L’avocat Robert Bourgi, ancien conseiller officieux du président français pour l’Afrique, a été entendu jeudi après-midi par les juges chargés de l’enquête sur les biens mal acquis en France par trois chefs d’Etat africains, a-t-on appris de source proche de l’enquête.
Entendu en qualité de témoin, Robert Bourgi a toutefois expliqué ne rien connaître des détails de ce dossier, a déclaré à la sortie de l’audition Me William Bourdon, avocat de l’ONG anticorruption Transparency International (TI), partie civile dans ce dossier.
Il dit qu’il a tout appris par la presse concernant le patrimoine acquis en France par plusieurs chefs d’Etat africains, a expliqué Me Bourdon. Ce n’est pas crédible, a jugé Me Bourdon selon qui Bourgi sait tout de (la) vie des chefs d’Etat concernés.
C’est tout juste s’il n’est pas tombé de sa chaise quand il a lu la presse, a ironisé Me Bourdon qui se demande si Bourgi a peur d’être pris dans des liens de complicité avec les chefs d’Etat africains.
Cette audition avait été demandée par Transparency International (TI) à l’origine de la plainte ayant débouché fin 2010 sur une enquête sur l’acquisition en France d’un important patrimoine par Denis Sassou Nguesso, du Congo, Teodoro Obiang, de Guinée équatoriale, et le défunt chef d’Etat gabonais, Omar Bongo Ondimba.
Tous les trois sont cités par Robert Bourgi comme ayant fait partie des chefs Etat africains qui auraient, selon lui, alimenté les fonds occultes destinés à l’ancien président français Jacques Chirac, à son ex-Premier ministre Dominique de Villepin et au leader d’extrême droite Jean-Marie Le Pen.
Mi-septembre, l’avocat franco-libanais a accusé des présidents africains d’ex-colonies françaises d’avoir versé 20 millions de dollars transportés dans des mallettes à M. Chirac et M. de Villepin, entre 1997 et 2005.
L’avocat avait notamment affirmé que cinq chefs d’Etat africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso et Omar Bongo- avaient versé des fonds en espèces (environ 10 millions d’euros) pour la campagne de Jacques Chirac en 2002.
M. Bourgi est par la suite revenu sur ses accusations visant Abdoulaye Wade, ce dernier renonçant en retour à une plainte en diffamation contre l’avocat.
Robert Bourgi a été entendu le 22 septembre par les policiers de la brigade financière dans le cadre de l’enquête ouverte le 13 septembre après ses propos dans la presse.
Sa mémoire qui s’est réveillée brutalement avec un grand sursaut moral, reste très, très sélective, a relevé Me Bourdon.
Transparency et une autre ONG, Sherpa, ont annoncé jeudi une nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour que l’enquête sur les biens mal acquis soit étendue à de possibles nouvelles acquisitions.