Samantha Biffot, 26 ans, directrice de Princesse M Production (PMP), a organisé du 15 au 17 septembre à Libreville, le premier « Festival international des courts d’école » dont elle est également la directrice artistique. Pour ceux qui ont raté le train, elle revient sur ce mini festival ayant clôturé trois ateliers d’initiation aux techniques du cinéma. Un spectacle de dynamisme et d’intelligence qui démontre que la jeune garde du cinéma gabonais arrive en force.
Qu’est-ce que vous pouvez dire à propos du festival du festival international des courts d’école qui s’est terminé en fin de semaine dernière ?
Je savais très bien que c’est un domaine qui ne pouvait pas vraiment attirer du public. Mais, le public était au rendez-vous, la presse a bien relayé l’information. Donc, je suis très contente et, surtout, j’espère avoir créé une dynamique. J’en ai l’impression. Puisque beaucoup de jeunes qui veulent participer aux ateliers de l’année prochaine, sont venus me voir après le festival. Certains se sont rendus compte, en voyant les courts métrages venus de l’étranger, que les productions locales n’étaient pas forcément au niveau et qu’il fallait travailler encore plus pour être présents sur la scène internationale et c’est exactement ce que je voulais faire passer au travers de ce festival.
On a parlé d’ateliers et, au finish, il y a eu ce festival. Quel en était donc le principe ?
Le principe est qu’il fallait enseigner les notions de rigueur et d’excellence au cinéma. Une notion qu’on ne connait pas exactement ici, en Afrique en général. Ces ateliers étaient destinés à initier, à montrer le B.A.-BA, les fondamentaux, qu’on oublie trop ici, sans lesquels on ne peut pas faire du cinéma à valeur internationale. A travers ce festival, nous montrons les œuvres d’étudiants étrangers qui ont fait trois ans de formation en école de cinéma avec l’idée que les jeunes cinéastes d’ici peuvent eux aussi faire la même chose s’ils mettent de la rigueur, toujours la rigueur, et de l’excellence dans ce qu’ils ont à faire.
Le festival et les ateliers se complètent. A la suite de l’atelier, les stagiaires font leur court métrage qui est diffusé en même temps que les autres courts métrages venus de partout dans le monde et, au travers du festival, je leur montre : «Regardez, vous avez fait un travail sérieux, bien propre. Vous avez tout à fait votre place sur la plate-forme internationale avec des gens en provenance aussi bien de France que de Cuba, des Etats-Unis ou de Russie.
Plus concrètement, comment ces ateliers se sont-ils articulés ?
Il y avait un atelier en scénario, conduit par Mlle Dawn Winkler ; un atelier en production dirigé par M. Pierre-Adrien Ceccaldi ; un atelier en image piloté par Cédric Soungani et un atelier en montage que j’ai tenu. Ces formations ont eu lieu du 5 au 9 septembre. Ceux des élèves qui étaient dans l’atelier d’écriture ont commencé, au bout du troisième jour, à élaborer avec leur formatrice un scénario que l’équipe image a tourné, l’équipe production en a organisé le tournage et les participants de l’atelier montage ont monté le produit final.
Le festival va-t-il se pérenniser ?
Je l’espère. J’ai cru comprendre que oui, par rapport aux bonnes retombées des la presse. Normalement, j’aimerais qu’il se pérennise et qu’on aille même plus loin, pourquoi pas. Par exemple, faire des partenariats avec des écoles, faire venir des étudiants étrangers ici ou, vice-versa, envoyer des jeunes étudiants Gabonais à l’étranger pour une petite période, que ce soit en France, à Cuba ou aux USA pour étudier le cinéma. Cette année, nous n’avions pratiquement aucun financement. Donc, si on a plus de financement l’année prochainement, pourquoi ne pas aller plus loin en faisant venir des gens pour créer un vrai échange, une vrai effervescence autour du cinéma entre les Gabonais et le reste du monde.
Vivez-vous de votre entreprise et conseilleriez-vous à d’autres jeunes de se lancer dans une telle profession ?
Oui, j’en vis à l’heure actuelle. En Occident comme ici, c’est dur comme métier. Enfin, ce n’est pas facile. A l’heure actuelle, je ne fais pas forcément ce que je veux. C’est de la pub que je fais en ce moment, même si mon rêve ce sera de faire de la fiction, du cinéma. Mais, comme pour tout le monde, il faut d’abord commencer par des trucs alimentaires, comme ont dit. A part la pub, c’est difficile. Il ne faut surtout pas faire ce métier si on veut devenir riche. Il y en a trop, à tort, qui font ça pour l’argent. Si vous voulez être riche faites autre chose, pas du cinéma.
Comment devient-on Samantha Biffot ?
J’ai fait une Licence de cinéma à l’Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle de Paris. J’ai travaillé un peu en France, en termes de stage, à la télévision et au cinéma et je suis revenu au Gabon pour travailler. Mue par la passion, j’ai monté ma boite et j’ai voulu faire ce festival.