Le parquet a requis jeudi la peine capitale contre l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, 83 ans, accusé du meurtre de manifestants durant la révolte qui l’a chassé du pouvoir début 2011.
Un procureur, Moustafa Khater, a demandé la « peine maximale » pour celui qui régna sans partage sur l’Egypte pendant trois décennies, en rappelant que « la loi prévoit la peine de mort pour le meurtre prémédité ».
La peine de mort a également été requise contre l’ancien ministre de l’Intérieur Habib el-Adli et six ex-responsables des services de sécurité, jugés en même temps.
Le procureur a aussi demandé la « peine maximale » pour les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, jugés avec leur père pour corruption, une inculpation passible de 15 ans de prison.
Gamal était autrefois considéré comme le dauphin de son père pour la présidence du plus peuplé des pays arabes avec plus de 82 millions d’habitants.
L’audience doit reprendre le 9 janvier. La date du verdict n’est pas encore connue.
M. Moubarak, en détention préventive dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire, a une nouvelle fois comparu allongé sur une civière en raison de son état de santé.
Il est le premier dirigeant victime de la vague de soulèvements populaires du Printemps arabe à comparaître en personne devant la justice.
Le raïs déchu est jugé depuis le 3 août par un tribunal installé dans les locaux d’une école de police de la périphérie du Caire, au milieu d’un important dispositif de sécurité.
Il est accusé d’avoir donné des instructions pour ouvrir le feu lors de la répression du soulèvement contre son régime début 2011, qui a fait officiellement quelque 850 morts, ou de n’avoir rien pour empêcher ces tirs.
M. Moubarak a dès le début du procès plaidé non coupable.
Son ministre de l’Intérieur Habib el-Adli, et six de ses proches collaborateurs de l’époque sont jugés pour ces mêmes accusations.
Un autre procureur, Moustafa Souleimane, a insisté jeudi sur le fait que M. Moubarak « devait assumer la responsabilité légale et politique de ce qui s’est passé ».
« Le président de la République est responsable de la protection du peuple, la question n’est pas seulement de savoir s’il a donné ou non des instructions de tuer les manifestants, mais au-delà de ça de savoir pourquoi il n’est pas intervenu pour arrêter la violence contre ces manifestants », a-t-il déclaré.
« M. Moubarak savait parfaitement ce qui se passait, mais il n’a rien fait », a-t-il ajouté.
Le procureur a également souligné que le ministre de l’Intérieur de l’époque « ne pouvait pas donner des ordres de tirer sur les manifestants sans avoir obtenu des instructions de Moubarak ».
Le procureur Souleimane avait estimé mercredi disposer de preuves solides de l’implication de Hosni Moubarak dans le meurtre de manifestants et dénoncé le manque de coopération « délibéré » des nouvelles autorités avec l’accusation.
Mardi, il avait décrit M. Moubarak comme « un dirigeant tyrannique » qui a « répandu la corruption » et « ruiné le pays sans rendre de comptes ».
Ce procès ainsi qu’un châtiment exemplaire sont réclamés avec force par les familles des victimes de la répression du début 2011, ainsi que par les mouvements qui ont participé au soulèvement.
De nombreux témoignages à la barre de policiers sont toutefois allés dans un sens globalement favorable à M. Moubarak, amenant les parties civiles à protester contre un procès qualifié de « à décharge » et à mettre en cause l’impartialité du président de la Cour, le juge Ahmed Rafaat.
Ce développement judiciaire survient alors que l’Egypte est engagée dans la dernière phase de l’élection de ses premiers députés de l’ère post-Moubarak.