A l’ occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux au Président de la République, Le Chef de l’Etat exhorte la presse nationale à encore plus de responsabilité. Notre rédaction vous libre l’intégralité du discours du Président de la République.
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Monsieur le Ministre de la Communication et de l’Economie Numérique,
Mesdames et Messieurs les Responsables des Organes de Presse Audiovisuelle et Ecrite,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis, comme chaque année, de me retrouver avec vous ce jour, à l’occasion de cet échange de vœux de Nouvel An. Je voudrais considérer que cet exercice n’est pas seulement un échange de civilités, mais bien la marque des bonnes relations, faites de courtoisie et de respect mutuel, que la Presse doit entretenir avec les Institutions de la République.
A cet égard, je voudrais vous remercier pour votre présence effective à nos côtés, tout au long de l’année 2011, en vue de couvrir les activités que nous menions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Il m’est donc agréable, après vous avoir également remercié de vos bons vœux à mon endroit, à l’endroit de la Première Dame du Gabon et à l’endroit de toute ma famille, de présenter à mon tour, à l’ensemble de la presse écrite et audiovisuelle gabonaise, mes Meilleurs Vœux de Bonne Santé, de Prospérité et d’Epanouissement professionnel.
Ces vœux s’adressent également à vos familles respectives et à toux ceux qui vous sont chers.
Mesdames et Messieurs,
L’année 2011 qui s’est achevée m’a permis de mesurer, une fois de plus, les efforts que les pouvoirs publics consentent quotidiennement en vue de préserver la liberté de la presse dans notre pays.
Comme vous le savez, je considère que la liberté de la presse est indispensable à la vitalité de notre démocratie, parce qu’elle contribue à donner aux citoyens les moyens de comprendre et d’évaluer l’organisation générale de l’Etat et de la Nation. Elle favorise la formation d’une opinion publique sur les grands sujets de la vie politique, économique et sociale de notre pays.
C’est à cet effet que des mesures d’aide et d’encouragement ont été mises en place pour permettre aux journalistes de travailler dans de bonnes conditions et de développer progressivement une industrie du secteur de la presse au Gabon. En effet, en allouant chaque année une subvention de l’ordre de cinq cent millions de francs (500.000.000 F CFA) à la presse, nous voulons, par cet effort, donner un coup d’accélérateur à l’émergence d’une presse de qualité et diversifiée dans notre pays.
En conséquence, qu’elle soit publique ou privée, on observe une augmentation des organes de presse dans notre pays, notamment en matière audiovisuelle et dans les médias électroniques. Ceci confirme que la liberté de la presse est bien une réalité dans notre démocratie.
Participant régulièrement à cet effort de promotion de la liberté de la presse, j’ai souhaité que, en plus des médias d’Etat, la presse privée soit associée à chacun de mes déplacements, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Sur un tout autre plan, le Fonds National pour le Développement de la Presse, qui est en cours d’élaboration, contribuera à offrir aux professionnels de la presse écrite des moyens utiles pour mieux participer à l’émergence d’une presse de qualité, libre et responsable. La définition de règles d’accès à ce fond va permettre de soutenir pleinement la réalisation de cet objectif.
La presse, vous en convenez, doit être l’aiguillon de la société, en même temps qu’elle est le meilleur baromètre de l’état de celle-ci. Son existence et sa pérennité sont indispensables à la vie de la Nation. C’est pourquoi les pouvoirs publics doivent la soutenir.
Mesdames et Messieurs,
Je parle d’une presse libre et responsable car, si je reste attaché à la liberté de la presse, je suis tout aussi soucieux de voir celle-ci assumer la lourde responsabilité qui est la sienne dans la diffusion de l’information.
En effet, je note, avec une inquiétude grandissante, qu’il y a encore trop de dérapages dans la presse au quotidien.
Certains organes de presse semblent, hélas, avoir choisi la diffamation ou l’injure plutôt que l’information et l’analyse des faits. Le caractère méchant et haineux des articles publiés dans leurs colonnes traduit une volonté affichée de nuire à autrui. C’est une presse, qui n’est plus simplement partisane, mais qui pousse à la destruction de notre paix sociale si patiemment construite.
Cette presse là, disons-le clairement, porte atteinte à l’Unité nationale et à la Démocratie dans notre pays.
En ce qui me concerne, je ne comprends rien à la méchanceté ni à la haine. Je ne comprends rien à l’injure. Je ne comprends rien à l’acharnement érigé en ligne éditoriale ! Finalement, je préfère ne rien comprendre que de dire n’importe quoi !
Le pire est que cette presse (libre mais irresponsable !) semble être inspirée par certains responsables politiques, au service desquels elle s’est visiblement mise. Or, lesdits responsables politiques – faut-il d’ailleurs encore parler de « responsables ? » – se sont illustrés, il y a quelques années, par des menaces à l’endroit de la presse écrite, promettant de « jeter » en prison certains de leurs membres. Ces personnes n’ont donc pas hésité à utiliser la petite parcelle de pouvoir dont elles disposaient pour tenter de museler la presse, au mépris des règles de la Démocratie et de l’Etat de droit dont ils se réclament aujourd’hui.
Aujourd’hui et a contrario, Ali BONGO ONDIMBA ne menace aucun journaliste. Ali BONGO ONDIMBA n’a mis aucun journaliste en prison. Je ne pratique pas ces méthodes ; elles sont d’un autre temps !
Malheureusement, ceux qui se comportent ainsi, ceux-là même qui instrumentalisent la presse compromettent son avenir et exploitent sa précarité.
Voila donc, Mesdames et Messieurs, ce que peut-être une presse aux ordres !
Or, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, il nous faut accepter que l’espace d’expression des opinions des uns et des autres soit délimité par des règles basées essentiellement sur la crédibilité de l’information et, partant, sur la responsabilité des acteurs. Ces règles visent à protéger les individus et les institutions qui font l’objet de vos écrits, de vos propos ou de vos images, c’est-à-dire à garantir le respect de leur intégrité et de leur dignité.
Qu’elles soient légales, réglementaires ou déontologiques, ces règles sont la contrepartie indispensable au droit dont vous jouissez pleinement de vous exprimer librement.
C’est pourquoi ceux de vos collègues qui s’avèrent incapables de comprendre l’essence de ces règles et prennent le parti de la dérive systématique ne peuvent que tomber sous le coup des sanctions prévues par les lois et règlements régissant votre secteur d’activité.
Vous le savez, dans l’exercice de vos différents métiers, la responsabilité est une règle d’honneur que chacun d’entre vous doit pouvoir observer. J’en appelle donc à votre entière responsabilité, au respect de la déontologie, celle qui fait de votre profession l’indispensable relai de la relation citoyenne qui doit unir les gouvernants et le peuple.
La presse doit être en mesure de donner une information crédible, qui participe à la construction de l’esprit citoyen, renforce la nature indivisible de la République et le caractère républicain de ses institutions. La presse doit préserver et dissuader des comportements inciviques. Son rôle éminent est d’alerter et aider à la décision du citoyen et des gouvernants.
A défaut, et face aux errements continuels que nous observons tous, la loi, mais rien que la loi, doit être appliquée dans toute sa rigueur.
Mesdames et Messieurs,
Bien des défis importants attendent la presse au cours de cette année 2012. Ces défis se résument au développement d’une presse de qualité, diversifiée et crédible.
Je vous invite donc à plus de dynamisme et de perspicacité, pour permettre, par exemple, le développement d’une véritable presse d’investigation dans notre pays.
S’agissant de vos capacités opérationnelles, je sais qu’elles sont parfois limitées. Le Gouvernement devra poursuivre les nombreux efforts déployés en vue de les renforcer.
Mesdames et Messieurs les Responsables des Organes de Presse,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais rappeler, à votre attention particulière, que dans quelques jours, notre pays va abriter, en collaboration avec la République sœur de Guinée Equatoriale, la plus prestigieuse des compétitions sportives du continent. C’est un grand honneur que l’Afrique entière fait au Gabon.
De l’avis des spécialistes, la Coupe d’Afrique des Nations est le troisième grand évènement mondial le plus regardé.
C’est dire que notre pays va, pendant les deux mois à venir, être au cœur de l’actualité politique, économique et sportive naturellement.
Un effort important a été consenti par le Gouvernement pour permettre à tous nos concitoyens de vivre cette grande fête du football africain. En effet, la couverture en radio et télévision sera assurée sur l’ensemble du territoire national tout au long de la compétition. Il vous revient, par conséquent, de montrer au monde entier ce que notre pays à d’exceptionnel et de merveilleux, de révéler au monde l’extraordinaire et chaleureux peuple gabonais.
La CAN est donc une excellente opportunité de tester la vigueur de notre presse. Les panthères doivent gagner sur le terrain. Mais, la presse également a un challenge à relever : vous devez gagner la bataille médiatique !
Je suis certain que vous vous donnerez les moyens d’y parvenir, avec professionnalisme, et aussi, patriotisme.
Pour ma part, je continuerai à œuvrer pour offrir à la presse écrite et audiovisuelle gabonaise un environnement attractif, où l’information sera toujours disponible et accessible à tous, et les moyens de la traiter toujours renforcés et équitablement répartis.
En ce sens, je voudrais confirmer ici la décision que j’ai prise l’année dernière de mettre à la disposition des professionnels gabonais de la communication, une maison de la presse. Les études sont en cours pour la réalisation de ce projet.
Pour le reste, et en contrepartie de tous ces efforts, il vous appartient, de donner des lettres de noblesse à votre profession.
A cet égard, je formule à l’endroit de la presse gabonaise trois (3) exigences fondamentales : l’exigence de formation, pour une meilleure maîtrise des techniques d’exercice du métier ; l’exigence déontologique, parce que la presse agit sur les hommes et les institutions ; enfin, l’exigence de vérité, parce que sa crédibilité en dépend.
BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2012 A TOUS !
QUE DIEU BENISSE LE GABON,
Je vous remercie.