Interrogé, le 22 septembre 2011, par les policiers de la brigade financière dans l’enquête préliminaire ouverte après ses accusations de financement occulte de politiciens français par des chefs d’Etat africains, l’avocat franco-libanais est à nouveau entendu ce jeudi 6 octobre 2011. Cette fois, c’est le juge chargé de l’instruction du dossier des « biens mal acquis » qui doit l’auditionner.
Trois chefs d’Etat, ainsi que plusieurs membres de leurs familles, sont visés par cette procédure judiciaire dite des « biens mal acquis » : le Congolais Denis Sassou Nguesso, l’Equato-Guinéen Téodoro Obiang Nguema, et feu le Gabonais Omar Bongo. Ils sont suspectés de détournements de fonds publics et de blanchiment d’argent.
Mais ils font également partie des chefs d’Etat cités par Robert Bourgi comme ayant versé des fonds en espèces à l’ex-président Chirac, à son Premier ministre Dominique de Villepin, ou encore à l’ancien leader d’extrême droite Jean-Marie Le Pen. Cette diplomatie parallèle des mallettes intéresse évidemment le magistrat instructeur des « biens mal acquis ». Car l’argent des deux dossiers est probablement le même.
Qu’il s’agisse de financements politiques occultes ou d’achats de biens en France, propriétés prestigieuses, oeuvres d’art, voitures de luxe, les dizaines voire les centaines de millions d’euros engagées proviennent de captations présumées de rentes pétrolières, forestières et de détournements probables de richesses nationales. Il s’agit là du fond de l’affaire des « biens mal acquis ». C’est en tout cas le principal réquisitoire dressé contre les familles dirigeantes du Congo, du Gabon et de Guinée équatoriale par Transparancy International France et Sherpa, les deux associations à l’origine de la procédure, et qui demandaient cette audition d’Albert Bourgi, un homme rompu à ces arcanes peu reluisants de la Françafrique.