Malgré la défaite concédée face au Brésil (0-2), jeudi à Libreville, le Gabon s’est montré à la hauteur du rendez-vous, à deux mois et demi de sa CAN.
Ce n’est pas tous les jours qu’on accueille le Brésil. Pour sa toute première confrontation avec le quintuple champion du monde, jeudi à Libreville en match amical, le Gabon a donc fait les choses en grand. Programmée à la hâte il y a seulement six semaines, pour montrer au continent que le pays est prêt à accueillir la prochaine Coupe d’Afrique des Nations à partir de fin janvier, la rencontre s’est déroulée dans un Stade de l’Amitié flambant neuf, testé pour l’occasion même s’il n’est pas encore tout à fait terminé. Devant 32 723 spectateurs surexcités par tant d’honneur, dont le président de la République Ali Bongo Ondimba, les joueurs de Gernot Rohr n’ont pas démérité. Battus (2-0) mais ravis d’avoir pu montrer leurs qualités, ils ont surtout confirmé les bonnes impressions entrevues lors de leurs derniers matches amicaux.
Aubameyang intenable à droite
Certes, ils n’ont pas vaincu le visiteur prestigieux, lequel conforte son bilan face aux équipes africaines (27 victoires pour une défaite seulement, contre le Cameroun en 2003). Mais l’ont-ils envisagé à un moment donné ? L’essentiel était avant tout de faire bonne figure. Objectif atteint. Avec un brin supplémentaire de réussite, du Stéphanois Pierre Emerick Aubameyang notamment (41e), intenable sur son côté droit, ou encore du Niçois Eric Mouloungui (39e), les Panthères auraient pu rugir encore plus de plaisir. Mais très sérieux, tout au long de la partie, les Brésiliens pourtant privés de nombreux génies offensifs (Kaka, Ronaldinho, Neymar, Robinho, Pato) ne leur ont fait aucun cadeau. Sur un terrain quasiment impraticable, la Seleçao a même réussi l’exploit de jouer au ballon. Ses deux buts, de Sandro à l’affût après une erreur d’Ebanega (12e), et d’Hernanes également bien placé à la suite d’une frappe de Jonas (25e), en témoignent. Au Gabon, la délégation auriverde n’était pas venue faire du tourisme.
Rohr : «On n’a pas été ridicules»
Gernot Rohr (sélectionneur du Gabon) : «Le résultat n’est pas étonnant. Je regrette notre manque de réalisme car ce n’est pas passé loin qu’on marque un but. Je suis tout de même satisfait parce que j’ai vu du plaisir chez nos joueurs. Ce qui est encourageant, c’est l’amélioration dans notre jeu. On n’a pas été ridicules. On a fait aussi preuve de beaucoup de courage et d’engagement. J’ai vu des choses intéressantes. On rêvait de battre le Brésil mais on a été un peu naïfs. On rêve toujours de faire une bonne CAN. On est dans les temps. Dans deux mois, on aura récupéré tous nos blessés, on aura progressé et on sera prêts.»
Didier Ovono (gardien et capitaine du Gabon) : «Je l’ai dit au coach : ce n’est pas normal qu’on s’échauffe sur la piste d’athlésime. Aucun gardien ne peut commencer un match sans repère. On a joué aujourd’hui dans des conditions difficiles. Excusez-moi du mot, mais on a vraiment joué sur un terrain de merde ! L’important pour nous, même si c’est bien d’avoir un nouveau stade, ce ne sont pas les tribunes mais l’aire de jeu. J’espère qu’on fera des efforts tous ensemble pour qu’à la CAN, tout soit parfait.»
Ali Bongo Ondimba (président de la République gabonaise) : «On sait qu’on a du retard, notamment avec le problème des routes. Mais je tiens à dire que tout sera réglé pour la CAN. On a vu ce qu’était le haut-niveau. On sait ce qu’il nous reste à travailler.»
Mano Menezes (sélectionneur du Brésil) : «Merci au Gabon de nous avoir si bien accueilli. Cela confirme toutes les responsabilités qu’a le Brésil à continuer d’honorer le poids de son histoire lorsqu’un adversaire le sollicite. On était déjà sûr de notre supériorité, ce n’est donc pas une surprise d’avoir gagné. Je suis satisfait de la prestation de mon équipe, et surtout de celle des jeunes, ce qui est de bon augure pour la suite de notre préparation à la Coupe du monde 2014. Le conseil que je pourrais donner aux Gabonnais ? Se montrer plus concentrés pour avoir moins de déchets, dans les transmissions surtout, ce qui leur a fait vraiment défaut ce soir.» – H.S.
– Hugues SIONIS, à Libreville (Gabon)