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Flottille : Ankara et Israël au bord de la crise de nerfs

Les tensions entre les deux pays rejaillissent dans les aéroports sur les touristes israéliens et turcs.

Le divorce consommé officiellement, vendredi, entre Ankara et Israël a déjà fait ses premières victimes. Une quarantaine de touristes israéliens a été interrogée et fouillée pendant une heure et demie à son arrivée à l’aéroport Atatürk d’Istanbul, lundi matin. Aussitôt l’information délivrée par le ministère des Affaires étrangères israélien, l’agence de presse turque officielle Anatolie faisait savoir qu’un groupe de Turcs avait subi le même traitement, la veille, à l’aéroport Ben Gourion. Des deux côtés, des passagers se sont plaints de fouilles humiliantes.

La publication, la semaine dernière, du rapport de l’ONU sur l’assaut conduit par l’armée israélienne le 31 mai 2010 contre un ferry en route pour Gaza au cours duquel neuf activistes musulmans turcs avaient été tués a accéléré la dégradation des relations turco-israéliennes. Le gouvernement turc a déjà commencé à mettre en place les mesures de rétorsion annoncées suite au refus persistant de l’État hébreu de présenter des «excuses» formelles et de payer des compensations pour la mort des civils turcs sur le Mavi Marmara. L’ambassade israélienne à Ankara devait recevoir, lundi, une lettre officielle demandant à tous les diplomates dont le rang dépasse celui de deuxième secrétaire de quitter la Turquie d’ici à mercredi. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a également déclaré que «les démarches juridiques» pour contester la légalité du blocus de Gaza devant la Cour internationale de justice allaient être lancées «cette semaine».

Erdogan à Gaza ?
Cette offensive turque à l’encontre de son ancien allié régional succède à neuf mois de négociations secrètes pour tenter de parvenir à une réconciliation après l’attaque de la flottille humanitaire. En décembre dernier, la «diplomatie du feu», ainsi baptisée par les médias des deux pays, avait préparé les opinions publiques à un accord, alors à portée de main. Des Canadair turcs avaient été envoyés en Israël pour combattre le tragique incendie du mont Carmel. Et cet été, au mois d’août, des discussions intensives ont été menées à New York par le vice-premier ministre israélien Moshe Yaalon et le sous-secrétaire du ministère turc des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu. Leur rupture a été précipitée la semaine dernière après qu’Ahmet Davutoglu a déclaré qu’un nouveau report de la publication de l’enquête de l’ONU était inacceptable.

Jusqu’à quel point les relations se dégraderont-elles est désormais la grande inconnue. Elles viennent de «prendre une direction inconnue » souligne Soli Özel, spécialiste des affaires turco-israéliennes. En dépit de la crise latente depuis 2009, les échanges commerciaux bilatéraux avaient poursuivi leur progression. Dépassant ainsi les 2,5 milliards de dollars sur les sept premiers mois de 2011. «Les conséquences » d’une absence de relations commerciales avec la Turquie «nous coûteraient cher» s’est inquiété Stanley Fischer, le gouverneur de la banque centrale israélienne.

De part et d’autre, on liste les possibles turbulences politiques à venir. La prochaine pourrait être imminente. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré récemment qu’il avait l’intention de se rendre dans la bande de Gaza. Son déplacement en Égypte, lundi prochain, a lancé la rumeur de sa visite dans le territoire palestinien.

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