La prolifération des déficients mentaux dans les grandes villes gabonaises devient de plus en plus préoccupante, notamment pour les paisibles citoyens dont la quiétude est souvent perturbée par ces malades d’un autre genre qui écument artères et rues, les ronds points, les devantures et les parkings des grands magasins…
A Libreville, les malades mentaux côtoient au quotidien les personnes bien portantes et certains d’entre eux élisent domicile dans des endroits chics, véritables vitrines de la cité qu’ils ternissent parfois en y érigeant des huttes, des bâtisses de fortune avec des cartons vides ou en y accumulant toutes sortes de détritus.
‘’Ce spectacle des fous déambulant dans les rues, risque de ternir l’image de marque du pays si rien ne fait pour y remédier avant le début de la Coupe d’Afrique des nations (CAN)’’, a lancé Richard, passant devant une folle totalement dévêtue.
Livrés à eux-mêmes, les malades mentaux se rencontrent jusque dans les environs de l’aérogare de l’aéroport international de Libreville, l’environnement des établissements scolaires et autres endroits stratégiques de la capitale.
‘’Même l’Université Omar Bongo a son fou, qui traîne à longueur de journées devant le grand portail d’entrée de l’institution. Et personne ne semble s’émouvoir de sa présence, ni les responsables de l’université, ni les forces de l’ordre, pourtant promptes à réprimer le moindre mouvement d’humeur des étudiants’’, s’est indigné, Arnold, étudiant en licence 1 de littérature africaine.
La société semble désormais s’accommoder de la présence de ces malades d’un autre genre, à l’humeur changeante comme le vent, et qui peuvent se révéler dangereux à tout moment. Au rond point d’Awendjé à Libreville, un malade mental a violemment battu une passante avec une matraque en caoutchouc qu’il trimbale avec lui à longueur de journée. A ce même endroit, un fou s’est mis à détruire les pare-brises des véhicules avec une matraque.
Il y a quelques mois à Port-Gentil, un malade mental a tué un homme qui était de passage dans son environnement immédiat. Dans la bourgade de Melen, les frasques des malades mentaux alimentent les conversations dans les gargotes et les chaumières…
Selon le Dr. Frédéric Mbungu Mabiala, neuropsychiatre et directeur de l’hôpital psychiatrique de Melen, l’unique du pays, les causes des maladies mentales sont multiples et complexes. Elles peuvent découler d’un manque d’affection et, surtout, de la consommation des drogues chez les jeunes.
Selon toujours M. Mbungu Mabiala, plus de 60% des jeunes subissent des traumatismes dans les foyers et son livrés à eux-mêmes.
‘’Les causes sont donc à chercher dans les familles disloquées, recomposées, monoparentales voire dans celles où le dialogue n’est pas de mise. Beaucoup de parents, notamment les pères, ont démissionné. Plusieurs d’entre eux refusent la réinsertion et la resocialisation, après guérison, de leur enfant affecté par une maladie mentale’’, a-t-il dénoncé, ajoutant que l’équilibre d’un enfant réside dans un foyer homogène où les responsabilités sont bien réparties et assumées.
Pour sa part, le directeur général de la santé au ministère de la Santé publique, Jean Damascène Khouilla, a déploré l’absence de données statistiques fiables due au fait que tous les malades mentaux du Gabon ne sont pas recensés.
Un document provisoire du ministère de la santé datant de 2010 indique toutefois que1993 malades environ ont été recensés dans le pays. Le document ne précise cependant pas si les malades mentaux de l’intérieur du pays ont été pris en compte.