Ainsi que le laissait entrevoir l’absence d’engouement lors de la campagne électorale de dix jours qui l’a précédée, les élections législatives de ce 17 décembre ont littéralement été snobées par les populations. Si aucun incident majeur n’a émaillé le scrutin, il ne s’agit en tous cas pas d’un succès. Surtout que, du fait de l’appel de l’opposition à boycotter, voire à entraver son organisation, l’un des enjeux de ces élections était le taux de participation.
A l’issue d’une journée sous haute surveillance militaire et sans incident majeur signalé, les bureaux de vote se sont fermés à 18 heures ce 17 décembre, jour des premières élections législatives de la présidence d’Ali Bongo. Sur l’ensemble du territoire gabonais, 746 000 étaient appelés aux urnes, disposés dans 2 633 bureaux de vote, pour l’élection de 120 députés à l’Assemblée nationale.
Ainsi que le laissait présager la campagne électorale qui n’a enregistré que peu d’engouement, l’affluence aux urnes n’était pas au rendez-vous. A Libreville, la plupart des bureaux de vote ont ouvert avec une ou deux heures de retard et toute la journée, les rares électeurs sont arrivés au compte-goutte.
Un tour effectué dans la capitale gabonaise a permis de constater une relative affluence dans certains bureaux de vote postés dans des quartiers traditionnellement acquis au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir). A l’instar du bureau de vote d’Akébé-frontière et d’un autre à la cité Damas.
Dans les centres de vote «n°1 et 2 de Libreville, seuls 61 votants avaient exprimé leur suffrage sur 704 inscrits», rapporte l’AFP, qui cite Germaine Mianga, contrôleuse de la commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap). On a noté 27 votants à l’école de Bellevue 1 à Libreville sur un peu plus de 500 inscrits. De même, le bureau de vote du lycée Nelson Mandela n’a enregistré que 33 votants sur 500 inscrits. L’AFP a également noté qu’à Médouneu, ville d’origine de l’opposant André Mba Obame, dans le Nord Gabon, «certains bureaux ont fermé à l’avance pour devancer la tombée de la nuit mais surtout faute d’électeurs».
L’abstention criarde à Libreville n’a cependant pas été la même à l’intérieur du pays, même si à Port-Gentil, capitale économique, le centre de vote de l’école Ngadi, par exemple, n’a vu passer que 78 votants pour 498 inscrits. De même, selon un correspondant de Gaboneco, le bureau de vote de Mavouli à Tchibanga, dans le Sud du Gabon, enregistrait à 17 heures 40 votants sur 500 inscrits et dans de nombreux autres bureaux de cette ville, capitale provinciale de la Nyanga, on n’enregistrait aucun votant jusqu’à 14 heures. Dans d’autres villes de l’intérieur, les bureaux de vote ont enregistré une meilleure participation qu’à Libreville, ainsi qu’en ont témoigné un bon nombre de journalistes joints au téléphone. Certains parmi ceux-ci expliquent le meilleur taux de participation de l’intérieur du pays par le fait que de nombreux candidats ont fait voyager à leurs frais leurs électeurs depuis Libreville où s’agglutine plus de la moitié de la population du pays.
De menus incidents ont tout de même émaillé le scrutin, ainsi qu’on a pu le constater au bureau de vote de l’école de Louis à Libreville où le candidat dans la circonscription du Bloc démocratique chrétien (BDC, majorité présidentielle) était en colère du fait que ses représentants n’ont pas été admis, par la Cénap, à superviser le scrutin. Quelques électeurs ont également poussé de violents coups de gueule pour avoir été empêchés de voter sur la base des pièces d’identités présentés alors que d’autres ont pu voter sans carte d’électeur devant les observateurs venus des Etats-Unis. Des cas similaires ont également été enregistrés dans de nombreux bureaux de vote à Lambaréné. A Popa, dans la province de l’Ogooué-Lolo, les partisans du candidat du Cercle des libéraux réformateurs (CLR, majorité républicaine), Jean Mindoungani, ont bloqué un bon moment le déroulement du scrutin en tentant d’emporter l’urne.
D’une manière générale, le taux d’abstention a été très élevé. Ce qu’à dû reconnaître la première chaine de Radiodiffusion télévision gabonaise (RTG 1) qui organisait une soirée électorale sur son plateau. De même, le Premier ministre Paul Biyoghe Mba a reconnu, à la faveur d’une déclaration sur les antennes de RTG, que l’appel au boycott lancé par l’opposition a éventuellement influencé la participation au scrutin, non sans évoquer la plausibilité d’autres facteurs déterminants. L’opposition qui annonçait dans un premier temps que le scrutin ne devait pas se tenir avant de battre campagne pour l’abstention, a annoncé une conférence de presse le lendemain du scrutin, 18 décembre. Une première conférence de presse, donnée par le PDG, parti majoritaire, a été programmée dans la soirée du 17 décembre.
Le dépouillement des votes a débuté dès la fermeture des bureaux et chaque candidat a pris connaissance de ses résultats dès la fin des opérations. Il faudra tout de même attendre 48 heures au moins pour connaître les résultats officiels.