tous les peuples doivent prendre part, (pas seulement les Occidentaux ou les Chinois), l’enseignement du Pape Paul VI dit ceci : l’homme, qui boit le sang de son frère comme un animal méchant, doit désormais devenir son frère. Le Pape a dit : « L’homme doit rencontrer l’homme, les nations doivent se rencontrer comme des frères et sœurs, comme les enfants de Dieu … Nous devons également commencer à œuvrer ensemble pour édifier l’avenir commun de l’humanité » et, par une meilleure répartition des richesses, « réaliser une véritable communion». Pourquoi cela ne serait pas possible ? On n’est pas des animaux quand même !

Infos Gabon : Pensez-vous que cette alliance de raison et non de cœur était pourvue d’arrière-pensées égoïstes ? En un mot, l’UN a payé d’un multicéphalisme incarné par Zacharie MYBOTO, André MBA OBAME et de Bruno Ben MOUBAMBA ?

BBM : Seul Dieu connaît les pensées véritables des êtres-humains. J’ai choisi de faire un bout de chemin politique avec les anciens barons du Parti Démocratique Gabonais (PDG) devenus des opposants, pour les raisons suivantes : pendant ma grève de la faim du 15 au 30 août 2009 devant l’Assemblée Nationale à Libreville, Zacharie MYBOTO est venu m’apporter son soutien comme Casimir OYE MBA et Jean EYEGHE NDONG. Ils m’ont montré de l’humanité et du respect. André MBA OBAME m’a rendu visite également et m’a semblé sincère. Il n’y avait donc aucune raison de ne pas donner une chance à « l’entente cordiale » pour le bien du Gabon. Je leur ai en tout cas accordé le bénéfice du doute, comme je l’ai souvent dit.

Je ne suis pas sectaire car même Ali BONGO ONDIMBA aurait pu rendre une visite fraternelle au gréviste de la faim que j’étais alors. Il ne l’a pas fait. Pourquoi les gens auraient-ils été choqués ? Nous les Chrétiens nous combattons le mal qui est en nous et dans le monde. Tout le monde est enfant de Dieu, même Ali BONGO ONDIMBA. Je ne le connais pas mais comme un bon Gabonais je voudrais dire : J’ai quel problème avec ce monsieur ? Il faut qu’on arrête de gaspiller le pays, c’est tout. Est-ce que c’est trop demander à ceux qui ont le pouvoir d’arrêter de faire du n’importe quoi ? Le pays n’est-il pas à tout le monde ? Est-ce que les gens qui « commandent » ce pays vont emmener le Gabon dans leur cercueil ? Réfléchissons bien. Un peu de réflexion ne ferait pas de mal aux uns et aux autres.

Pour finir et croyez moi, l’UN n’a pas souffert d’une querelle d’egos comme vous semblez le penser. Il y a eu d’une part quelques erreurs d’appréciation et stratégiques qui ont été fatales à notre parti, du moins dans sa forme administrative et d’autre part, je n’ai pas pu ou su faire passer mes idées, car ne faisant pas partie du « microcosme » pour reprendre un terme cher à un ancien Premier Ministre gabonais, Jean-François NTOUNTOUME EMANE.

Infos Gabon : On vous reconnaît très zélé et certains disent de vous un impétueux « ministre » virtuel des « affaires étrangères », M. Bruno Ben MOUBAMBA, votre réaction ?

BBM : Je suis passionné pour mon pays, parce que j’aime cette terre sur laquelle je suis né. Zélé ? Évidemment ! Je ne peux que partager la souffrance des Gabonais déçus, en colère, apeurés et révoltés. Dans tous les pays il y a des voleurs mais de grâce, et là je parle à l’opposition comme au pouvoir : si vous voulez voler l’argent du pays, malheureusement personne ne peut aujourd’hui vous en empêcher ; mais quand même, est-ce normal que les gens vivent dans des taudis, meurent sans soins ? Prenez l’argent que vous voulez mais pardon, nous ne sommes qu’1 million d’habitants nous voulons juste des maisons propres, des médicaments, la sécurité matérielle, la liberté d’expression et de conviction, la liberté de créer des entreprises et de bonnes écoles pour les petits Gabonais. Est-ce que c’est vraiment trop demander aux gens qui ont le pouvoir de rendre les gens heureux car ils détiennent les richesses ahurissantes de notre pays ? Je suis prêt à arrêter la politique tout de suite si je vois qu’enfin on développe le pays et qu’on laisse aux Gabonais la chance de devenir des gens heureux. .

Vous savez, Je suis comme tous les Gabonais. J’ai eu peur de dire la Vérité comme beaucoup au Gabon. Personne ne me protège en haut-lieu et je n’ai pas signé de pacte avec qui que ce soit. Mais j’ai compris que je ne devais plus avoir peur du danger. Qui ne va pas mourir un jour ? Même Les Présidents de la République meurent, les Mamadou (riches) meurent, les Makaya (pauvres) meurent. A quoi cela sert de sauver sa misérable vie si à la fin on perd son âme et on ne laisse que de mauvais souvenirs aux Gabonais ? A quoi a servi tout ce que les gens ont ramassé dans le pays ? A la fin chacun finit sous la terre. C’est évident non ?

C’est vrai que pour critiquer le pouvoir en place, il m’a fallu un peu de courage physique et mental, qui plus est sans aller négocier des avantages personnels. Ces dernières années ont été très difficiles pour beaucoup et moi j’ai fait de mon mieux pour servir le débat national. J’ai subi des pressions immenses, des humiliations, des trahisons, des manipulations diaboliques qui blessent profondément … J’ai risqué ma santé et pire encore ma vie, pour le Peuple Gabonais que certains présentent pourtant comme un Peuple qui ne mérite pas qu’on meure pour lui. Or, le Peuple Gabonais ce sont nos propres pères, nos mères à tous, nos frères et nos sœurs … Ils méritent tous qu’on souffre un peu pour eux car la famille de chaque Gabonais c’est aussi le Peuple Gabonais.

Que chaque Chrétien au Gabon ou que chaque citoyen de bonne volonté ait confiance en Dieu et en son pays. Nous croyons en un Dieu vrai et plein de bonté. Pourquoi voulez-vous qu’Il nous abandonne si notre combat est juste ? Il faut que l’on fasse quelque chose pour notre pays sinon les « sorciers » vont continuer à »sacrifier » les pauvres Gabonais.

Si nous ne voyons pas le Gabon dont nous rêvons de nos yeux, faisons tout notre possible au moins pour qu’il profite à la prochaine génération. Tout le monde ne peut pas être Président d’un pays. L’ambition personnelle n’est pas un moteur mais le rêve d’un autre avenir possible pour les Gabonais, lui, en est un. Qui ne voudrait pas tout faire pour que ses enfants, ses frères ou sa famille soient heureux ? Quand nous entendons « La Concorde » notre hymne nationale, le Peuple Gabonais ne devient-il pas comme une même famille ?

Infos Gabon : D’aucuns ont critiqué vigoureusement la passivité des fortes têtes du parti face aux gesticulations d’André MBA OBAME doublée de l’invisibilité notoire d’un projet politique éclipsé par « le fanatisme autour d’un homme » que vous avez, en son temps, dénoncé. Êtes-vous convaincu que cela a définitivement ruiné l’idée selon laquelle l’UN pouvait constituer une alternative crédible ?

BBM : Je crois surtout que les Gabonais doivent comprendre une chose : le « Bien » de notre peuple n’est pas entre les mains d’un individu, que ce soit Ben MOUBAMBA, Ali BONGO ou André MBA OBAME pour ne citer que ces noms et il y en a d’autres. Nous, au Gabon, nous sommes trop prêts à nous diviser pour les mauvais combats. Regardez comment la Côte d’Ivoire a été cassée à cause des mauvaises stratégies du NORD comme du SUD.

Ne suivons pas quelqu’un chaque fois comme des moutons, mais pensons par nous-mêmes. Arrêtons de croire que l’arrivée au pouvoir d’un « Messie« qui vient de notre région ou notre village, c’est ce qui va permettre aux gens de chez-lui, d’accéder à l’argent du Gabon. Ce n’est que de la Sorcellerie Politique. C’est là que nous devons être vigilants.

Regardez, on vit près des ordures et des immondices. Ces poubelles nous rendent malades et tuent nos enfants doucement. Pourquoi est-ce qu’on accepte cela ? Ailleurs des populations ne peuvent pas accepter de vivre une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue. Il y a des Peuples qui ont compris, comme en Chine, que pour s’en sortir tout le monde devait retrousser ses manches, que le salut ne descend pas du ciel tout seul car il faut que les gens se sentent responsables. Le développement ce n’est pas de la magie, il faut que les Gabonais apprennent à s’organiser et je suis prêt à aider dans ce sens. Je crois qu’à un moment il va falloir que l’on cesse de mettre en avant Mamadou ou Makaya comme si un seul doigt pouvait laver toute la figure d’une personne.

André MBA OBAME, Pierre MAMBOUNDOU, Ben MOUBAMBA et d’autres encore ne sont pas des dieux mais de simples êtres humains qui peuvent vous décevoir. Mais dans une vraie « marche en avant » comme on a vu en Chine, quand une personne tombe, normalement dix doivent être capables de reprendre le flambeau. Et pourquoi au Gabon, quand une personne tombe, beaucoup de gens s’en réjouissent ? Qui nous a ensorcelés de cette façon ?

Infos Gabon : Peut-on parler dans cette condition d’une faiblesse de culture d’opposition chez les hommes politiques dont nombreux ont passé près de 25 à 30 ans dans le confort du Parti au pouvoir ?

BBM : Arrêtez un peu, nous n’avons pas à stigmatiser l’opposition seule car c’est toute la société gabonaise qui est comme possédée par un esprit diabolique, mais les gens sont en train de changer dans le bon sens. Je me suis permis de parler en 2009 de la nécessité d’une « Révolution Éthique » au Gabon. Vous parlez de « culture d’opposition » mais c’est toute notre culture qui a besoin d’être revivifiée ainsi que l’ensemble de nos valeurs. Il faut que des personnes saines d’esprit s’engagent à vivre dans la Vérité parce que la Vérité c’est important et elle rend vraiment libre. Il ne suffit pas de se dire croyant car même les démons croient en Dieu selon la Bible mais il faut aussi pouvoir vivre dans un environnement sain. Quand je vois les salles de classe dans lesquelles nos enfants s’entassent, je me dis que ce n’est pas vrai et qu’il faut faire quelque chose. Et si les personnes de bonne volonté restent assises à regarder ce qui se passe sans bouger, que voulez-vous qui se passe ? Rien ne va changer. Si vous aimez la Vérité, à un moment, vous ne pouvez plus fermer les yeux devant du mensonge. Vous devez prendre vos responsabilités et faire quelque chose de bien dans votre vie.

Moi, j’ai pensé en 2009 que des dissidents du parti au pouvoir (MYBOTO, MBA OBAME, OYE MBA, EYEGHE NDONG et d’autres) très expérimentés dans les choses de l’État, pouvaient peut-être favoriser une bonne évolution du Gabon, comme dans d’autres pays. Qui peut vraiment me le reprocher ? On doit toujours essayer de faire le bien plutôt que de rester assis à commenter du matin au soir.

Si vous ne faites rien, qu’est-ce qui se passe ? Le mal continue d’avancer partout dans votre pays : on est prêts à vendre son frère ou son ami comme Judas a vendu son ami Jésus, on manque de sincérité dans ce qui est fait, le culte de l’effort et du travail bien fait se met à disparaître, on ne va pas à l’essentiel des choses pour rester à chaque fois dans la superficialité, nous sommes obsédés par l’argent qui autorise tous les mensonges et toutes les manipulations, les femmes sont obligées de vendre leurs corps, les jeunes filles également et le désordre s’installe partout, les grossesses précoces, les maladies comme le SIDA, le neuropaludisme ou la poliomyélite qui rend les enfants infirmes.

Il n’y a pas que l’argent dans la vie tout de même ! Attention, je ne dis pas que les Gabonais ne doivent pas gagner beaucoup d’argent car ils le méritent mais pas n’importe comment et à n’importe quel prix. C’est pourquoi ceux qui ont des valeurs et des idées doivent se réveiller. Voici le temps de sortir du sommeil de la peur.

Je suis vraiment prêt aujourd’hui à me mettre au service des Gabonais qui cherchent à faire du bien pour que le mal recule au Gabon. Nous pouvons le faire et le moment venu nous saurons comment nous allons nous organiser.

Infos Gabon : Actuellement fragilisé et quasiment décrédibilisés malgré le soutien de bon nombre de militants et de sympathisants, comment pensez-vous les cadres de l’ex-UN, fortement attendus lors des prochaines législatives doivent se comporter sur le terrain en vue de se procurer une nouvelle embarcation pour un nouvel horizon, au risque de mourir politiquement ?

BBM : Ali BONGO ONDIMBA en interdisant l’Union Nationale a pris ses responsabilités et André MBA OBAME a pris les siennes en s’autoproclamant Président élu. Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Qu’ils assument leurs prises de responsabilité. C’est leur problème, je n’étais pas au pouvoir avec eux.

J’ai dit que je me retirais de cette « concurrence politique » entre deux frères à laquelle je ne m’attendais pas en co-fondant l’UN. Celles et ceux qui veulent se mettre à la recherche de la Vérité pour le Gabon vont peut-être me faire confiance et ceux qui pensent que l’argent seulement peut tout faire dans la vie, comment voulez-vous les faire changer d’avis, s’ils ne prennent pas conscience eux-mêmes ? Dans tous les cas, il ne faut juger personne.

Je crois cependant que les Législatives actuelles ne sont pas une finalité en soi. De plus, il n’y a pas que la politique dans la vie. Et même ceux pour qui la politique est la priorité des priorités savent bien que la « mort politique » n’existe pas tant que l’on a une bonne santé et toute sa tête. En réalité notre pays le Gabon a besoin de quelque chose de nouveau car nous voyons bien que le Peuple Gabonais aspire à plus … Mais il faut que les gens comprennent que les politiques n’ont pas toutes les cartes en main même s’ils ont de grandes possibilités d’action. Il faut des initiatives de tous genres : culturelles, artistiques, sociales, scientifiques, éducatives autant que politiques. Chacun peut faire progresser le Gabon et je suis prêt à accompagner toutes les bonnes initiatives.

« Le débat au Gabon sur « pas de Législatives sans biométrie » n’est pas sérieux »

Infos Gabon : Et le débat au Gabon sur « pas de Législatives sans biométrie » ?

BBM : Le débat au Gabon sur « pas de Législatives sans biométrie » n’est pas sérieux et les Gabonais ne doivent pas suivre cette distraction politique. Je dois dire la Vérité aux Gabonais. L’opposition gabonaise adopte parfois des positions indéfendables pour un esprit honnête. Voici pourquoi :

– Premièrement : Est-ce que ceux qui se battent pour imposer la Biométrie peuvent nous dire si le problème du Fichier de Naissance des Gabonais a été déjà résolu dans le pays ? Je m’explique : pourquoi la maternité de Lambaréné par exemple n’est pas reliée par informatique à la Mairie centrale de cette ville ? Ce n’est pas difficile à organiser mais on préfère la Sorcellerie Politique sans doute. Si on informatise toutes les naissances au Gabon, le médecin qui fait l’accouchement n’aurait qu’à rentrer les informations sur l’enfant qui vient de naître dans un ordinateur. On saurait immédiatement tout sur cet enfant au lieu de laisser passer des jours et des jours jusqu’à ce que les parents aient le temps de passer à la Mairie, s’ils ont le courage de faire des démarches trop longtemps après la naissance d’un bébé sur notre territoire.

L’opposition doit cesser de s’amuser avec la Biométrie car il faut protéger la Nationalité Gabonaise. Ce sont les mêmes qui crient qu’Ali BONGO n’est pas Gabonais qui veulent la Biométrie. C’est une blague ou quoi ? Mais mon Dieu, si le problème du Fichier de Naissance n’est pas résolu d’abord, tous les faux papiers du Gabon vont être introduits dans le Fichier Biométrique que veulent les opposants. On prendra tous les faux-passeports du pays et tout le monde deviendra Gabonais. Ce n’est pas responsable de la part de gens qui ont « fait l’école » comme on dit au Gabon. Je propose qu’on ouvre d’abord le débat sur le Fichier de Naissance à tous les spécialistes. Il n’y a pas que les politiciens dans un pays.

– Deuxièmement, l’opposition veut la Biométrie sans résoudre le problème du « Découpage Électoral » du Gabon. J’explique de nouveau : la grande majorité des députés sont élus à l’intérieur du pays par 50, 90 ou 100 électeurs alors que la majorité des Gabonais vit dans les grandes villes. Est-ce que vous ne voyez pas là un problème ? Il faut d’abord régler le problème de ceux qui sont élus avec les voix de tous leurs parents frères, sœurs et bonnes amies du village par rapport à ceux qui sont élus dans les villes avec 1000, 2000, 3000 voix ou plus. Le découpage électoral n’est pas juste et bon, c’est le vrai problème des Législatives et de toutes les élections locales au Gabon. Je demande qu’on change tout ça ;

– Troisièmement enfin, on doit tout faire pour que toute l’administration gabonaise soit informatisée. Arrêtons de dire « sans la Biométrie, on ne peut rien faire ». Quelle est cette nouvelle distraction ? La Biométrie existe quand on est identifié par l’État. Au Gabon, quand un enseignant ou un fonctionnaire a des problèmes, il va au Ministère. Le Ministère ne peut pas régler les détails de la vie de chaque fonctionnaire. Il ne suffit pas de traiter les autres d’amateurs alors qu’on a été incapables d’informatiser la petite administration du Gabon qui n’est pas celle de pays très peuplés comme le Nigéria ou le Ghana. Il faut informatiser et décentraliser les services.

Donc arrêtons de jouer avec cette question de la Biométrie et réglons les vrais problèmes. Et ce n’est pas soutenir le pouvoir que de dire la Vérité sur un sujet aussi sensible.

Infos Gabon : Bruno Ben MOUBAMBA est un acteur politique très instable qui se croit malin. Mais avant l’élection présidentielle de 2009, il nous revient que vous aviez rencontré Pascaline BONGO ONDIMBA aux États-Unis sur demande de cette dernière, alors même que vous étiez en pourparler avec l’opposition en France au même moment. C’est pour vous dire que depuis très longtemps vous êtes en discussion permanente avec la famille BONGO et surtout la grande sœur de l’actuel président ? Soyez plus clair, car le bas peuple devient très vigilant ?

BBM : Instable pourquoi ? Non, je n’ai pas rencontré Pascaline BONGO ONDIMBA aux États-Unis. Et qui vous a dit que j’étais en guerre contre les enfants d’Omar BONGO ? D’autres peut-être, mais pas moi. Nous n’avons pas de compte commun, je n’ai pas épousé leur fille et je ne suis pas dans leurs réseaux. Ils sont Gabonais comme moi, ni plus, ni moins. Eux sont peut-être en guerre contre moi parce que j’ai écrit à leur défunt père mais moi je ne les hais pas personnellement. La chose est que je ne vais jamais pactiser avec qui que ce soit pour faire du mal aux Gabonais. Si je dois parler à un BONGO qui veut devenir meilleur je le ferai sans problème. Ce n’est pas une question de personnes. La plupart des chefs de l’UN étaient bien avec Omar BONGO non ?

J’étais « fâché à mort » contre André MBA OBAME le Ministre de l’Intérieur d’Omar BONGO. Aujourd’hui on se parle. Il y a des gens qui en veulent personnellement aux enfants de BONGO mais qui ont mangé « l’argent d’Omar BONGO » et qui ont attendu courageusement que le Président BONGO meure d’abord pour montrer aux Gabonais qu’ils étaient courageux. Et si un enfant d’Omar BONGO veut vraiment faire le bien compatible avec les valeurs de justice que les Gabonais attendent, allons-nous lui cracher à la figure à cause de son nom ? Ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Qu’on ne compte pas sur moi pour aller faire des mauvaises choses avec le pouvoir en place ni avec les opposants. « Je ne suis pas dedans« , comme on dit au Gabon. Je me bats pour notre terre et non pour régler les comptes des autres.

A ceux qui veulent s’engager, je veux dire ceci : Les rumeurs sur les acteurs sont le prix de l’engagement et ne méritent pas de commentaire particulier. Si, peut-être celui-ci : l’unique intérêt que j’aurais à rencontrer un membre de la famille BONGO serait de savoir très exactement qui a donné l’ordre de tirer sur Bruno Ben MOUBAMBA entre décembre 2008 et janvier 2009 à Sindara dans la Ngounié, au cœur d’une Mission catholique où des militaires ont débarqué avec ma photo, fortement armés, et en effrayant de petits écoliers dont nous nous occupions avec une ONG, pour une simple Lettre au Président Omar BONGO.

Quel est ce pays où on peut assassiner des citoyens pour de simples idées ? Et qui a pu autoriser l’embastillement de membres d’une partie de la société civile, en décembre 2008 dans des conditions inacceptables, au prétexte qu’ils étaient de mes connaissances ? Moi en tant que Catholique et Chrétien j’ai pardonné à ceux qui ont voulu me faire du mal à plusieurs reprises. Je n’ai pas envie de me venger mais cela n’empêche pas de vouloir connaitre la Vérité sur les commanditaires d’une tentative de meurtre. On est chrétiens mais pas des moutons ou des pigeons et personne n’a envie de se faire agresser gratuitement et sans raisons.

Infos Gabon : Vous vous souviendrez lorsque Lemboumba était opposant, il continuait à entretenir des relations d’affaires avec Omar BONGO ONDIMBA, et ne disait jamais à ses militants ou son entourage direct qu’il entretenait des relations avec son prétendu adversaire et certains membres de son entourage qui étaient exil en France. Ces derniers ont dû négocier leurs retour au Gabon par leurs propres relations ou en allant faire des suppliques pour certains à Paul TOUNGUI.

BBB : Il n’existe aune relation ni de près ni de loin avec Paul TOUNGUI ou un des barons du pouvoir en place. Je suis totalement étranger aux réseaux du pouvoir gabonais mais je ne vais jamais développer un discours de haine contre qui que ce soit. Je suis parfois étonné qu’on accorde tant de crédit à ceux qui ont géré le Gabon et qui sont devenus des opposants, sont repartis dans les Gouvernements d’Omar BONGO puis sont revenus dans l’opposition. Ainsi de suite … C’est vraiment de la vraie Sorcellerie Politique tout ça.

Moi, Bruno Ben MOUBAMBA je n’ai jamais géré le Gabon, je n’ai pas été responsable d’un département ministériel en terre gabonaise ou même d’une simple direction générale. Ben MOUBAMBA n’a pas détourné l’argent du Peuple Gabonais, ni conclu le moindre marché avec qui que ce soit pour gagner le moindre franc CFA au Gabon sur le dos des Gabonais. Le simple citoyen que je suis ne doit rien ni aux BONGO ni aux ténors de l’opposition. Voila ce qui gêne peut-être certaines personnes qui ont beaucoup à se faire pardonner. Et ils essaient de tenter de salir tout le monde mais cela ne leur servira à rien. Les Gabonais savent à peu près où sont allés les milliards de francs CFA du Gabon et ce n’est pas dans la poche de Bruno Ben MOUBAMBA. Dieu merci.

Infos Gabon : Nombreux de Gabonais savent que vous êtes en pourparlers avec Ali BONGO depuis six mois. Si vous êtes tombés d’accord, pourquoi continuez-vous à tirer à boulet rouge sur le pouvoir, la preuve est que vous êtes allé à Addis-Abeba pour le sommet de l’UA au nom du gouvernement MBA OBAME, Pourquoi y êtes-vous allé si vous n’étiez pas solidaire de l’action du PNUD et de ce gouvernement ?

BBM : Il n’y a aucune négociation directe ou indirecte avec M. Ali BONGO ONDIMBA. Le mensonge qui règne au Gabon est terrible mais il ne doit pas inquiéter les Gabonais. Si nous croyons en la Justice, nous savons par avance que le « prince des ténèbres » est déjà vaincu. Ses serviteurs développent des stratégies pour piéger tout le monde. BONGO ici, BONGO par-là, c’est comme le Kongossi ou le Kongossa (la rumeur c’est notre presse populaire). En fait, ce sont les arguments faibles de ceux qui manquent d’arguments pour convaincre ou entraîner le Peuple Gabonais et qui voudraient eux-mêmes, peut-être avoir les faveurs du Pouvoir en place.

Pourquoi être allé à Addis-Abeba ? Je suis allé à Addis-Abeba par loyauté envers un groupe politique qui avait posé un acte politique et qui attendait semble-t-il une réponse politique ; et par discipline de groupe j’ai choisi de poser certains actes. Qui n’est pas discipliné dans une organisation digne de ce nom ? Mais je ne crois pas que les principaux concernés aient réalisé l’extrême difficulté de cet acte. Sinon, il ne vous aura pas échappé que je n’ai pas été présent dans les locaux du PNUD, qui ont accueilli André MBA OBAME et son équipe.

« Les ethnies sont comme les couleurs de l’Arc-en-ciel »

Infos Gabon : En quoi Bruno Ben MOUBAMBA serait-il plus valeureux en tirant à boulets rouges sur le pouvoir de l’extérieur du pays et sur la toile que ceux qui le font sur place ? N’est-ce pas là, un mépris pour ce que font les autres et une marque d’orgueil ou le MOI prime ?

BBM : Il n’est pas question d’être plus valeureux que quiconque au Gabon. Il est surtout question de défendre un certain nombre de principes et de valeurs dont le pays a grandement besoin même si des gens ne sont pas contents que je m’exprime. Les BONGO et tous les politiciens gabonais savent ce qu’ils ont à faire pour que le Peuple Gabonais soit satisfait. Sans doute ont-ils besoin qu’une personne étrangère à leurs conflits interpersonnels tape du poing sur la table de temps en temps pour leur dire : Et nous les Gabonais dans tout ça ? Qu’avons-nous à faire de vos conflits, dont nous ignorons la cause ? Ne nous entrainez pas dans vos histoires car nous n’étions pas avec vous quand étiez des frères ! Où sont les médicaments ? Où sont les salles de classe dans les nouvelles écoles ? Où sont nos routes ? Et les logements ? Les bons salaires et les bonnes retraites ? La vraie sécurité sociale ?

Ce qui devrait le plus préoccuper le pouvoir en place et les acteurs politiques de tous les bords, c’est la frustration des Gabonais. Comment les gens n’entendent-ils pas les pleurs des enfants qui ont faim ? Les gens qui meurent de maladies guérissables ? Pourquoi quelques Gabonais seulement peuvent-ils aller se soigner à l’Hôpital Américain en France ou ailleurs ? Le pays est à nous tous donc soyons tous heureux d’y habiter.

J’appelle vraiment les personnes de bonne volonté à organiser quelque chose avec ma contribution pour faire avancer le Gabon dans le sens de la Vérité, pas dans le mensonge et la manipulation des esprits ! Je vois venir au Gabon comme en Afrique du sud, une Nation Arc-en-ciel, non plus autour des races mais des ethnies. Je vous jure que c’est possible ! N’écoutons pas que les mots et les paroles, regardons les actes que les gens posent et chacun saura la Vérité au fond de lui.

Il faut bien que tous les Gabonais soient satisfaits au-delà de ceux qui ont le pouvoir ou ne l’ont pas. Mais si les acteurs politiques, tous bords confondus, font preuve d’aveuglement, il ne faut pas s’étonner que certains trouvent l’occasion d’appliquer la stratégie du pire : l’instinct tribaliste et le repli identitaire dont tout le monde se plaint tout en le pratiquant en cachette. N’est-ce pas le vrai problème de l’Afrique et du Gabon ? Mais l’ethnie c’est quelque chose de bien. Pourquoi en faire une arme contre les autres ? La différence des langues c’est une bonne chose car cela provoque de la richesse culturelle. Quelqu’un du NORD doit être content de découvrir la culture des gens du SUD et vice-versa. Les gens de la côte doivent se réjouir quand ils rencontrent les différences culturelles des Gabonais de l’OUEST.

Méfions-nous vraiment des fausses solidarités ethniques car les ethnies sont comme les couleurs de l’Arc-en-ciel. Le jaune ne peut pas dire au bleu « je n’ai pas besoin de toi » et le vert ne peut pas dire à l’orange « qu’est-ce que tu fais ici, tu n’es pas de ce village ». Il y a des gens qui pensent que pour diriger le Gabon, il faut faire peur aux gens de sa région contre d’autres Gabonais. C’est le mauvais coté de la politique.

Le Gabon ne sera plus un beau pays si un seul de ses peuples se sent exclu. C’est pourquoi je n’arrête pas de lancer des appels à mes frères et sœurs Chrétiens et aux personnes de bonne volonté. Dans nos temples et dans nos Églises, nous sommes souvent ensemble pour servir un même Dieu. Rassemblons les Gabonais pour servir un même pays.

Infos Gabon : Permettez que soit rappelé ce passage des statuts de l’UN que vous n’avez certainement pas en votre possession : Nous militants du MAD, RNR et UGDD, « Donnons mandat aux militants ci-après, pour effectuer les formalités administratives relatives à la nouvelle entité issue de la fusion de nos Partis politiques objets des présents et bénéficiant de la reconnaissance de plein droit conformément à l’article 17 de la loi 24/96 suscitée, ainsi qu’à la mise en place de ses organes provisoires : » Pouvez-vous nous dire combien d’organes avez-vous mis en place en France en tant que vice-président où vous résidez ?

BBM : Le Vice-Président Bruno Ben MOUBAMBA n’a jamais manqué de faire des propositions à son parti directement ou via l’un ou l’autre, notamment sur la révision constitutionnelle adoptée en décembre 2010. Sans doute l’équilibre des pouvoirs entre la Présidence du parti UN et le Secrétariat-exécutif demandait-il à être affiné, mais vous savez, en un an et demi, un certain nombre d’avancées ont pu être possibles. Rappelons que le Parti Démocratique Gabonais (PDG) est au pouvoir depuis 1968 et qu’en un an et demi rien ne nous a été épargné. Notre parti était en phase de croissance quand il a été disloqué.

Dans un certain nombre de situations problématiques, la priorité doit toujours être donnée à la cohésion d’un groupe plutôt qu’à des initiatives personnelles. Il n’est pas possible de tirer la couverture à soi quand on se lance dans une aventure collective. J’ai disposé de la plus grande liberté à l’UN et il faut saluer l’attitude du Président Zacharie MYBOTO et celle de tous les vice-présidents du mouvement interdit. Ils ont été corrects envers ma modeste personne, le reste n’est qu’un jeu de stratégies incontrôlées. D’autre part, vous ignorez tout de l’intense travail de lobbying qui a été mené en Europe, en Afrique et en Amérique en faveur de l’Union Nationale.

Infos Gabon : Bruno Ben MOUBAMBA, Vice-président de l’ex Union Nationale a annoncé sa candidature à l’élection législative 2011. La circonscription de Tsamba-Magotsi, Sindara dans la Ngounié, bien que vos racines plongent au plus profond des territoires de la Nyanga. Pourquoi le choix de cette contrée ?

BBM : En annonçant bien avant la dissolution de l’UN une éventuelle candidature à Sindara, j’ai voulu à mon tour poser un acte significatif qui demande à être expliqué.

La « Géopolitique Gabonaise » avec toutes ces ethnies qui vivent au Gabon sans se connaître, fait beaucoup de mal aux Gabonais dans la mesure où nous sommes toujours en train de nous comparer et de nous méfier des autres. Or, nous devons nous découvrir et apprendre à nous apprécier. C’est quoi cette affaire d’être toujours l’élu de son village et de ses propres parents ? Pourquoi toujours ces barrières entre nous ? Pourquoi un homme de Moabi ne pourrait-il pas se présenter à Sindara ? Et pourquoi un homme d’Oyem ne pourrait-il pas se présenter à Fougamou ? Pourquoi pas à Koulamoutou ? Dans les années 60, Jean-Hilaire AUBAME un homme du NORD a été élu dans la Ngounié c’est-à-dire au SUD. Notre pays a besoin d’une nouvelle vision et d’un nouveau cycle politique. Je crois que les Gabonais sont sages et civilisés. Arrêtons de les manipuler avec des jeux politiques dangereux. Qui ne sait pas de nos jours que le métissage est une bonne chose ? Si nos filles font des enfants avec les Chinois venus travailler au Gabon, pourquoi ne pas songer à métisser nos ethnies ? Encourager par exemple l’apprentissage d’une deuxième langue locale ?

En tous cas j’aime SINDARA un village avec plusieurs ethnies qui vivent ensemble. Mon engagement à Sindara a causé bien des soucis : investissements à fonds perdus sur un projet auquel personne ne croyait voici une dizaine d’années. J’y ai pris conscience plus que jamais du « mal être » social des Gabonais de l’intérieur et j’ai un peu lutté pour sauvegarder un site historique et aider des populations qui ne sont pas des parents, à priori. C’est le Gabon de demain !

J’ai abandonné Sindara depuis que certains ont tenté de m’assassiner dans cette contrée en décembre 2008 pour une Lettre Ouverte au Président de l’époque. Je souhaite continuer à aider les populations de cette contrée. Est-ce que ce sera possible en définitive lors des législatives à venir ? Seul Dieu le sait véritablement, d’autant plus que le parti UN a été interdit. En tous cas, je suis un Acteur Libre et je ferai toujours ce qui semble être juste.

Infos Gabon : Les opposants historiques ont rejoint le giron de la majorité présidentielle du pouvoir en place selon toute invraisemblance ; l’Union Nationale, bien que principale force de la Nouvelle Opposition Gabonaise a été purement et simplement dissoute. Comment voyez-vous l’avenir politique du Gabon ? Quelque chose changera au Gabon en temps voulu ?

BBM : J’espère que les Gabonaises et les Gabonais vont se rassembler à un moment pour mettre en place le premier État irréprochable de l’Afrique centrale. C’est possible ! Je le souhaite et je demande à tous ceux qui aiment la Justice et le Bien de se préparer à aider le pays. Je lance solennellement un message direct aux Catholiques, aux protestants, aux Églises du réveil et à tous : Nous sommes nombreux au Gabon. C’est à nous que revient sans doute la lourde charge d’apporter des valeurs positives au Gabon.

Jean-Paul II avait dit en devenant Pape aux catholiques en 1978 : N’ayez pas peur ! Donc n’ayons pas peur de faire ce que nous avons à faire pour nos compatriotes. Nous ne sommes pas pour les guerres comme en Côte d’Ivoire, les destructions et les violences barbares. Nous pouvons participer au changement positif du Gabon.

Il y a eu un temps où moi aussi j’ai eu peur comme tout Gabonais, mais un jour j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis levé. Tous ceux qui croient qu’on peut vivre mieux sans tuer ou voler des compatriotes, des frères et des sœurs doivent faire la même chose pour le bien du pays, sinon les bandits continueront d’occuper le devant de la scène en nous jouant la comédie tout le temps. Et ne comptons pas d’abord sur la « gentillesse » du monde entier pour nous aider, comptons sur nous-mêmes.

Savez-vous que pendant que nous sommes dans les distractions, l’Afrique bouge et avance à l’exemple d’un pays comme le Ghana où l’on construit et on investit ? Pourquoi ? Parce que d’une part le PEUPLE GHANÉEN se sent responsable de son destin et d’autre part, parce que les acteurs politiques de ce pays sont des personnes sérieuses avec des traditions respectées de tous et une jeunesse qui y croit tout en écoutant les aînés, car ceux-ci ne cherchent pas à mourir au pouvoir.

Le Messie gabonais n’existe pas, je vous l’assure ! Changer un pays ce n’est pas de la magie, c’est du travail. Le moment venu, je souhaite convaincre les Gabonais et spécialement les Croyants et les personnes bien intentionnées que c’est normal d’aider son pays à évoluer. On n’a pas besoin de prendre des mauvais chemins pour cela. L’argent c’est quoi ? Ça vient et ça s’en va, mêmes les Occidentaux commencent à s’en rendre compte avec la crise financière.

Infos Gabon : Candidat malheureux à l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2011 avec 0,28 % des voix, Bruno Ben MOUBAMBA est co-fondateur de l’ex Union Nationale avec les anciens barrons du PDG (parti d’Omar BONGO ONDIMBA) André MBA OBAME, Jean EYEGHE NDONG, Jean NTOUNTOUME NGOUA, Casimir OYE MBA, Paulette MISSAMBO et Zacharie MYBOTO, ancien patron de l’UGDD, est toujours attendu à Libreville pour combattre la sorcellerie politique, l’exorciste politique du Gabon. Curieusement vous changez le combat en vous attaquant aux fans, quelles sont vos raisons ?

BBM : Dieu seul sait quelle a été mon véritable score aux Présidentielles de 2009 mais soit, la LOI c’est la LOI. Mais quand vous dites Ben MOUBAMBA a fait 0,28% en 2009, vous oubliez de préciser qu’il est arrivé officiellement derrière Ali BONGO, Pierre MAMBOUNDOU, André MBA OBAME, Zacharie MYBOTO et Pierre-Claver MAGANGA MOUSSAVOU sur 20 candidats environ. Et sans avoir fait le tour du Gabon.

Quant à la Sorcellerie Politique, c’est mentir tout le temps aux gens et vouloir du mal au Peuple dans son propre intérêt. C’est manipuler les gens à leur insu pour qu’ils se fassent mal ou fassent du mal à d’autres. La Sorcellerie Politique, c’est ne pas être sincère avec ceux qui vous suivent et vouloir les sacrifier pour se faire bien voir. Si les « gens de bien« ne se lèvent pas pour encourager les vrais valeurs au Gabon, l’injustice sera toujours partout et après il ne faudrait pas se plaindre que les uns « boivent le sang » des autres. Hitler a fait de la Sorcellerie Politique devant tous les Allemands en leur faisant croire que les Blancs qui étaient blonds avec des yeux bleus étaient supérieurs à ceux qui avaient la peau plus foncée ou les yeux noirs. Notre pays aussi est soumis à des forces de mensonge impressionnantes.

Des politiciens et des acteurs qui ne devraient même plus ouvrir la bouche essaient de faire croire aux Gabonais, surtout aux plus instruits que la solution c’est de se refermer sur son groupe ethnique et de penser que la différence n’est pas une richesse mais plutôt un danger. Ce sont là des stratégies diaboliques. Tout le monde n’est pas obligé de se ressembler. Par contre, il faut absolument se rassembler pour faire passer de bonnes idées.

Mes chers compatriotes, ne croyons jamais les politiciens qui prêchent la supériorité ou la pureté d’une race en privé ou en public. Les Nazis Allemands l’ont fait, les Rwandais l’ont fait, les Congolais l’ont fait, les Ivoiriens l’ont fait comme les Yougoslaves. C’est un vent mauvais qui souffle en ce moment sur le monde. Personne n’est supérieur à personne et tous les Hommes sont frères.

Le Message de la Vérité et de notre vraie Histoire doit commencer à retentir au Gabon, c’est l’intérêt de tous les Gabonais. Notre pays a besoin d’un nouvel espoir.

Source : https://infosgabon.com/?p=11712

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