C’est ce samedi 17 décembre 2011 que les Gabonais sont appelés aux urnes pour élire les futurs locataires de l’Assemblée nationale. Pour ces consultations, 120 sièges sont en jeu et ils sont 475 candidats, investis par des partis politiques indépendants, à courtiser l’électorat depuis le 7 décembre dernier, date d’ouverture de la campagne électorale. Pour permettre aux Gabonais d’aller accomplir leur devoir civique pour la 2e fois après la présidentielle de 2009, la journée du samedi 17 décembre a été déclarée « fériée, chômée et récupérable sur l’ensemble du territoire national » par un arrêté du ministre de l’Intérieur. Toutefois, on attend de voir ce que feront les Gabonais de ce dimanche avant l’heure.
En effet, l’affluence dans les bureaux de vote sera particulièrement surveillée. La raison est simple : les partis politiques de l’opposition, les plus en vue, boycottent le scrutin après avoir demandé en vain l’introduction de la biométrie pour plus de transparence du scrutin. De guerre lasse, ses leaders se sont alliés avec des organisations de la société civile dans une coalition baptisée « Ça suffit comme ça ! ». Et pendant que les candidats étaient à la pêche aux voix, cette coalition parcourait aussi le pays pour appeler au boycott du scrutin. « Pas de biométrie, pas de transparence, pas d’élections », tel est leur slogan. Les ténors qui s’opposent à Ali Bongo ont préféré laisser le champ libre au parti de ce dernier, le Parti démocratique gabonais (PDG).
Du même coup, l’enjeu du scrutin s’en trouve vidé. Le PDG n’en demandait pas mieux sans doute pour rafler la majorité à l’Assemblée nationale. Une fois de plus, on en vient à regretter, sur le continent africain, le boycott d’une élection majeure comme celle des élus du peuple. Hier, c’était la Côte d’Ivoire avec le Front populaire ivoirien (FPI). Aujourd’hui, c’est le Gabon avec la frange importante de l’opposition. Le boycott semble avoir été remis au goût du jour en Afrique après avoir été délaissé, entre-temps, par ceux qui y avaient systématiquement recours dans les années 90. Son inefficacité avait convaincu bon nombre de politiciens que ce n’était pas la meilleure arme. Pourtant, les mêmes, c’est-à-dire les opposants, l’emploient à nouveau au grand bonheur, une fois de plus, des partis au pouvoir.
Le boycott ne leur pose aucun problème de conscience. Ils ne sont nullement gênés de triompher sans gloire et de vaincre sans péril. Par moments, on se demande si tout n’est pas sciemment fait pour qu’il y ait boycott afin de remporter haut la main des élections dont les résultats sont connus d’avance. Tant pis si la démocratie en prend un coup. Les élections de proximité comme les législatives et les locales sont des instants propices pour les partis politiques de tester leur popularité, leur poids réel auprès de l’électorat. Tout jet d’éponge d’un adversaire pour des motifs de non-transparence, de règles du jeu non claires, enlève de la saveur à la compétition. Tout doit être mis en œuvre pour éviter autant que faire se peut les boycotts d’élections en Afrique. L’ancrage de la démocratie dont on parle tant ne s’accommode pas d’une telle attitude.
Séni DABO
Le Pays