Plus que par le passé, même si le phénomène se faisait déjà ressentir, la vente des véhicules d’occasion qui inondent désormais les rues de la capitale gabonaise, Libreville, a pris plus d’importance dans la vie des Gabonais, qui, eux-aussi, se sont lancés dans ce business pour de nombreuses raisons.
Désormais, vous ne pouvez pas faire cent mètres à la ronde dans Libreville sans apercevoir, garer au coin de la rue, devant une maison, un garage ou dans des enclos bien aménagés, des véhicules sur lesquels il est accolés ‘’A vendre’’, accompagné d’un numéro de téléphone.
En effet, loin des concessionnaires reconnus comme le Groupe CFAO, le Groupe Sogafric, Toyota Gabon, Général Motors, SOMAMAGA, Sodim TP, ce sont des particuliers qui investissent le marché et ‘’cassent’’ les prix grâce à leurs occasions venues de Belgique, Allemagne, France ou Dubaï, pour la plupart.
Au-delà des particuliers qui en commandent à l’étranger pour revendre au Gabon, des personnes interrogées, estiment « qu’il y a des gens que les ‘’TsunAli’’ (premières décisions gouvernementales prises par le président Ali Bongo Ondimba à son accession à la magistrature suprême en 2009, Ndlr.) de 2009 ont touché et ils ne parviennent plus à vivre avec les moyens qu’ils gagnaient par des voies détournées, à l’époque de l’ancien président ».
« Les gens vendent leurs voitures parce qu’ils ont de moins en moins la possibilité de voler les deniers publics, alors qu’ils ont des charges que leur seul salaire ne peut couvrir », a essayé d’expliqué Brice Moussouali, fonctionnaire de l’enseignement général.
Toutes les marques allant des célèbres Hummer, Toyata, Mutsubishi, Renault, Mercedes, Volkswagen, Daihatsu, Dacia et Lexus se retrouvent dans ce réseau qui échappe autant que possible au formel.
Ici les prix se négocient. « Parfois, il m’est arrivé de demander le prix des grosses cylindrées. Lorsque vous le demandez à travers un appel téléphonique, on vous donne un montant et puis on ajoute, c’est juste le prix ‘’taxé’’. Il n’y a pas de limite, si vous êtes fin négociateur, vous pouvez vous arracher une bonne Toyota Carina 3 à moins d’un millions Cinq », explique pour sa part Joseph, de nationalité camerounaise.
En 2007, l’embellie de la vente des automobiles sur le marché gabonais permettait une nouvelle distribution des performances dans les ventes de voitures avec en tête le Groupe CFAO (47,4%) suivi du Groupe Sogafric (44,3%), puis Toyota Gabon (29,8%), Central Motors (28,8%), SOMAMAGA (17,9%), Sodim TP (14,5%) et les autres (12%).
D’autres raisons expliquent cet engouement vers les voitures d’occasion. Le coût abordable, mais surtout la Coupe d’Afrique des Nation de football (CAN Orange 2012) que le Gabon co-organise avec la Guinée Equatoriale.
« Il arrive même, rapporte une jeune démarcheur pour une société de vente des voitures d’occasions, qu’un grand dépassé par ses problèmes vous demande de trouver un client pour sa voiture. Lorsqu’il est coincé comme ça, même si la voiture n’a qu’une année d’existence, il est près à la vendre à moins de 1.000.000 francs Cfa ».
« Je crois que les gens essaient de faire venir des voitures d’occasion au Gabon pour les mettre en location pendant la CAN 2012. C’est une moment fort pour les affaires », a lancé pour sa part Thierry Moupoumbou, un jeune gabonais qui a déjà fait des voyages à Dubaï pour tâter le terrain de l’import.
Ici, tout s’explique désormais par la CAN Orange 2012. De nombreuses personnes en effet, ont tellement misé sur cette compétition qui se jouera dans près de 4 mois.
Dans ce marché d’occasion maitrisé par les Libanais, les voitures, tenant compte de la date de leur mise en service et la marque, vont généralement de 1.000.000 francs à plus et restent majoritairement négociables.
« A une époque, il fallait attendre d’avoir plusieurs millions de francs pour espérer avoir une voiture. Mais aujourd’hui, le secteur est ouvert et tout le monde peut s’en procurer une », a relevé Hellène Eyang, retraitée du ministère de la planification.
In fine, le parc automobile de Libreville, saturé au regard des ses embouteillages, est difficile à estimer et trois pays dont la France, le Japon et l’Allemagne se sont toujours partagé l’essentiel de ce marché au Gabon, même si les Chinois et les indiens y ont fait leur percée.