Le premier ministre libyen par intérim a affirmé, mercredi, que Mouammar Kadhafi serait en train de recruter des combattants originaires d’autres pays africains pour préparer une possible insurrection dans le but de déstabiliser le nouveau régime libyen.
Les commentaires de Mahmoud Jibril reflètent les craintes que le dictateur déchu tire profit de ses relations amicales avec les pays voisins pour lancer une offensive afin de reprendre le pouvoir.
«Des informations montrent que 68 véhicules transportant au moins huit combattants chacun ont traversé la frontière libyenne vers le Mali, et que Kadhafi se cache dans le désert du sud de la Libye», a dit M. Jibril devant les journalistes.
Le premier ministre a affirmé que Kadhafi avait conclu un accord avec la tribu Hamada, qui se déplace dans le désert entre le Tchad, le Soudan et la Libye, afin de fournir 12 000 combattants «pour entrer en Libye et lancer les combats».
Les partisans du dictateur déchu continuent d’opposer une résistance féroce dans plusieurs zones, empêchant les nouveaux dirigeants de la Libye de déclarer la victoire totale, près de deux mois après la prise de Tripoli et de plusieurs autres régions du pays.
«Kadhafi dispose de deux options: déstabiliser le nouveau régime, ou déclarer un État séparé dans le sud», a dit Mahmoud Jibril dans une entrevue publiée par le quotidien Asharq Al-Awsat.
Les forces révolutionnaires ont pris le contrôle cette semaine de Bani Walid, un bastion de fidèles du régime Kadhafi. À Syrte, l’autre principal bastion loyaliste, les forces révolutionnaires ont affirmé avoir encerclé les forces de Kadhafi dans une zone résidentielle d’environ 700 mètres carrés, mais continuaient d’être assaillies par les tirs d’artillerie lourde provenant des édifices environnants.
Selon le sous-ministre de la Défense, Faouzi Abou Katif, l’un des fils du dictateur déchu, Mouatassim, ferait partie des personnalités de l’ancien régime retranchées dans la zone résidentielle.
Les forces du Conseil national de transition souffrent également de désorganisation dans leurs rangs. Il leur a notamment fallu deux jours pour prendre un simple immeuble à Syrte.
On ne sait pas très bien pour l’instant si les fidèles du régime qui ont réussi à échapper aux nouvelles autorités continueront de se battre pour tenter de mener une insurrection.
Contrairement à l’Irak de Saddam Hussein, la Libye n’a aucun parti politique organisé qui aurait pu former la base d’une insurrection. Des rivalités régionales et ethniques ont par ailleurs commencé à apparaître dans les rangs des révolutionnaires, faisant de plus en plus craindre la possibilité d’une guerre civile.