Le vice-Premier ministre britannique a jugé « inacceptables » certains propos venus de France.
La tension est devenue telle que François Fillon s’est senti obligé d’appeler Nick Clegg en personne. Le Premier ministre français a ainsi tenté d’apaiser le vice-Premier ministre britannique, particulièrement irrité, comme une bonne partie du Royaume-Uni, par certaines remarques venues de l’autre côté de la Manche.
Et le commentaire qu’a fait l’entourage de Nick Clegg à l’issue de l’entretien montre que tout n’est pas aplani, loin s’en faut. « Le vice-Premier ministre a accepté son explication mais a fait comprendre que les récentes remarques émanant de membres du gouvernement français au sujet de l’économie britannique étaient tout simplement inacceptables et que des mesures devaient être prises pour baisser le ton », lit-on dans un communiqué officiel des services du leader des libéraux-démocrates.
Venant de l’europhile Nick Clegg, chargé d’apaiser les tensions nées de la décision de la Grande-Bretagne de prendre ses distances avec un nouveau traité européen, le message est on ne peut plus clair.
La petite phrase de Baroin
Et si les Britanniques réagissent aussi vivement, c’est qu’ils craignent pour la note de leur dette, leur AAA. Contrairement à celles des pays de la zone euro, la sacro-sainte note maximale du Royaume-Uni n’est pour l’heure pas sous surveillance des agences. Une situation ouvertement mal comprise en France. Dès jeudi, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, avait pointé l’exemple , selon lui, très préoccupant de la Grande-Bretagne pour exprimer son incompréhension sur le fonctionnement des agences de notation.
Vendredi, c’est François Baroin, interrogé sur le commentaire de Christian Noyer, qui y est allé de sa petite phrase. « On n’a pas de leçons à donner, mais on n’a pas de leçons à recevoir. On en a reçu quelques-unes mais c’est vrai que la situation économique de la Grande-Bretagne, elle est aujourd’hui très préoccupante, et qu’on préfère être français que britannique en ce moment », a dit le ministre de l’Economie sur Europe 1.
« On préfère être Français que britannique » :
Fillon se justifie
Et même François Fillon avait prononcé la veille des propos pour le moins ambigus. « Nos amis britanniques étaient encore plus endettés que nous et ont un déficit plus élevé », sans que les agences « ne semblent le remarquer », avait lancé le Premier ministre en marge de sa visite officielle à Rio de Janeiro.
Alors vendredi soir, l’hôte de Matignon s’est justifié auprès des autorités britanniques. « François Fillon a clairement déclaré qu’il n’était pas dans ses intentions de mettre en question la note britannique, mais de souligner que les agences de notation semblaient plus soucieuses de gouvernance économique que du niveau des déficits », indique le texte des services de Nick Clegg.