Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a inauguré le 9 septembre une zone économique spéciale en partenariat avec Olam. Quelque 45 entreprises de 9 pays (dont Chine, Inde, Cameroun, Bénin et Ghana) ont déjà signé pour s’y installer, moyennant incitations fiscales.
Plus de 800 invités, des délégations et des investisseurs étrangers, des patrons d’entreprises, une quarantaine de journalistes venus du monde entier, des artistes (parmi lesquels, Patience Dabany, la mère du président et le chanteur américain de RnB R. Kelly)… Ce vendredi 9 septembre, le Gabon inaugurait en grande pompe sa Zone économique spéciale (ZES) basée à Nkok, une localité située à 27 km de Libreville.
Selon les autorités du pays, il s’agit de la plus grande zone de ce type en Afrique centrale et de l’Ouest. La ZES Gabon est une coentreprise entre le groupe singapourien Olam (60% des parts) qui a réalisé 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires en Afrique en 2010 et l’État gabonais (40%). Son objectif est d’attirer en moyenne un milliard de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) par an et de créer à terme plus 7 000 emplois.
Viabilisation des infrastructures
En fait, c’est la première phase de ce projet global de 1126 hectares qui a été inaugurée. Celle-ci – dont les travaux ne sont pas encore terminés – consiste à rendre viables 400 hectares de terrain, et à mettre en place les infrastructures routières, ferroviaire, maritime et énergétique pour faciliter l’installation des groupes industriels.
Gagan Gupta, le directeur général de la filiale gabonaise du groupe singapourien, affirme que 45 entreprises de 9 pays (Chine, Inde, Singapour, Ghana, Bénin, Cameroun, Malaisie…) ont déjà signé des accords pour s’installer dans la zone. Plus de 70% d’entre elles opèrent dans la transformation du bois. Ces sociétés bénéficient d’avantages allant de l’exonération de la TVA (pendant 25 ans) ou de l’impôt sur le revenu (pendant dix ans), à la liberté pour les transferts financiers et pour l’emploi de personnes étrangères, en passant par la réduction de 50% des coûts de l’électricité.
Mais ces entreprises devront payer pour les terrains sur lesquels elles construiront leurs installations à raison de 40 000 F CFA le mètre carré. Parmi les plus gros investisseurs de la zone, le groupe indien Abhijeet qui compte investir en tout 1,2 milliard d’euros. Il envisage ainsi de construire une usine qui produira 300 000 tonnes de ferromanganèse, élément utilisé dans l’industrie sidérurgique, ainsi qu’une centrale électrique d’une capacité de 300 MW et une usine de pâte à papier.
« Projets à moindre coût »
« Le Gabon nous offre l’opportunité de réaliser ces projets à moindre coût et nous permet de ce fait un accès plus facile aux marchés européens et américains », explique Amulyadhan Rout, le responsable de la Finance et des Affaires internationales d’Abhijeet. « En contrepartie nous nous engageons à créer localement des emplois (environ 2000) et à former des techniciens gabonais dans chacun de nos métiers », assure-t-il.
« Outre la réduction du chômage et le transfert de compétence, le développement de cette zone favorisera aussi l’essor des PME et PMI locales qui travailleront en sous-traitance avec les entreprises qui s’installeront dans la zone. Elles vont acquérir une expertise poussée dans leurs domaines respectifs et contribueront ainsi à l’industrialisation de l’économie du pays », ajoute Théophile Ogandaga, le coordinateur du projet de la ZES.
D’après lui, le démarrage effectif des activités dans la ZES permettra la relance et l’industrialisation de la filière bois du pays. Premier employeur du pays avec 7 à 10% du PIB, celle-ci a été pénalisée par l’interdiction brutale de l’exportation des grumes en janvier 2010.
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Stéphane Ballong, envoyé spécial au Gabon