C’est dans les locaux de la brigade financière de la police parisienne que l’avocat sera entendu. Cet ex-conseiller de l’Élysée met en cause Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen dans une affaire de financements provenant de dirigeants africains.
L’avocat Robert Bourgi accuse Chirac, Villepin et Le Pen de financements occultes, les fameuses « mallettes » SIPA/BERNARD BISSON
Celui qui accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin ainsi que Jean-Marie Le Pen d’avoir reçu des fonds occultes provenant de dirigeants africains sera entendu jeudi. Cet homme, c’est l’avocat Robert Bourgi. Ce conseiller de l’ombre de l’Elysée pour les affaires africaines a affirmé avoir remis, lui-même, à Chirac et à Villepin 20 millions de dollars. « Jeudi dans la matinée » dans les locaux de la brigade financière de la police judiciaire parisienne, il sera donc auditionné comme témoin. Le Parquet avait ouvert une enquête mardi dernier.
L’homme de loi se confiait le 11 septembre au JDD : « Je me souviens de la première remise de fonds en présence de Villepin. L’argent venait du maréchal Mobutu, président du Zaïre. C’était en 1995. Il m’avait confié 10 millions de francs que Jacques Foccart est allé remettre à Chirac. » L’histoire de ces fameuses mallettes d’argent des ex-colonies africaines déposées aux pieds de plusieurs présidents français et responsables politiques pour financer des campagnes présidentielles aurait aussi concernée Jean-Marie Le Pen en 1988. Robert Bourgi affirme, en effet, que la campagne présidentielle de l’ancien président du Front national avait été financée par l’ancien président du Gabon, Omar Bongo.
Prescription ou non ?
Côté Chirac, Maitre Jean Veil (en plein procès des emplois fictifs de la mairie de Paris) avait dénoncé des accusations « totalement fantasmatiques ». « M. Bourgi joue sur un certain nombre de tableaux, car il n’évoque que des faits qui sont prescrits, il est donc difficile de faire une enquête judiciaire », avait-il estimé. Pour l’avocat de Transparency International France, Me William Bourdon, « seule une enquête judiciaire permettra de dire si les faits sont prescrits ou non ». La loi de 1995 sur le financement de la vie politique prévoit des peines de cinq ans de prison pour ce type d’infractions mais généralement les faits sont prescrits au bout de trois ans.
Prescription ou non, certains crient à la manœuvre politique à quelques mois des prochaines présidentielles. Comme l’ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui se demande « à qui profitent ces calomnies ? ». À l’instar de Jean-Marie Le Pen, Jacques Chirac, Dominique de Villepin ont en tout cas annoncé leur intention de porter plainte pour diffamation.