Un proverbe africain nous rappelle constamment ce constat de la tortue : « je suis morte dès mon accouchement, car depuis ce jour je porte mon cercueil (carapace) ». Ainsi le peuple gabonais, malgré la déclaration d’indépendance du 17 aout 1960 n’a pas encore accédé réellement et effectivement à cette indépendance, car il ne jouit d’aucune prérogative d’un peuple libre exerçant pleinement sa souveraineté.
En effet, comme nous le soulignions déjà le 13 aout 2010, lors du message à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la déclaration de l’indépendance du Gabon en page 2, l’hebdomadaire français Jeune Afrique, dans sa livraison du 1er au 7 aout 2010 en page 34, lève un coin du voile sur les conditions d’accession de notre pays à la souveraineté internationale : « le 15 juillet 1960, un mois avant que le Gabon n’accède à l’indépendance, le Premier Ministre français Michel DEBRE, écrivait à son homologue Léon MBA « On vous donne l’indépendance à condition que l’Etat, une fois indépendant, s’engage à respecter les accords de coopération. L’un ne va pas sans l’autre ». Le ton était donné, comme pour sceller durablement leur relation future. Pour le meilleur et pour le pire ». Ainsi par ces accords, le Gabon perdait de fait cette indépendance et restait définitivement un protectorat français qui ne dit pas son nom.
La réalité des accords de coopération
En fait, la France s’est donnée le « meilleur » par ces accords de coopération en s’adjugeant et en maintenant tous les avantages et tous les privilèges sur le GABON. Au passage, nous pourrions en citer quelques uns :
-L’imposition de la langue française résultant du découpage vicieux de l’Afrique pour éviter la création des états monolingues, et pour rendre utile et obligatoire son utilisation au détriment des langues locales. La France va en faire une langue officielle, de cohésion sociale, de travail, d’enseignement, de communication internationale, de science, de culture etc…. Elle devient alors incontournable et laisse penser que par son utilisation, la France vole au secours des peuples sans cultures pour justifier les notions d’apport de civilisation d’amitié et de coopération.
Mais par ce fait, la France occulte volontairement les principes de domination et de colonisation par la langue et les ressources inépuisables qu’elle tire de son utilisation. Cette situation conduit ainsi le GABON et d’autres pays africains à continuer à former la majorité de leurs cadres dans l’hexagone en versant d’importantes sommes à l’Etat français et des allocations d’entretien à leurs étudiants qui pour vivre louent, consomment et s’équipent sur le territoire français.
La France occulte également les ressources provenant des industries cinématographiques et audiovisuelles, des industries du livre et autres activités culturelles qui en réalité sont des sources intarissables de revenus. Pour la France, l’emploi de la langue française est considéré comme un service et non comme une opération hautement lucrative. Pourtant l’utilisation des langues locales dans le cadre de l’éducation et de la décentralisation administrative permettrait d’amorcer une orientation vers la résolution des problèmes de ces peuples aussi bien au GABON qu’ailleurs.
-Le maintien de la monnaie coloniale CFA malgré la déclaration d’indépendance du 17 aout 1960 ne répond pas aux exigences de l’exercice de la souveraineté d’un état libre, car ne dit on pas que la monnaie est un attribut de souveraineté. Par contre, à cause du maintien de cette monnaie, la France clame haut et fort qu’elle rend de larges services aux africains en général et au GABON en particulier en les gardant économiquement mineurs, donc incapables de gérer leur économie et leur monnaie. Il est dommage, pour un pays qui déclare à la face du monde défendre les intérêts des peuples, de maintenir sous son contrôle total les peuples des pays déclarés indépendants.
Elle refuse habilement aussi de reconnaître les avantages fabuleux que lui confère la gestion du CFA. Il faut noter le dépôt obligatoire de garantie à la Direction du Trésor Français variant entre 6000 milliards de francs CFA soit 9 milliards d’euros et 8000 milliards de francs CFA soit 12 milliard d’euros. Ce dépôt constitue un financement occulte de l’économie française. Ajouter à cela l’assurance d’un marché protégé constitué par les zones privilégiées du franc CFA offrant les possibilités d’exploitation de toutes les ressources naturelles. La création de la monnaie africaine et d’une banque centrale africaine devrait donc être un impératif pour l’Afrique si elle veut mieux maitriser son indépendance et son économie ; Que deviendrait la France appartenant à la zone euro si elle perdait la gestion et le contrôle du franc CFA et le privilège de ses zones ?
-L’occupation totale de tous les secteurs de l’économie du GABON par les Français (Banques, commerces, entreprises BTP, industries extractives et forestières etc…), en écrasant sans ménagement, toutes velléités des gabonais de s’infiltrer dans ces domaines. Cela prouve, s’il n’en était besoin, l’urgence d’entreprendre des initiatives pour mettre un terme à cette situation. Il n’est pas logique que certains extraient, transforment, transportent, vendent et réduisent les autres en simples consommateurs ou en mendiants.
-L’appropriation de toutes les richesses naturelles du GABON en s’auto-attribuant, par le biais des fameux accords secrets de coopération pourtant jamais entériné par le Parlement gabonais et jamais publié dans les journaux d’annonces légales, 95.2% de ressources du GABON. La France accorde par ailleurs 4.5% du reste des ressources à la famille présidentielle et par extension au Parti Démocratique Gabonais (PDG) pour l’achat et la manipulation des consciences afin d’écarter tout risque d’alternance. Une portion congrue de 0.3% revient au peuple gabonais relégué au rang d’esclaves et de mendiants, et non de peuples souverains chargé de gérer ses propres richesses et de construire son avenir et son bonheur . Il est donc temps que l’Exécutif et le Parlement gabonais prennent leurs responsabilités pour réviser les accords avec la France.
-La présence éternelle de l’armée française sur le territoire gabonais qui symbolise l’occupation permanente destinée à pérenniser la domination française sur le peuple gabonais par la répression suite à toutes contestations ou réactions contre la France et les intérêts français. Ainsi, l’accès libre et sans contrôle à l’exploitation de tous les minerais du pays reste garanti. Cette mission de l’armée française est désormais renforcée par la garde présidentielle dite républicaine organisée et mise en place par les Français après le Coup d’Etat de 1964 des militaires gabonais réprimé violement par cette armée française. Jusqu’aujourd’hui les militaires gabonais victimes de cette répression française et morts au front pour défendre le GABON n’ont jamais été réhabilitées pour que le Peuple gabonais leur rende un hommage mérité. Le GABON reste le seul pays en paix ou cette armée est présente. Pourquoi ?
-L’intrusion directe de la France dans la vie politique du GABON par le choix des responsables politiques à tous les échelons du pays. Ne dit on pas désormais qu’au GABON : Les Présidents de la république, les Députés et les Sénateurs, les Maires et Présidents d’Assemblée Départementale sont nommés malgré la fausse apparence démocratique. Cette situation a conduit les principaux leaders appartenant ou ayant appartenus au PDG de penser et de faire croire qu’au GABON effectivement le pouvoir vient de Paris (de l’Elysée avec sa cellule africaine, ou du Quai-d’Orsay auquel est rattaché désormais la rue Monsieur (Coopération)) et non du Peuple gabonais.
Alors les élections constituent l’occasion de tourner tout un peuple en dérision. Toutes les consultations organisées depuis l’indépendance en font foi car le Peuple gabonais ne parvient pas à retrouver au sommet de l’Etat et des autres structures, les hommes de son choix. L’objectivité et la recherche de dignité d’un peuple voudrait qu’on mette un terme à cette humiliation en instaurant dans notre pays une démocratie véritable qui permettrait un choix réel de nos dirigeants
-L’infiltration permanente et constante des Coopérants français et parfois occidentaux dans les arcanes du pouvoir et de l’Administration, pour dicter et imposer les volontés de la France voire de l’Occident, constitue aujourd’hui une preuve suffisante que le GABON n’a pas accédé réellement à l’indépendance. Ici, la notion d’indépendance perd tout son sens car si la France estimait que les pays francophones n’étaient pas encore en mesure de s’autogérés, elle aurait du différé ses multiples déclarations d’indépendance pour éviter de créer un système hybride dont elle est la seule bénéficiaire.
-Le refus systématique de l’industrialisation du GABON et des autres pays africains pour conserver le marché et empêcher le transfert de technologies, conduit à limiter toutes formes de concurrence locale, d’évolution et de développement des pays.
-La soumission totale à la politique extérieure de la France par des soutiens inconditionnelles et sans failles à l’ONU, aux autres structures internationales régionales et sous régionales.
L’ensemble de ces faits et ceux non énoncés démontrent en réalité qu’en octroyant l’indépendance au GABON et à d’autres pays africains, la France cherchait habilement et probablement à échapper aux charges et aux exigences de développement de ces pays.
A travers les accords secrets de coopérations, elle a pris toutes les dispositions visant à organiser la vie de la communauté française en métropole comme dans les ex colonies en lui conférant un train de vie supérieur à celui du Peuple gabonais et à celui des autres Peuples africains. Elle tenait, en s’attribuant toutes les richesses du GABON, à bloquer tout développement et empêcher toute forme d’organisation de la société visant à rechercher son bien-être et son bonheur.
La phrase « l’un ne va pas sans l’autre » du Premier Ministre français Michel DEBRE, rappelle que les gabonais n’avaient pas de choix et devaient se plier sans aucune négociation ni restriction préalables aux nouvelles conditions d’asservissement et d’appauvrissement qui leur étaient désormais imposées. Aujourd’hui nul ne peut s’étonner des scandales (les valises de Maître BOURGI) qui secouent leur communautés, car disait le Général DE GAULLE : « la France n’a pas d’amis, la France n’a que des intérêts ».Cette phrase signifie-t-elle que les intérêts de la France soient au dessus des intérêts des autres Peuples en l’occurrence du Peuple gabonais ? Il est aisé de constater que le Président français Nicholas SARKOZY soit venu au GABON renouveler ces accords de coopération avant terme pour éviter que le peuple gabonais ne se saisisse de ce dossier.
L’accession à l’indépendance d’un pays se traduit dans les faits par le transfert de la souveraineté au peuple de ce pays. L’exercice de cette souveraineté s’opère lors des élections libres, transparentes, régulières et crédibles par le choix des dirigeants. Or, aves toutes les dispositions énoncées plus haut, et pour protéger ses énormes intérêts, la France jusqu’aujourd’hui s’oppose à l’organisation d’élections libres et transparentes pour éviter de mettre en péril ses nombreux privilèges et avantages.
A la croisée des chemins.
Après 51 ans, le Gabon se retrouve à la croisée des chemins entre , d’une part, un avenir serein et radieux résultant du fait que la France accepte enfin la véritable indépendance du Gabon et la prise de conscience de ce pays, de ses droits et devoirs par une conduite honnête, raisonnable des affaires, et d’autre part, un avenir incertain et tumultueux qui proviendrait du refus systématique et délibérer de certain de considérer le Peuple gabonais comme un peuple majeur, capable de bâtir son destin, de la volonté de maintenir le statu quo et de favoriser certains groupes. Ces actes qui entraineraient des collisions ne pourraient pas augurer des lendemains meilleurs. Ces collisions seraient de différentes natures.
-Les collisions qui seraient dues, à plus ou moins long terme, à l’organisation des élections et à la volonté du PDG de confisquer le pouvoir. Faut-il le rappeler, les élections de1990, 1993, 2006 et 2009 n’ont pas été pour des gabonais que de grandes frustrations.
-Les collisions qui proviendraient de l’inégalité des électeurs devant le suffrage. En effet, pourquoi certains électeurs auraient-ils le grand privilège d’élire un député étant au nombre de 200 à 300 alors que d’autres sont obligés de se retrouver à plusieurs milliers pour élire un député ? Cette situation provoque naturellement des frustrations qui conduiraient inévitablement à des collisions. Un nouveau découpage électoral plus juste, plus démocrate, légitime aiderait à mieux asseoir la démocratie gabonaise.
-Les collisions seraient également provoquées par l’absence de transparence électorale. La liste électorale manipulée et manipulable à volonté et non publiée sur Internet et non remise aux partis politiques reste la base de contestation de nombreux résultats électoraux. En fait, il semblerait que cette liste intègrerait désormais plusieurs non gabonais qui, par certains détours, auraient obtenu la carte d’identité nationale.
Cette situation gonflerait la liste électorale et pourrait constituer, dans une large mesure l’augmentation de 20 000 électeurs signalé par le Ministère de l’Intérieur. Le comble est constitué par le fait que le nombre d’électeurs prenant part réellement aux consultations n’atteindrait guère les trois cent mille alors que le Ministère de l’Intérieur donne le chiffre de plus de 700 000 électeurs. Comment expliquer cette grande différence, synonyme d’abstention ? A la longue, vu le nombre d’immigrés, ceux-ci se substitueront aux nationaux pour élire les dirigeants gabonais.
-Les collisions seraient aussi la résultante des effets de la corruption et de l’achat de conscience. Il est apparu que non seulement le PDG, avec ses 4,5% des ressources du pays, financerait allègrement ses différentes campagnes et remettrait facilement à tout venant des billets de banque, alors que les autres candidats ne disposent pas des mêmes moyens. En plus, il paraitrait, en marge des indemnités officielles versées aux parlementaires, que les députés du PDG percevraient la coquette somme de 25 millions de francs par mois (voir dossier de l’honorable Paulette Oyane Ondo). Ce système amène à faire croire à la communauté nationale et internationale que l’Opposition et le Peuple gabonais ne peuvent assurer une alternance viable. Cette confiscation du pouvoir du PDG risque de conduire un jour à de violentes collisions.
-Les collisions pourraient être suscitées par des éléments de transparence électorale telle que la biométrie qui aurait rendu éventuellement la confection du fichier et de la liste électorale fiable. Le report permanent de son application dénote du souci de maintenir la confusion lors des élections pour favoriser la fraude.
-Les collisions seraient enfin le fait de l’intrusion de la France et des milieux ésotériques pour imposer leurs choix et leurs adeptes au sommet et dans les arcanes de l’Etat gabonais.
Voici énoncé les différents faits que dénoncent depuis plusieurs années le Morena, l’Opposition et le Peuple gabonais. Il est à craindre que ce Peuple humilié, frustré, meurtri, ne se lève un jour pour rétablir sa dignité et son honneur. Faut-il qu’il y ait versement de sang ou enlèvement pour que la communauté internationale se penche sur la situation d’un Peuple qui crie sous l’oppression.
LUC BENGONO NSI
PRESIDENT DU MORENA
MEMBRE FONDATEUR
Intéréssant discours…. Mais M. Bengone Nsi n’ignore pas qu’il y a la raison d’Etat, elle est supérieure à la volonté des chefs d’Etat, faites la lecture de la politique internatuionale pour le comprendre…. Il y a certaines forces, non divines, qui sont au-dessus des chefs, des reines et rois auxquelles ces derniers sont soumis….. Il es facile d’avoir un tel discours pour s’attirer un maximum de sympathie, mais il est très difficile de le mettre en exergue quand on est au pouvoir…. M. Bengone Nsi le sait…