Les partis de l’opposition qui ont boycotté les législatives gabonaises du 17 décembre ont affirmé mardi qu’ils ne reconnaissent pas le scrutin, qui a donné une écrasante majorité au parti du président Ali Bongo.
« L’opposition gabonaise ne reconnaît pas la validité du scrutin du 17 décembre 2011 » car « l’Assemblée nationale qui en est issue représente moins de 10% de la population », a affirmé Jules Aristide Bourdes Ogouliguende, figure de l’opposition et ancien président de l’Assemblée nationale, en lisant à la presse une déclaration des partis ayant boycotté le scrutin.
« L’opposition demande au peuple gabonais de rester mobilisé pour d’autres actions en temps opportun face à un tel bafouement de la souveraineté nationale », a poursuivi l’opposant, surnommé JABO.
Selon une source proche du ministère de l’Intérieur et les médias, le parti démocratique gabonais (PDG) du président Ali Bongo Ondimba obtient 114 des 120 sièges de l’Assemblée soit le meilleur score du parti depuis la suppression du parti unique en 1991.
Les résultats officiels devraient être annoncés jeudi par la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap).
Pour le moment, le taux de participation, qui s’annonce faible selon les observateurs et journalistes, n’est pas connu.
Dans sa déclaration, l’opposition affirme: « A l’Estuaire (Libreville et région), l’abstention s’est établie à 95% » et à 93% dans le Woleu-Ntem, la partie septentrionale du pays d’ethnie fang qui avait majoritairement voté pour l’opposant André Mba Obame à la présidentielle de 2009.
L’opposition affirme également que l’abstention est de 92% dans l’Ogooué-Maritime 92%, région de la capitale pétrolière Port-Gentil où des troubles post-électoraux en 2009 avaient fait au moins 3 morts.
« Les députés élus l’auront donc été par moins du 15% de l’électorat, ce qui implique une abstention supérieure à 85%. C’est dire que moins de 100.000 voix se seront portées sur les 120 nouveaux députés », assure l’opposant.
L’opposition s’est également montrée très critique vis à vis de la communauté internationale et surtout de la France: « Enfin que dire du silence complice de la communauté internationale, notamment des autorités françaises actuelles pourtant promptes à intervenir dans certains pays africains qui vivent les mêmes réalités que le Gabon ».
« Cette même communauté internationale est témoin des restrictions des libertés publiques au Gabon, de l’accaparement total des rouages de l’Etat par le seul PDG, des importants détournements des deniers publics dont on connaît la destination en Europe, du blanchiment d’argent sale dont le Gabon devient une plaque tournante en Afrique Centrale », assure JABO.
Le PDG et ses alliés disposaient de 98 des 120 députés pendant la précédente législature (5 ans). Le président Bongo pourra donc s’appuyer jusqu’à la fin de son mandat (7 ans) en 2016 sur une chambre qui lui sera complètement acquise.
L’opposition, divisée entre boycottage et participation, avait déjà critiqué le scrutin avant l’annonce des résultats.