Des hommes en uniforme ont tiré des coups de feu jeudi à Douala, la capitale économique du Cameroun, en réclamant la démission du président Paul Biya au pouvoir depuis 29 ans.
Les autorités ont repris le contrôle du pont traversant le fleuve Wouri, sur lequel ces hommes manifestaient, rapporte une chaîne de télévision. Les opposants, dont le nombre n’a pu être déterminé, ont pris la fuite.
A dix jours de l’élection présidentielle du 9 octobre, l’un d’entre eux brandissait une banderole sur laquelle était écrit: «Paul Biya le dictateur doit s’en aller à tout prix». La réélection de Biya est attendue lors du scrutin d’octobre.
Le président camerounais a modifié la constitution en 2008 pour supprimer la limite de mandats.
Plusieurs arrestations
La télévision a montré des images d’un taxi arrêté sur le pont et portant plusieurs impacts de balle. Le chauffeur de ce taxi a raconté que des hommes armés avaient stoppé son véhicule et ceux de plusieurs de ses collègues, avant de prendre les clés de contact et de leur dire de s’en aller à pied.
Un collaborateur du gouverneur a déclaré que le calme était revenu dans cette ville de deux millions d’habitants, où les forces de sécurité se sont déployées.
Il y a eu plusieurs arrestations et les recherches se poursuivent pour capturer les responsables des incidents, a-t-il ajouté. Il n’a pu cependant confirmer la mort d’une personne pendant les tirs.
L’implication de militaires dans les incidents constituerait un «inquiétant précédent»
La réforme constitutionnelle, contestée par l’opposition, et la grogne contre la cherté de la vie avaient il y a trois ans provoqué des affrontements qui avaient fait une centaine de morts. Depuis, le pays était relativement calme.
Selon Roddy Barclay, analyste à Control Risks à Londres, l’implication de militaires dans les incidents de Douala, si elle se confirme, constituerait un «inquiétant précédent».
«Le mécontentement au sein de l’armée est un problème récurrent en raison de la modicité de la solde, de l’absence de perspectives de promotion et du sentiment que certaines unités d’élite sont privilégiées par rapport au reste de l’armée», dit-il.