Les pathologies mentales touchent plus les femmes que les hommes au Gabon, selon une enquête effectuée en 2010 par le ministère gabonais de la santé qui a recensé cette année-là 1996 malades mentaux sur toute l’étendue du territoire national.
1112 soit 55,71 % des 1996 personnes atteintes par les maladies mentales sont des femmes, indique l’étude du ministère de la santé qui justifie cette situation par les difficultés de tous ordres auxquelles les femmes sont confrontées au quotidien.
‘’Parmi ces difficultés, l’on évoque le fait que la plupart d’entre elles élèvent seules leurs enfants et sont parfois amenées à jouer le rôle que devrait jouer le conjoint’’, a expliqué le Dr Frédéric Mbungu Mabiala.
‘’Ce déséquilibre de la cellule familiale perturbe fortement la gente féminine au point qu’elle s’attrape des maladies névrotiques telles que les dépressions’’, a ajouté le neuropsychiatre.
Même s’ils ne sont pas touchés dans la même proportion que les femmes, les hommes ne sont cependant pas épargnés par les pathologies mentales. Selon l’annuaire statistique de 2010, 884 d’entre eux en étaient frappés (44,28%). La maladie frappe 3,7% des garçons et des jeunes filles dont l’âge varie entre 4 à 11 mois, ajoute le document.
‘’Si rien n’est fait, la situation pourrait s’aggraver’’ a averti, le directeur de l’hôpital psychiatrique de Melen, l’unique structure de référence, le Dr Mbungu Mabiala, rappelant qu’un précédent recensement effectué en 1998 avait dénombré 158 déficients mentaux.
‘’Douze ans plus tard (2010), ce nombre a été multiplié par dix’’, a-t-il fait observer. ‘’Au regard de la faible démographie du pays, le nombre des malades mentaux pourrait atteindre 25.000’’, a-t-il averti.
L’absence d’une véritable politique de santé mentale au Gabon conforte les inquiétudes du médecin psychiatre. Le pays manque pratiquement de tout. Aussi bien de structures de prise en charge sanitaire que du personnel capable de dispenser des soins.
La résolution des problèmes de santé mentale commence par la mise en place d’une bonne politique en la matière. Celle-ci passe inéluctablement par une meilleure gestion, une bonne prise en charge et un meilleur encadrement des déficients mentaux, en phase avec les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
En outre, le budget alloué à la santé mentale est signifiant face à l’ampleur de la maladie au Gabon. Il devrait être evu à la hausse car moins de 1% des dépenses du système de santé est consacré à la santé mentale, selon l’OMS.
Une hausse budgétaire pourrait permettre de définir une politique qui prenne en compte tous les problèmes liés notamment aux structures de prise en charge hospitalière. Avec un total de 6,9 lits pour une population de 100.000 habitants, l’hôpital psychiatrique de Melen ne dispose pas d’une capacité d’accueil suffisante.
Cet hôpital est également confronté à manque criard de personnels formés, notamment des médecins. Pour une population de 1,5 million d’habitants, le Gabon ne compte 5 médecins psychiatres dont trois exercent à l’hôpital pédiatrique de Melen.