Libreville, A une semaine du coup d`envoi, le 21 janvier, de la Coupe d`Afrique des nations (CAN) qu`ils coorganisent, le Gabon et la Guinée équatoriale, qui ont investi des budgets importants pour construire stades, routes et hôtels, s`affirment prêts alors que l`opposition
se montre critique.
S`ils convergent sur leur sentiment, la situation est loin d`être similaire dans les deux pays, tous deux producteurs de pétrole.
En Guinée équatoriale, petit pays de 700.000 habitants dirigé d`une main de fer depuis 1970 par le président Teodoro Obiang Nguema, la CAN s`inscrit dans un programme d`investissements à long terme, avec notamment Sipopo (un site créé ex nihilo comprenant palais de conventions, hôtel et villas de luxe utilisées pour le 17e sommet de l`Union africaine), le début de la construction d`une ville nouvelle à Oyala, ou encore la rénovation du front de mer de Bata (sur le continent).
Pour la CAN, les autorités ont construit un stade neuf de 15.000 places à Malabo, la capitale insulaire, et rénové celui de Bata (38.000 places). Officiellement, le prix des deux stades est de 50 milliards de FCFA (75 millions d`euros).
Les routes ont également été bitumées à 80% dans tout le pays. Des hôtels ont été construits ou rénovés à Malabo. La force du pouvoir autocratique a fait que les travaux ont commencé dès l`attribution de la CAN à la Guinée en 2006.
Des secteurs risquent néanmoins de poser problème. Le réseau de téléphonie mobile est faible et rapidement saturé alors que l`internet est embryonnaire dans le secteur privé en raison d`un coût élevé. Autres sujets sensibles: les transports et l`hôtellerie à Bata notamment.
Le président Obiang veut que la CAN serve de vitrine à son pays: « Il ne s`agit pas de gagner la Coupe sinon d`offrir la meilleure image du pays, de vendre notre image », a-t-il déclaré lors du tirage au sort des groupes fin octobre.
L`unique député de l`opposition, Placido Miko, estime que la CAN n`est « pas
bonne pour la Guinée ». « La CAN a été réalisée avec la nette intention de
détourner l`attention de l`opinion publique nationale et internationale des
vrais problèmes de la Guinée et de donner une image qui n`est pas la réalité
du pays », a-t-il déclaré à l`AFP.
Quel coût ?
Au Gabon (1,5 million d`habitants), la situation est largement différente. De 2006 à 2009, rien ou presque n`a été fait pour préparer la CAN. Ce n`est qu`avec l`arrivée au pouvoir d`Ali Bongo Ondimba que les travaux ont été lancés tous azimuts.
La direction du Comité d`organisation locale (Cocan) a changé à trois reprises, et la Confédération africaine (CAF) s`était même « inquiétée » en mars de l`avancement des travaux. Conséquence: le stade historique Omar Bongo, toujours en travaux, ne sera pas utilisé. Les matches à Libreville se dérouleront tous dans le stade de l`Amitié d`Agondjé, livré en novembre. Le stade rénové de Franceville ne devait être inauguré que ce lundi.
Comme en Guinée, l`accès à internet et l`hôtellerie sont des points faibles. L`accès au stade est compliqué et la capitale est actuellement paralysée par des embouteillages dûs aux travaux.
« Le Gabon est fin prêt pour la compétition. La CAN se déroulera dans de bonnes conditions », assure toutefois Louis Claude Moundzieoud Koumba, porte-parole du Cocan, reconnaissant que quelques travaux non inclus dans le programme de la CAN ne sont pas terminés.
L`opposition, qui a longtemps critiqué les retards, estime aujourd`hui que la CAN a coûté trop cher, avançant le chiffre de « 500 milliards de FCFA » (760 millions d`euros). M. Moundzieoud parle lui d`une « enveloppe globale » entre 300 et 400 milliards (450-600 millions d`euros) et souligne: « Les stades, les infrastructures sont au peuple gabonais, à l`Etat gabonais, indépendamment de qui le dirige. C`est un héritage pour l`avenir ».
« Les investissements pour la CAN font partie d`un projet plus vaste d`investissements: 900 km de routes bitumées dans le pays, des rocades, des travaux d`électrification, ajoute-t-il. Depuis une génération, on n`avait jamais vu autant de travaux. C`est au bénéfice de tous les Gabonais ».