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Seif al-Islam Kadhafi arrêté en Libye, le pouvoir promet un procès équitable

Seif al-Islam, dernier fils encore en cavale de l’ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, a été arrêté en Libye, où les autorités ont promis « un procès équitable » à cette ancienne figure du régime recherchée par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité.

Peu après l’ annonce de sa capture, les appels à son jugement devant la CPI se sont multipliés sur le plan international, mais les autorités libyennes, tout en s’engageant à coopérer avec la Cour pénale internationale, ont laissé entendre que Seif al-Islam pourrait être jugé dans leur pays.

Longtemps présenté comme le successeur potentiel de son père, Seif al-Islam « a été arrêté dans le Sud libyen », a déclaré à l’AFP Mohammed al-Allagui, le ministre de la Justice, au sein du Conseil national de transition (CNT).

« Seif al-Islam a été arrêté à 01H30 dans la nuit de vendredi à samedi » dans la région de Wadi al-Ajal (sud-ouest de la Libye), a précisé Al-Ajmi al-Atiri, le chef de la brigade de Zenten qui arrêté le fugitif dans une embuscade.

« Il nous a demandé de lui tirer une balle dans la tête et qu’on l’amène (mort) à Zenten », a-t-il raconté.

Le fils de Mouammar Kadhafi est arrivé vers 16H00 (14H00 GMT) dans le petit aéroport de Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, selon des images filmées avec une caméra par un combattant ex-rebelle.

Il est descendu de l’avion dans une grande pagaille, une foule de combattants et de curieux se bousculant pour le voir, le filmer et même le frapper. Arborant une barbe poivre et sel, il portait un turban et un long manteau marrons, une partie de ses doigts était bandée.

Aucune expression ne se lisait sur son visage, mais il semblait en bonne santé, malgré ses blessures aux doigts, toujours selon ces images.

D’après des chefs militaires pro-CNT, le fils de l’ancien « Guide » a été blessé dans le bombardement de son convoi alors qu’il quittait Bani Walid (170 au sud-est de Tripoli) lors de la chute de ce bastion pro-Kadhafi à la mi-octobre.

Agé de 39 ans, Seif al-Islam a longtemps semblé vouloir moderniser son pays et normaliser les relations avec l’Occident. Mais dès le déclenchement de l’insurrection à la mi-février, il n’a eu de cesse de tenir un langage guerrier, tentant bec et ongles de sauver le régime de son père.

Depuis le 27 juin, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI sur des soupçons de de crimes contre l’humanité. Il est accusé d’avoir joué un « rôle-clé dans la mise en oeuvre d’un plan » conçu par son père pour « réprimer par tous les moyens » le soulèvement populaire.

Le Premier ministre libyen par intérim Abdel Rahim al-Kib a promis qu’il serait jugé lors d' »un procès équitable durant lequel les droits et la loi internationale seront garantis ».

« Le système judiciaire va communiquer avec la Cour pénale internationale pour examiner où Seif al-Islam doit être jugé », a-t-il souligné. « Toute coopération avec les organismes internationaux est la bienvenue », a-t-il poursuivi, suggérant que les autorités préfèreraient qu’il soit jugé en Libye.

Les autorités libyennes ont l’obligation de remettre Seif al-Islam à la Cour, a déclaré de son côté à l’AFP un porte-parole de la CPI, sans exclure la possibilité que le procès ait lieu en Libye.

« Si les autorités libyennes estiment qu’un procès au niveau national est une meilleure solution, elles devront alors demander à la CPI que l’affaire ne soit pas recevable à La Haye, selon le principe de complémentarité », a-t-il déclaré.

Un autre porte-parole a précisé que le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, se rendrait en Libye la semaine prochaine.

Les Etats-Unis, l’Union européenne, la France et la Grande-Bretagne notamment ont appelé samedi le nouveau pouvoir à coopérer avec la Cour pénale internationale et à assurer un procès équitable à Seif al-Islam.

Amnesty International et Human Rights Watch ont demandé également séparément au CNT de livrer Seif al-Islam à la CPI afin d’éviter « ce qui est arrivé à Mouammar et Mouatassim Kadhafi », tués tous deux après avoir été capturés vivants.

Le représentant spécial de la présidence russe pour l’Afrique, Mikhaïl Marguelov, a d’ailleurs souligné que la Russie était satisfaite que Seif al-Islam ait échappé à une « justice sommaire ».

L’Otan a déclaré de son côté faire « confiance » aux autorités libyennes pour que la justice suive son cours.

Le conflit en Libye s’est achevé le 23 octobre avec la proclamation par le CNT de la « libération totale » du pays, trois jours après la mort de Mouammar Kadhafi.

Un mandat d’arrêt de la CPI visait également l’ex-dirigean et son beau-frère Abdallah Al-Senoussi, ancien chef des services de renseignements.

Des sources sécuritaires nigérienne et malienne ont affirmé que M. Senoussi s’était réfugié fin octobre au Mali. Mais le « Conseil des thowar » de Tripoli a indiqué en citant des témoins que M. Senoussi avait été vu dans le Sud libyen.

A Tripoli et Benghazi, l’ancienne « capitale » de la rébellion dans l’est du pays, des klaxons et des tirs de joie ont retenti pour célébrer l’annonce de l’arrestation.

Seif al-Islam n’était plus apparu en public depuis la nuit du 22 au 23 août lorsque, donné pour capturé par la rébellion, il avait paradé devant les journalistes étrangers en assurant que tout allait « bien » à Tripoli, quelques heures avant la chute du QG de Kadhafi dans la capitale.

Le procureur de la CPI avait plusieurs fois déclaré au cours des dernières semaines avoir eu des « contacts » avec Seif al-Islam via des intermédiaires en vue d’une éventuelle reddition.

Il était le dernier des fils de Mouammar Kadhafi encore recherché. Trois de ses frères ont été tués pendant le conflit, tandis que les autres enfants de l’ex-dirigeant ont trouvé refuge en Algérie et au Niger.

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