Si le Premier ministre Paul Biyoghé Mba avait annoncé, en octobre dernier, le déblocage de 600 millions de francs CFA au titre du franc électoral global, cette enveloppe a vraisemblablement explosé, si on comptabilise les sommes lâchées ça et là, à travers de nombreuses indiscrétions. Tous les candidats aux législatives en cours ne sont pas allés en campagne avec la même cagnotte. Ce qui donne, au finish, un budget électoral hypertrophié.
La campagne électorale en cours compte, entre autres nouveautés, le fait que les candidats du PDG se montrent quelque peu avares avec les électeurs, contrairement au passé où ils rivalisaient de dons et autres cadeaux envers les habitants de leurs circonscriptions électorales. Certains candidats du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), n’ont réellement commencé à battre l’estrade qu’à partir du 13 décembre, soit quatre jours avant le scrutin.
Des sources concordantes assurent que, dans de nombreux cas, le franc électoral a été détourné vers des investissements privés pour assurer les arrières au cas où… Ce qui peut laisser penser que malgré l’offre, par l’opposition, d’un « boulevard triomphal » vers l’Assemblée nationale, certains candidats ne croient toujours pas en leur victoire.
Une source proche du Centre des libéraux réformateurs (CLR) du général Jean-Boniface Assélé, oncle du président Ali Bongo, assure cependant que le francs électoral des candidats du PDG servira au dernier moment pour le transport des électeurs, leur hébergement et per diem mais aussi à l’ «achat» des accesseurs et représentants dans les bureaux de vote.
Alors que le célèbre confidentiel « La Lettre du Continent », indique que certains candidats du parti au pouvoir on reçu «à peine 30» millions de francs CFA, la même bonne source du CLR, formation politique membre de la majorité républicaine, soutient que ces candidats du parti politique fondé par Omar Bongo ont bénéficié d’une cagnotte électorale de 40 millions de francs CFA chacun. Ce qui représente 4,8 milliards de francs CFA pour les 120 candidats présentés par le parti au pouvoir.
Les formations alliées n’auraient eu qu’un peu moins de 10 millions de francs CFA par candidat. Dans l’ensemble et officiellement, le gouvernement a débloqué un budget total de 600 millions de francs CFA au titre du franc électoral. Ce qu’avait déjà annoncé Paul Biyoghé Mba le 12 octobre dernier à l’occasion d’une rencontre avec les responsables des différentes formations politiques.
Paul Biyoghé Mba ne pouvait, naturellement, pas comptabiliser les «cadeaux» que le président Ali Bongo lui-même a fait à certains candidats de tous bords. « La Lettre du Continent » indique à ce propos que le député sortant de Moanda, Valentin Léyama, a reçu du président Ali Bongo 100 millions de francs CFA, «via la BGfI Bank». Ce candidat indépendant originaire de l’UGDD de Zacharie Myboto qui s’est mué en Union nationale avant d’être dissoute, est ainsi gratifié, toujours selon « La Lettre du Continent », pour avoir «monté tout une cabale contre l’ancien patron de la Comilog, Marcel Abéké, qui a contribué à précipiter le départ de ce dernier». Le même média confidentiel a laissé comprendre que le ministre de l’Equipement et des Infrastructures «Léon Nzouba aurait reçu plus de 300 millions pour sa campagne» ; un cadeau du président.
Combien aura donc coûté ce que la société civile gabonaise taxe de «grande foire» et qui n’avait pas de véritable enjeu en l’absence de l’opposition véritable et qui, au constat, est bien loin de l’effervescence des législatives antérieures.
