Omar Bongo a « contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy », affirme Mike Jocktane, un proche du défunt président gabonais, dans Le Scandale des biens mal acquis, à paraître jeudi 24 novembre à La Découverte. Interrogée par l’AFP, la présidence française se refuse à tout commentaire.
Mike Jocktane, conseiller personnel d’Omar Bongo depuis 2005, promu directeur adjoint de son cabinet en janvier 2009, rejoint l’opposition à Ali Bongo, qui succède à son père en août de la même année.
M. Jocktane confirme les révélations de l’avocat franco-libanais et conseiller de l’ombre de présidents français pour l’Afrique Robert Bourgi, qui avait affirmé en septembre avoir remis « 20 millions de dollars » à l’ex-président Jacques Chirac (1995-2007) et à son premier ministre, Dominique de Villepin.
UN SYSTÈME BIEN RÔDÉ
Mais il va plus loin que l’avocat, selon lequel « ni Omar Bongo ni aucun autre chef d’Etat africain » n’ont remis d’argent à Nicolas Sarkozy par son « intermédiaire ». « Contrairement à ce que prétend Robert Bourgi (…), les mallettes ont continué de circuler avant et après l’élection de Nicolas Sarkozy », assure Mike Jocktane. L’enquête ouverte à la suite des accusations de Robert Bourgi vient d’être classée sans suite, faute d’éléments pour prouver des faits par ailleurs prescrits.
Mike Jocktane décrit un système bien rôdé. « Quand un homme politique français se rend au Gabon, on dit qu’il vient chercher sa mallette… Le président défunt Omar Bongo était très généreux avec les dirigeants français. (…) Une part importante de ces dons a fini dans les poches des bénéficiaires. Il y a eu beaucoup d’enrichissement personnel. »
« Les remises de mallette effectuées dans le bureau du président étaient filmées par des caméras cachées. Tout était enregistré sur vidéo », ce qui, affirme-t-il, constitue « l’un des moyens de pression de Libreville sur Paris ».
LEMONDE.FR avec AFP