Par Laurent de Saint-Perier
L’Unesco est dans le rouge : en représailles à l’adhésion de la Palestine, les États-Unis ont décidé de suspendre leurs versements au budget de l’agence. Alors qu’à New-York, le Gabon n’expose pas encore clairement sa position sur la reconnaissance de l’État palestinien, le président Ali Bongo a débloqué 2 millions de dollars à destination de l’agence. Éléments d’explication.
L’enveloppe des États-Unis. Voilà ce que coûte à l’Unesco l’adhésion de la Palestine. Par la voix de sa directrice générale, Irina Bokova, l’agence a annoncé, le 10 novembre, qu’il lui fallait trouver 65 millions de dollars (48 millions d’euros) pour équilibrer son budget 2011. Elle va devoir se serrer la ceinture : des économies seront réalisées à tous les niveaux, mais les programmes en cours sont maintenus. Pour parer à l’urgence, Mme Bokova a lancé un appel à constituer un fonds par la contribution volontaire des partenaires de l’Unesco. Premier pays à y répondre favorablement, le Gabon.
Le Gabon « attaché » à l’Unesco
Le soir même de l’appel, Ali Bongo s’est engagé à verser 2 millions de dollars (1,5 millions d’euros) à l’agence, « démontrant ainsi son attachement à cet organisme scientifique et culturel, » précise le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres gabonais du 11 novembre. Depuis la création d’un réseau de 13 parcs nationaux par Omar Bongo en 2002, le Gabon se montre particulièrement assidu à toutes les réunions de l’institution. À partir de 2003, le pays a multiplié les candidatures à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial et le parc de la Lopé a décroché le prestigieux label en 2007. Cédant au Togo, le 31 décembre prochain, son fauteuil de membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, le Gabon peut également vouloir laisser un bon souvenir de son passage.
À Paris, le Gabon a voté en faveur de l’adhésion palestinienne à l’Unesco, comme la plupart des États d’Afrique (aucun refus, 8 abstentions). Mais, à New York, il était encore (le 12 novembre) l’un des derniers membres du Conseil de sécurité à n’avoir pas laissé entendre clairement sa position sur la reconnaissance de l’État palestinien. Les observateurs s’accordent à dire qu’elle sera favorable. Mais le vote d’un État peut varier d’un bord de l’Atlantique à l’autre : la France qui a approuvé l’adhésion palestinienne à l’Unesco, s’abstiendra si la question est posée au Conseil de sécurité.
Donateur plus que médiateur
Dès 1989, le Gabon a reconnu la Palestine, qui possède une ambassade à Libreville. Au-delà de la position diplomatique du Gabon sur la question palestinienne, force est de constater la grande générosité humanitaire du pays d’Ali Bongo ces dernières années : en janvier 2010, un million de dollars (720 000 euros) a été offert à Haïti après le séisme, un million de dollars (720 000 euros) au Japon après le tsunami en mars 2011, et en juillet dernier, le Gabon a fait don de 2,5 millions de dollars (1,8 millions d’euros) aux populations de la corne de l’Afrique pour les aider à faire face à la famine. Là où le père, acteur de la paix sur le continent, jouait volontiers les médiateurs, le fils semble préférer le rôle de donateur.
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