L’opposant Pierre Mamboundou sera inhumé le 29 octobre à Ndendé. L’annonce de son décès a suscité une réaction en chaine d’hommages, de condoléances et de coups de gueule. Morceaux choisis.

Né le 6 novembre 1946 à Mouila dans le sud du Gabon, Pierre Mamboundou est mort le 15 octobre 2011. Au lendemain de ce décès, les hommages et les condoléances affluent, aussi bien de la classe politique gabonaise que de la société civile.

Dans un communiqué laconique, sa famille qui a annoncé «au monde le décès de leur fils Pierre Mamboundou Mamboundou, Président de l’Union du peuple Gabonais et Député à l’assemblée nationale (…) dès suite d’une crise cardiaque», a invité «le peuple gabonais à se recueillir dans le calme et le respect dûs au rang et à la dimension de l’illustre disparu, d’autant que ses dernières actions invitaient ce même peuple gabonais à la retenue et à l’édification de notre pays par la conjugaison des efforts de tous.»

Dans une déclaration lue, le 17 octobre, par le porte-parole de la présidence, le Président de la République gabonaise, Ali Bongo a rendu à l’opposant un hommage dont on peut retenir : «La disparition de Pierre Mamboundou est celle d’un géant de la politique gabonaise. Il sera difficile de le remplacer. C’est un homme de dialogue et de discussion qui a agi sans jamais se compromettre. Tout le monde regrette profondément sa disparition. En mon nom et en celui de tous les miens, je réitère nos plus sincères condoléances à toute sa famille. Le Gabon a perdu ce jour un grand Homme.»

Fidèle Waura, compagnon de lutte et secrétaire général de l’UPG, relayé par l’AFP, a laissé entendre que Pierre Mamboundou «avait une vision, il voulait que le pays soit mieux géré. Il a fait rêver les Gabonais, que le changement était possible, qu’avec lui on allait arriver à une nouvelle République».

On note, après quoi de nombreux autres hommages. Notamment ceux de :

Zachary Myboto, leader de l’Union nationale, formation politique interdite et passée à la clandestinité : «C’est une grande perte pour l’opposition gabonaise, pour la classe politique et pour la nation entière (…) Il a contribué considérablement à l’ancrage du processus démocratique dans notre pays. Parmi ses farouches combats et ceux que nous avons pu mener ensemble dans l’opposition, je peux citer ceux ayant abouti aux accords d’Arambo et l’introduction tant souhaité des données à caractère personnel (biométrie) dans le corpus électoral national.»

Faustin Boukoubi, secrétaire général du PDG : «C’était un vrai opposant, un homme entier incapable d’hypocrisie, un vrai républicain». Le communiqué officiel de son parti assure avoir partagé avec Mamboundou «le combat des idées républicaines et patriotiques.»

Louis-Gaston Mayila, président de l’UNPR : «Mamboundou et moi avions des cheminements politiques différents. Il était dans l’opposition tandis que moi j’étais du côté du pouvoir. Après nous avions appris à nous connaître puisque dans la vie nous étions parents (…) C’est une perte immense pour le peuple gabonais dans la mesure où, Mamboundou représentait un espoir. Mais, comme l’espoir ne meurt pas, il va falloir que l’opposition gabonaise et d’autres gabonais fassent vivre la flamme qu’il a allumé (…) Il faut maintenant réfléchir à comment faire pour rester digne de sa mémoire. Aussi pour voir le message qu’il nous laisse, parce qu’en réalité cette ténacité, pugnacité et prise de position permanente avec beaucoup de courage est en soi un message.»

Bruno Ben Moubamba, candidat à la présidentielle de 2009, semble plutôt en colère : «Le « Pouvoir Gabonais » a le droit de penser ce qu’il veut et même de croire qu’il a déjà remporté la partie avec l’aide de ses complices et de ses alliés avérés et cachés. Qu’il le pense si cela peut le rassurer mais qu’il ne sous-estime pas le poids de notre détermination, pour l’honneur, l’Histoire et la terre de nos ancêtres. Tout le monde n’a pas l’esprit du sacrifice et du martyr (…) Le Peuple Gabonais a peut-être perdu son « Nelson Mandela », comme l’a affirmé une haute personnalité française (…) L’Histoire le dira ! Nous sommes dans le temps du deuil et il est souhaitable que la politique politicienne ne reprenne « ses droits » qu’après les funérailles de l’illustre défunt.»

Richard Moulomba, président de l’ARENA et ancien bras droit de Pierre Mamboundou : «La disparition de cette illustre personnalité qui par sa stature et son envergure a contribué, ces vingt dernières années, à enraciner le débat démocratique dans notre pays, est dramatique à plus d’un titre (…) Je voudrais ici rendre hommage à un homme, un aîné, un père, à l’ombre de l’autorité de laquelle j’ai fait mes armes politiques (…) Puisse Dieu, le miséricordieux accueillir le disparu.»

La Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) , aux leaders duquel Mamboundou avait rendu visite alors qu’ils étaient en grève de la faim : «La Conasysed salue tout d’abord la mémoire et l’œuvre grandiose de l’illustre disparu qui a lutté pendant longtemps pour l’instauration et l’enracinement de la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays d’une part, et pour la promotion et la défense des droits de l’homme d’autre part. Ensuite, la Conasysed rend hommage à la disponibilité et à l’altruisme de l’illustre disparu qui n’a pas hésité un seul instant à s’investir dans le règlement de la crise entre cette dernière et le Gouvernement.»

Une délégation de l’UPG, conduite par son secrétaire général Fidèle Waura, a été reçue le 18 octobre par le président Ali Bongo. Il a notamment été question du programme des obsèques de l’opposant. Il en résulte que la dépouille mortelle de Pierre Mamboundou sera exposée à l’Assemblée nationale le 27 octobre en vue d’un dernier hommage des parlementaires. Après quoi, elle sera emmenée au siège de l’UPG à Awendjé (Libreville) et enfin à sa résidence au quartier Mindoubé avant d’embarquer le lendemain pour la ville de Ndendé dont il était le député et où il sera inhumé le 29 octobre.