Le prix Nobel de la paix 2011 à été décerné à trois femmes dont deux Libériennes parmi lesquelles, la Présidente Ellen Johnson Sirleaf ainsi qu’à sa compatriote Leymah Gbowee et à la Yéménite Tawakkul Karman, pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes à travers le monde.
Pour la première fois de son histoire, le Prix Nobel de la paix est attribué conjointement à trois femmes qui sont récompensées « pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes et des leurs droits à participer aux processus de paix », a déclaré le Président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland.
Première femme à être démocratiquement élue à la tête d’un pays africain en 2005, Mme Sirleaf, 72 ans, a œuvré à la reconstruction d’un pays ravagé par 14 ans de guerres civiles, qui ont fait quelques 250.000 morts et laissé une économie exsangue.
Elle reçoit le Nobel quatre jours seulement avant une élection présidentielle incertaine au cours de laquelle la « Dame de fer », comme elle est surnommée, entend briguer un second mandat.
« Depuis son investiture en 2006, elle a contribué à assurer la paix au Liberia, à promouvoir le développement économique et social, et à renforcer la place des femmes », a fait valoir M. Jagland.
D’abord soutien de Charles Taylor entré en rébellion contre le régime de Samuel Doe, elle en devient l’adversaire à la lumière des violences qui vaudront au chef de guerre devenu président (1997-2003) d’être jugé à La Haye pour des crimes de guerre et contre l’humanité.
Son accession au pouvoir a été rendue possible par le travail sur le terrain de Leymah Gbowee, « guerrière de la paix » à l’origine d’un mouvement pacifique qui contribuera, notamment à l’aide d’une « grève du sexe », à mettre fin à la deuxième guerre civile en 2003.
Lancée en 2002, l’initiative originale de cette travailleuse sociale quadragénaire voit les femmes –toutes confessions religieuses confondues– se refuser aux hommes tant que les hostilités se poursuivent, ce qui oblige Charles Taylor à les associer aux négociations de paix peu avant sa chute.
« Leymah Gbowee a mobilisé et organisé les femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes aux élections », a noté M. Jagland.
Fondé en 1822 par des esclaves noirs affranchis venus des Etats-Unis, le Liberia connaît toujours une paix fragile du fait des vives tensions ethniques et de la présence de mercenaires difficilement relogeables dans sa forêt tropicale.
La troisième lauréate, Tawakkul Karman, « aussi bien avant que pendant le printemps arabe », a elle aussi joué « un rôle prépondérant dans la lutte en faveur du droit des femmes, de la démocratie et de la paix au Yémen », a-t-il ajouté.
Journaliste née en 1972, cette jeune femme frêle est une figure emblématique du soulèvement populaire contre le président contesté Ali Abdallah Saleh dans un pays conservateur où les femmes ne jouent pas de rôle de premier plan en politique.
Elle a été un des principaux meneurs des manifestations estudiantines de janvier qui ont donné le coup d’envoi au soulèvement, ce qui lui valu une brève arrestation.
Jusqu’à présent, seules 12 femmes avaient reçu le prix Nobel de la paix en 110 ans d’existence de ce prix, la dernière étant l’écologiste kényane Wangari Maathai (2004) qui vient de décéder.
« Ce prix est un tribut à toutes les femmes dans le monde et à leur rôle dans les processus de paix et de réconciliation », a réagi le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg.
Le prix sera remis aux trois lauréates à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel. Il consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (environ un million d’euros) que les trois lauréates se partageront.