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Retour des violences au Caire

Des affrontements opposent pour le deuxième jour consécutif manifestants et forces de l’ordre dans le secteur de la place Tahrir. Au moins huit personnes ont péri vendredi. Le premier ministre égyptien dénonce une «contre-révolution».

La tension ne retombe pas au Caire. Pour le deuxième jour consécutif, la place Tahrir et ses abords sont le théâtre ce samedi de violents affrontements entre opposants au pouvoir militaire et forces de l’ordre. Les heurts se sont étendus de la place, d’où s’élève un épais nuage de fumée, à un pont sur le Nil à proximité. Les protestataires, qui sont armés de pierres, sont eux-mêmes la cible d’hommes en civil qui leur jettent des pierres et des bouteilles enflammées depuis des toits d’immeubles. Place Tahrir, des incendies se sont déclarés dans deux bâtiments ministériels. Les contestataires ont dû s’enfuir dans les rues environnantes. Les soldats égyptiens ont donné la charge à coups de matraques. Des coups de feu en l’air ont également été tirés. Plusieurs interpellations ont eu lieu, au cours desquelles les manifestants ont été frappés. Le premier ministre égyptien Kamal el-Ganzouri annonce 18 blessés par balles ce samedi, mais assure que «ni l’armée ni la police n’ont ouvert le feu» sur les manifestants.

Vendredi déjà, le bilan des heurts s’est révélé très lourd. Les accrochages survenus devant le siège du gouvernement, dans une avenue conduisant à la place Tahrir, ont fait huit morts et 317 blessés. «Nous avons assisté à des scènes hideuses», a témoigné le correspondant de la chaîne d’information al-Jezira. «Les soldats perchés en haut des bâtiments ont bombardé les manifestants avec toute sorte d’objets: bouteilles, meubles, pierres. Certains ont fait des gestes obscènes aux activistes, un militaire leur a même uriné dessus». Ces violences sont les plus graves depuis celles survenues fin novembre peu avant les législatives. Samedi matin, les forces de l’ordre ont repris le contrôle du secteur, barrant les accès. Cela faisait quinze jours que les contestataires campaient devant le siège du gouvernement, empêchant toute réunion ministérielle.

Le gouvernement accuse des «éléments infiltrés »

Les affrontements ont débuté jeudi soir après l’expulsion par l’armée de manifestants devant le siège du gouvernement, près de la Place Tahrir. Selon des témoins, les soldats ont frappé des protestataires, traîné des femmes par les cheveux et incendié des tentes. L’origine de cette escalade n’est pas claire. Certains manifestants, interrogés par les médias officiels, affirment que tout a commencé quand un jeune homme a pénétré dans l’enceinte du parlement voisin pour récupérer un ballon de football. Les gardes de l’institution l’auraient roué de coups. D’autres affirment que le jeune homme aurait provoqué les forces de l’ordre en essayant de s’y installer. Al-Jezira évoque une vidéo, montrant le visage couvert de bleus d’un activiste après son interpellation, qui aurait indigné les manifestants.

«Ceux qui sont à Tahrir ne sont pas les jeunes de la révolution», a prévenu le premier ministre, en allusion à la révolte qui a débouché sur la chute du régime Moubarak. «C’est une contre-révolution», a-t-il ajouté en mettant les troubles sur le compte d’»éléments infiltrés» qui «ne veulent pas de bien à l’Egypte». Une fermeté que ne cautionnent pas les principaux acteurs politiques. «Même si le sit-in était illégal, doit-il être dispersé d’une manière aussi sauvage et brutale, qui constitue une plus grande violation de la loi et de l’humanité?» s’est indigné Mohamed ElBaradei, candidat potentiel à la présidentielle, sur twitter. Le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), issu des Frères musulmans, en tête des élections législatives en cours, a également déploré une «agression» et a appelé l’armée à protéger les manifestants.

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