La Bosnie, le Gabon et le Nigeria vont par leur vote décider au Conseil de sécurité du sort de la demande d’adhésion des Palestiniens à l’ONU, même si en dernier recours elle risque de se heurter à un veto américain.
Ces trois pays sont ardemment courtisés par la direction palestinienne d’un côté, et de l’autre par les Etats-Unis et Israël qui s’opposent à l’entrée des Palestiniens aux Nations unies en tant qu’Etat membre à part entière.
Les Palestiniens ont besoin de neuf voix sur les quinze pays du Conseil de sécurité pour que leur candidature puisse être validée. Jusqu’à présent, six pays ont déclaré leur soutien et six vont vraisemblablement voter contre ou s’abstenir.
Même si les Etats-Unis mettent à exécution leur veto comme ils l’ont déjà annoncé, réunir une majorité de neuf votes au Conseil de sécurité serait une victoire morale pour le président palestinien Mahmoud Abbas. Le Conseil de sécurité, qui compte 10 membres non permanents remplacés chaque année, devrait prendre plusieurs semaines avant d’arrêter une décision sur la demande remise le 23 septembre par M. Abbas.
Le ministre des Affaires étrangères palestinien Riyad al-Malki a indiqué la semaine dernière qu’il comptait déjà sur huit votes et qu’il tentait de convaincre un neuvième pays pour ainsi remporter la majorité nécessaire et forcer les Etats-Unis à opposer leur veto.
Les six pays qui ont dit vouloir voter pour sont le Brésil, la Chine, l’Inde, le Liban, la Russie et l’Afrique du Sud.
Mis à part les Etats-Unis, les pays occidentaux du Conseil n’ont pas encore annoncé dans quel sens ils allaient voter mais, selon des diplomates, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, le Portugal vont soit s’abstenir soit voter contre, de même que la Colombie.
Cela laisse le jeu entre les mains des gouvernements bosniaque, gabonais et nigérian.
Le chef de la diplomatie palestinienne doit se rendre en Bosnie, où la présidence tripartite représentant les communautés du pays est divisée sur ce dossier. D’autres délégations palestiniennes doivent visiter le Gabon et le Nigeria, même si M. Malki a dit qu’il avait reçu des assurances d’un vote positif de ces pays.
Les trois pays qui feront la différence reconnaissent déjà la Palestine comme Etat indépendant, mais ils sont confrontés à une offensive diplomatique de la part des Etats-Unis.
En Bosnie, les co-présidents musulman et croate Bakir Izetbegovic et Zeljko Komsic soutiennent la candidature palestinienne, mais le serbe Nebojsa Radmanovic est contre. Les votes de la Bosnie sont généralement décidés par consensus. Des diplomates estiment ainsi que les divisions et les liens étroits avec les Etats-Unis conduiront ce pays à l’abstention.
« Ma sympathie va aux Palestiniens et à l’Etat de Palestine. Mais la politique n’est pas seulement une question de sympathie », a souligné vendredi M. Komsic au journal Dnevi Avaz.
Le Gabon pourrait soit voter pour, soit s’abstenir, selon une source proche de la présidence gabonaise.
Le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, Olugbenga Ashiru, a fait connaître son soutien personnel à la candidature palestinienne, sans dire clairement toutefois comment le pays le plus peuplé d’Afrique allait voter.
La moitié des 150 millions d’habitants est musulmane et le Nigeria est un pays sur lequel les Etats-Unis exercent une influence plutôt limitée. Mais ce pays sera dans une position délicate car il assure la présidence tournante du Conseil de sécurité en octobre.
Si les Palestiniens ne réussissent pas à obtenir leur adhésion au Conseil de sécurité, ils pourraient se tourner directement vers l’Assemblée générale où ils trouveront une majorité confortable pour y obtenir un statut amélioré intermédiaire « d’Etat observateur non membre ».